La violence semble avoir encore de beaux jours à Ghardaïa, où les deux communautés ibadite et malékite se livrent des batailles rangées dans plusieurs quartiers, dont les dernières qui ont éclaté la semaine passée ont causé plusieurs dégâts humains et matériels.
L es profondes divergences qui séparent les deux communautés ont eu raison de toutes les tentatives d’apaisement et de réconciliation entreprises par les pouvoirs publics et les notables de la région.
Les deux parties conflictuelles, loin d’abdiquer, se rejettent la responsabilité de ces actes de violence et de vandalisme, chacune accusant l’autre de faire dans la provocation. Selon un membre du conseil du rite malékite, cette recrudescence de la violence a éclaté après la décision d’un groupe de jeunes ibadites d’empêcher des malékites de rejoindre une mosquée située dans le quartier El Hofra à forte densité ibadite, prétextant de «provocations récurrentes » émanant des malékites à chaque prière du vendredi.
De son côté, le conseil des notables ibadites du ksar de Ghardaïa a appelé au respect et à la protection des sites et lieux sacrés (mosquées, cimetières et lieux de prière), des rites malékites ou ibadites.

Dans un communiqué rendu public, ledit conseil exhorte les jeunes «à éviter de répondre aux provocations» qui sont condamnables et blâmables par notre religion, l’Islam, le bon sens et la citoyenneté responsable».
Le communiqué émis par la communauté ibadite s’apparente à un aveu indirect de la provocation dont fait l’objet l’autre communauté malékite et des actes de vandalisme perpétrés sur leurs maisons, leurs locaux et autres biens incendiés et saccagés. En guise de protestation, les commerçants de Ghardaïa de rite malékite ont observé, jeudi dernier, une grève en signe de solidarité avec les habitants d’El Hofra affectés par les dernières échauffourées qu’ont connues des quartiers de Ghardaïa, a-ton constaté sur place.
Le mot d’ordre de grève a été largement suivi dans les localités de Berriane, Guerrara et Dhaya Ben Dahoua, où les commerces ont baissé rideau et les élèves ont séché les cours. Un sit-in a été également observé par les habitants de rite malékite pour dénoncer les violences dont ils font l’objet, notamment dans les quartiers à forte population ibadite.
Des violences qui perdurent au grand dam des paisibles habitants de la Vallée du M’zab et ce, en dépit d’un impressionnant dispositif sécuritaire déployé depuis la reprise des hostilités. Pour rappel, les échauffourées et les altercations ont causé plusieurs décès de même qu’elles ont engendré des dégâts matériels considérables où l’on déplore plusieurs magasins, maisons et voitures incendiés.
Ce faisant, le conflit persiste entre les deux communautés et son lot de violences et de confusion s’accentue de plus en plus, en témoigne les péripéties de ces derniers jours. Il appartient, à ce titre, aux pouvoirs publics et aux notables des deux communautés conflictuelles d’adopter de meilleures solutions à même de mettre fin à ce triste épisode de violence et renouer avec la cohabitation pacifique d’antan.
M. A. C.