La stratégie adoptée pour la production nationale risque d’être contre-productive, Les failles d’une politique économique…

La stratégie adoptée pour la production nationale risque d’être contre-productive, Les failles d’une politique économique…

Les conditions économiques dans lesquelles évoluent les opérateurs économiques incitent à choisir le créneau des importations

L’Union générale des commerçants algériens (Ugcaa) remet en cause certains articles du décret exécutif relatif au crédit à la consommation. L’organisation déplore le fait que le texte ne fixe pas un taux d’intégration pour qu’un produit national soit éligible à ce prêt.

Le problème se pose, avoue-t-on, avec acuité pour la voiture Renault Symbol dont le montage s’effectue presqu’à 100% à l’aide de pièces importées. Si l’on décide d’encourager la production nationale en accordant ce prêt bancaire pour l’achat de ce véhicule, l’on créera une forte demande sur le marché. Ce qui immanquablement boostera les ventes et poussera le fabricant à doubler la production. Si l’usine réalise quelques gains dans l’affaire, les sociétés productrices des pièces détachées qui composent la

Symbol…“algérienne” en profiteront, en revanche, au maximum.

Ces firmes verront leur chiffre d’affaires croître, leur croissance évoluer et leurs emplois préservés, voire doublés.

Une telle démarche va ainsi à contresens des objectifs du gouvernement qui ne cesse d’élaborer des stratégies pour réduire un tant soit peu les importations. Le même topo est constaté pour les produits subventionnés comme le lait, la farine… fabriqués à base de matières premières en provenance des marchés internationaux, payées souvent à des prix élevés.

Quand on augmente la production de ces aliments à cause d’une demande locale importante, ce sont les fournisseurs étrangers qui tireront les marrons du feu. L’Ugcaa, de la bouche de son porte-parole, Hadj Boulenouar, demande la suppression de ce genre de subventions. “Au lieu de réserver un soutien à ces produits, il faut plutôt subventionner les consommateurs”, suggère-t-il au cours d’une conférence que l’union a organisée hier autour du thème : “La production nationale et les défis de la disponibilité, de la qualité et des prix”. Invité à émettre son avis sur cette question, Hakim Laribi, président de l’Association des producteurs de cosmétiques et de produits chimiques, lance tout de go : “L’Algérie est devenue un pays importateur net depuis que l’État a décidé de libérer l’économie nationale en 1992.” Dans notre pays, regrette-t-il, nous importons même… la main-d’œuvre. Le conférencier estime que pour encourager les citoyens à consommer algérien dans le but de développer davantage la production nationale et réduire les importations, il faut au préalable libérer l’acte d’investir et d’octroyer le droit de propriété sur le foncier aux investisseurs. M. Laribi relève également que le Conseil national de l’investissement (Cni) constitue un frein qui bloque les initiatives. Pour que le dossier d’un projet dont le montant dépasse 15 millions de dollars aboutisse au sein du Cni, il faut la signature du Premier ministre qui préside cette instance. Les délais pris pour l’examen de ces projets dépassent parfois les 4 années.

Or, l’étude des projets peut se faire naturellement dans les wilayas par les diverses directions représentant tous les secteurs d’activité.

M. Laribi indique que les conditions économiques dans lesquelles évoluent les opérateurs économiques incitent à choisir le créneau des importations. Il trouve aberrant qu’un même taux de l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) soit fixé à 23% à la fois pour les producteurs et les importateurs.

Hakim Laribi propose, dans ce sens, un IBS à 10% pour uniquement les entreprises productrices. Il plaide aussi pour l’abrogation des charges patronales établies à 35%, des droits de douane et de l’impôt sur le revenu global (IRG).

B. K.