La stratégie de 2016 a échoué : Bouzred explique comment 2026 sera l’année du « concret » pour l’Algérie

La stratégie de 2016 a échoué : Bouzred explique comment 2026 sera l’année du « concret » pour l’Algérie
Ministre des Finances

L’économie algérienne semble tourner une page. En présentant, mardi soir à Alger, les grandes lignes du projet de loi de finances 2026, le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, a dressé le portrait d’un pays en pleine mutation, où la croissance s’émancipe des hydrocarbures et où la réforme numérique avance à grands pas.

Devant les députés de l’Assemblée populaire nationale, il a défendu un modèle économique plus diversifié, soutenu par une gestion modernisée des ressources publiques et un endettement intérieur jugé sain.

« L’économie algérienne avance dans la bonne direction », a assuré le ministre, chiffres à l’appui. Un message adressé à une représentation nationale souvent sceptique face aux réformes en cours.

Algérie : une économie qui se libère de la rente pétrolière

Pour Abdelkrim Bouzred, les résultats enregistrés ces dernières années marquent une rupture avec la logique rentière qui a longtemps dominé le modèle algérien. Selon lui, la croissance désormais « s’appuie sur des bases réelles » et traduit une diversification effective des recettes.

La loi de finances 2026 repose sur cette orientation, avec un budget estimé à près de 17 000 milliards de dinars, et un déficit prévu à 5 000 milliards, intégralement financé par la dette intérieure. Le ministre a tenu à rassurer : « Ce déficit ne présente aucun risque pour la stabilité des prix ni pour l’équilibre économique ».

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Actuellement, la dette publique intérieure s’élève à environ 18 000 milliards de dinars, dont 8 000 milliards pour couvrir le déficit budgétaire et 3 500 milliards sous forme de crédits octroyés aux entreprises publiques, notamment Sonelgaz, pour financer la production d’électricité et les stations de dessalement.

Pour le ministre, cette stratégie reste « conforme aux pratiques des grandes économies ». Rappelant que les avances de la Banque d’Algérie à la Trésorerie publique ne constituent « ni un risque ni une nouveauté ». Mais un mécanisme appliqué depuis les années 1990.

Numérisation totale du système financier : un tournant annoncé pour 2026

L’autre grand chantier de Bouzred, c’est la numérisation intégrale de l’administration financière. Objectif, en finir avec les lenteurs, les manipulations et le manque de transparence.

Le ministère des Finances dispose désormais d’une base de données unifiée recensant les biens des citoyens et des entreprises. À partir de début 2026, les citoyens pourront obtenir à distance leurs documents administratifs liés à leurs propriétés, une première dans la gestion publique.

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Autre étape clé, le livret foncier électronique, attendu au premier semestre 2026, permettra de suivre et de mettre à jour les informations foncières en temps réel. Dans la foulée, un système numérique fiscal intégré sera lancé d’ici la fin de l’année. Regroupant tous les dossiers des commerçants et opérateurs économiques. Ce dispositif, selon Bouzred, « empêchera toute manipulation des droits de l’État ou des citoyens ».

Côté budget, la transformation se fera sentir dès janvier 2026. Toutes les transactions seront électroniques, du paiement des salaires au suivi des dépenses. La Trésorerie publique adoptera progressivement le même système, avec un suivi automatisé des liquidités et des créances.

Une base de données nationale pour un soutien social ciblé

Le ministre a confirmé que le soutien sélectif ne sera appliqué qu’après la constitution d’une base de données exhaustive sur les citoyens. Cette numérisation vise à identifier précisément les ménages ayant réellement besoin d’aide, en se basant sur leurs revenus et leurs biens.

Bouzred a souligné que la coordination entre les ministères des Finances, de l’Habitat et de la Numérisation permettra, à terme, de « connaître avec précision qui possède quoi ». À l’image de ce qui a été fait pour les programmes de logements AADL.

PLF 2026 : une “métamorphose fiscale” en préparation en Algérie

La régularisation volontaire des arriérés fiscaux constitue une autre nouveauté du PLF 2026. Inspirée d’expériences internationales, cette mesure offrira aux commerçants et opérateurs la possibilité de régulariser leur situation en versant 10 % des montants déclarés, une sorte de “seconde chance” pour se remettre en conformité.

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Le ministre insiste : « cette démarche n’a rien à voir avec celle de 2016 », qui n’avait pas atteint ses objectifs. Elle ne cherche pas à drainer l’argent informel. Mais à élargir la base fiscale et restaurer la confiance entre l’administration et les contribuables.

Marchés publics : vers un régime adapté au Sud

Enfin, Bouzred a évoqué la révision du décret d’application de la loi sur les marchés publics. Dont la publication a été différée pour intégrer des amendements propres aux wilayas du Sud. Ainsi, simplifier les procédures et garantir un meilleur suivi des projets sur le terrain.

Le ministre a précisé que « le nouveau dispositif tiendra compte des spécificités locales et des contraintes d’exécution ». Pour améliorer la consommation des budgets et réduire les retards récurrents dans les chantiers publics.

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Entre transformation numérique, mutation fiscale et consolidation budgétaire, 2026 s’annonce comme une année charnière pour la gestion économique du pays. Le gouvernement mise sur la modernisation et la transparence pour maintenir la dynamique de croissance et renforcer la confiance des citoyens dans les institutions financières.pm