Le candidat Ali Benflis, bercé par l’illusion d’être porté par une vague populaire, croit plus que jamais en sa belle étoile. Tellement convaincu qu’il croit pouvoir imposer au moins un second tour, qu’il a choisi l’arme redoutable de la menace, quitte à mettre le pays à feu et à sang. « C’est moi ou le déluge », semble être le slogan de campagne de ce candidat qui semble imbu de ses fausses certitudes.
Il a promis en effet au pays le scénario du chaos au cas où son rêve fou n’aboutirait pas au soir du 17 avril. Sur un plateau de télévision, il a mis en garde les walis, les chefs de Daïras et les présidents d’APC, leur rappelant qu’ils avaient des familles à sauvegarder. Traduits, ces graves propos sonnent comme un avertissement à ces fonctionnaires et élus ainsi qu’à leurs familles qui auront à subir des représailles si les résultats ne sont pas à la mesure de ses attentes.
Du « terrorisme » avait dénoncé à juste titre le Chef de l’Etat en recevant samedi le chef de la diplomatie espagnole.
Menaces et intimidations ont été martelées dans tous ses meetings; Ainsi sur une radio française (RTL), Benflis a déclaré que s’il n’était pas élu, « je ne me tairai pas, mes partisans ne se tairont pas » et toujours sur la même radio, il ajoute les mêmes menaces avec véhémence « on n’acceptera pas le fait accompli, on n’acceptera pas le viol d’un scrutin ». Voilà qui est clair et qui en dit long sur la folie qui s’est emparée de cet homme prêt à tout pour prendre le pouvoir soit par les urnes soit par la force.
Les mêmes méthodes détestables que le FIS
Le comportement d’Ali Benflis et de ses partisans, tel qu’il se décline sur le terrain depuis le début de la campagne doit rappeler quelque chose aux algériens. Du moins ceux qui n’ont pas la mémoire courte : le FIS de sinistre souvenir. Benflis, après avoir fait les yeux de Chimène aux ex cadres du parti dissous, leur promettant de réhabiliter l’ex parti, dans l’espoir de capter les voix islamistes, emprunte désormais ses méthodes détestables.
Ses partisans font courir présentement des rumeurs qui rappellent étrangement celles qui ont précédé les évènements d’octobre 1988. On suggère aux citoyens de faire des provisions, de retirer de l’argent déposé dans les banques ou à la poste et de proférer des menaces de mort contre ceux qui voteraient Bouteflika.
A Batna on menace d’incendier les maisons de responsables pro Bouteflika, des noms ont même été étalés à la peinture sur les murs de la ville, accompagnés de mots qui ne font pas honneur à leurs commanditaires. Les services de sécurité ont effacé ces appels au meurtre. Dans cette même wilaya, deux chefs de daira, celui de Ain Jazr et celui de Ouled Slimane, faisant fi de leur droit de réserve, ont pris fait et cause publiquement pour Benflis. Ce qui a logiquement conduit le wali à les exclure de la commission de contrôle des élections.
L’appel subliminal à l’émeute
Benflis a annoncé avoir mis en place une armée de 60.000 personnes chargée de surveiller les bureaux de vote à l’échelle nationale et de faire remonter l’information en temps réel à la centrale d’Alger une fois les dépouillements faits et les PV signés. A charge pour la centrale d’Alger des les communiquer juste après 20 heures.
Si Ali Benflis , comme le reste de tous les candidats, a le droit incontestable de mettre des vigiles dans tous les bureaux de vote, ce que d’ailleurs la loi électorale prévoit , en revanche, il n’est absolument pas habilité à communiquer les résultats. C’est une prérogative exclusive du ministère de l’intérieur.
Anticiper l’annonce des résultats, c’est incontestablement un appel subliminal à l’émeute. Car ses partisans chauffés à bloc, n’accepteront jamais un autre scénario que celui écrit dans le QG de campagne, c’est-à-dire au moins un second tour. Et l’histoire de décembre 1991 , qui a vu alors le pays basculer dans l’engrenage de la violence islamo-terroriste risque de se répéter.
On se souvient que le FIS, qui avait déjà la mainmise sur les communes, avait revendiqué au premier tour, selon ses propres chiffres, la victoire, alors que le département de l’Intérieur, à l’époque dirigé par le défunt Larbi Belkhir, en était encore à peine au stade du collationnement des données.
Des pulsions narcissiques et égoïstes
La proclamation illégale des résultats par anticipation est assortie d’une autre mise en garde : l’occupation des places publiques par ses partisans, si la victoire escomptée n’est pas au rendez-vous. De telles outrances, d’autant plus incompréhensibles qu’elles sont le fait d’un homme qui était aux plus hautes fonctions du pays, qui sait exactement ce que signifie le mot stabilité, surtout dans un contexte aussi trouble, ont fini par lui aliéner bien des soutiens de la part de personnes et d’organisations croyant à une saine compétion électorale, situant l’Algérie, sa pérennité, sa sérénité au dessus des pulsions narcissiques et égoistes.
« L’Algérie avant tout » revendiquait le martyr Mohamed Boudiaf, ou « L’Algérie par-dessus tout » , du moudjahid Slimane Amirat devraient inspirer M.Benflis, qui se doit de faire de ces formules à la fois pleines de cœur et de sagesse sa devise et non « moi ou le chaos ».
Comme pour écho à cette atmosphère détestable, créée par Benflis et ses partisans, les autorités françaises par la voix de leur ministère des affaires étrangères ont publié ce mardi un communiqué où le Quai d’Orsay « recommande aux Français résidant en Algérie ou prévoyant de s’y rendre, (…) de se tenir à l’écart d’éventuels rassemblements ou manifestations, notamment dans le contexte actuel de l’élection présidentielle ».
Pour le bien de notre pays dont tout le monde , y compris les pseudos amis, jalousent la stabilité et espèrent voir s’y produire les désastres du « printemps arabe » et rien que pour ça des millions d’Algériennes et d’Algériens ne voudront ni de Benflis ni du chaos.