Comprendre l’Algérie émeutière, Tel était le thème d’une thématique, débattue hier lors d’un point de presse tenu au siège (Alger) de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’homme (Laddh). Le choix d’un tel thème n’est pas fortuit.
Selon le président de la Laddh, Hocine Zehouane, intervenant à l’occasion, dans un pays où la jeunesse vit dans l’incertitude, sans aucune perspective d’avenir, tous les chemins mènent à la révolte populaire afin d’exprimer le marasme social.
Lequel marasme, à ses dires, est enfanté par ce qu’il a qualifié de stratification sociale qui s’est généralisée avec la venue de la deuxième génération de après-indépendance. Dans le même ordre d’idées, Hocine Zehouane a rappelé qu’aux premières années de l’indépendance, tous les Algériens étaient au même seuil d’égalité sociale.
Chose qui n’est plus de même, selon lui, de nos jours. « Ce qui s’est passé ces derniers jours dans notre pays (allusion faite aux affrontements ayant émaillé récemment notre pays) n’est pas tombé du ciel. Les Algériens ne sont pas lâches mais patients. Pour preuve, et s’appuyant sur des données recueillies ici et là, il a avancé le chiffre de pas moins de 10 000 émeutes rien qu’en 2010.
En face, a-t-il enchaîné, le régime s’est tout le temps montré incapable de répondre favorablement aux aspirations d’une jeunesse assoiffée d’une vie digne. Pas que ça. Hocine Zehouane est allé jusqu’à affirmer que « eu égard aux grandes potentialités financières dont dispose notre pays, il est un paradoxe le vécu des populations algériennes », a-t-il dit.
Continuant dans son intervention, le président de la Laddh a estimé que l’une des raisons principales des soulèvements fréquents en Algérie, c’est le monopole exercé par les barons des importations dont le nombre a avoisiné les 40 000 en 2008, soit un importateur pour 800 habitants.
« D’ailleurs, les dernières dispositions prises par les pouvoirs publics afin de soit-disant désamorcer la crise, n’ont arrangé finalement que ces barons »a-t-il précisé. Autrement dit, selon le président de la Laddh, l’Algérie, au lieu de s’ouvrir sur une réelle dynamique productrice industrielle, s’est transformée en un pays producteur de stresse, de chômage, de clochardisation, de précarité… et de nouveaux riches.
« Ces jeunes, que le ministre de l’Intérieur n’a pas hésité à surnommer des voyous, ont tenu à transmettre un message aussi clair que net au régime en place. Si ces derniers ont opté pour ce chemin spécifique d’émeutes, c’est parce que le pouvoir en place a bloqué tous les canaux possibles d’expression »,a encore ajouté le président de la Laddh.
«L’ALGÉRIE AU BORD DU PRÉCIPICE»
Dressant un tableau de la situation qui prévaut d’une manière générale dans notre pays, Hocine Zehouane, président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme ne s’est pas du tout montré optimiste.
À ses dires, en termes clairs « l’Algérie est au bord du précipice et l’avenir est à craindre». Pourquoi donc ? C’est parce que selon lui notre pays a atteint un seuil d’intolérance dans les contradictions sociales. Pour y remédier, Hocine Zehouane a insisté sur le fait de revoir dans le fond la politique du partage et de la répartition des ressources financières nationales afin d’en faire bénéficier tous les citoyens.
Il est également question selon lui d’en finir avec la politique de l’autruche et ainsi prendre objectivement les revendications les plus légitimes des citoyens en matière de logement, de travail, de santé et enfin de paix sociale.
Enfin, le président de la Laddh, a exhorté les pouvoirs publics a faire la lumière sur l’instrumentalisation politique (s’il y a lieu ) des derniers événements, ainsi que la libération des jeunes émeutiers détenus jusque-là, car, estime-t-il ce ne sont réellement que des victimes. À l’occasion, Hocine Zehouane a parlé d’une refondation constitutionnelle.
« Laquelle refondation basée préalablement sur l’authenticité démocratique et une stabilité gouvernementale ». Avant de conclure, le président de la Laddh a estimé qu’il est incompréhensible de parler de l’absence des partis politiques sur la scène politique nationale au moment ou aucun espace de dialogue n’est autorisé.
La Laddh dénonce l’arrestation de Ahmed Badaoui
L’arrestation du syndicaliste Ahmed Badaoui, à la suite d’une réunion avec plusieurs représentants de la société civile le 15 du mois en cours tourne, selon un communiqué rendu public par la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (Laddh), à une mise en accusation abracadabrante pour un « complot en vue de renverser les autorités de l’État ».
Ahmed Badaoui, note encore le communiqué, a été retenu au niveau de la sûreté de la wilaya d’Alger avant d’être conduit chez lui, où la police a procédé à une perquisition et s’est emparé de l’unité centrale de son ordinateur.
Une arrestation considérée par la Laddh, comme étant une dérive flagrante d’éléments irresponsables soit une volonté délibérée de piétiner les règles les plus élémentaires des droits des citoyens et de l’intéressé. La Laddh constate dans ce même communiqué le retour des pratiques arbitraires et aveugles pour fouler aux pieds les libertés des citoyens.
À cet effet, la ligue dénonce énergiquement la séquestration du dit syndicaliste et exige au même titre sa libération immédiate et appelle à la mobilisation de tous afin de mettre en échec ces folles conspirations contre toutes les libertés. Enfin, la Laddh estime que la terieur est l’objectif sous jacent de ces actes, mais cela ne doit pas faire reculer la détermination des défenseurs des droits de l’homme contre l’arbitraire.