La spéculation sur le mouton de l’Aïd a déjà commencé. Cette année encore les prix s’annoncent astronomiques.
Des maquignons craignent qu’un mouton moyen soit cédé encore plus cher que les année précédentes. Une appréhension justifiée notamment par le risque de voir les réseaux de spéculation s’approprier le contrôle du marché et imposer leur loi. Le principal risque soulevé est celui de voir des troupeaux entiers vendus sur les frontières Est du pays, ce qui devrait provoquer un manque de l’offre.
Ainsi, la spéculation qui a toujours prévalu à l’occasion de l’Aïd El Adha va s’accroître davantage cette année. «On parle déjà de commercialisation de moutons algériens sur les frontières Est, pour être acheminés en direction de la Tunisie et de la Libye», souligne un jeune vendeur.
«La maffia compte investir dans la crise qui secoue ces deux pays pour faire des affaires au détriment du simple citoyen», a relevé un maquignon rencontré du côté d’El Harrach à Alger. Notre interlocuteur indique que les prix ont connu une hausse significative par rapport à la même période de l’année passée. «Cette année, un mouton moyen ne coûtera pas moins de 35 000 DA, alors qu’il n’était que de 30 000 DA l’année passée».
Les vendeurs, notamment les détaillants, augmenteront systématiquement les prix à l’approche de l’Aïd, ajoute-t-il. Interrogé, un autre revendeur de la même commune de la capitale a indiqué avoir gardé les mêmes marges que les années précédentes, expliquant que seuls les grands maquignons pourront déterminer les prix. Et c’est là que le bât blesse, puisque plusieurs intervenants faussent les calculs des autorités, notamment dans les grandes villes du pays. Dans les campagnes, par contre, les prix sont relativement moins chers, du moins jusqu’au jour d’aujourd’hui, mais la tendance haussière ne cesse de s’affirmer.
Des paysans ont mis en avant la cherté du fourrage malgré les soutiens dont ils bénéficient de la part des autorités publiques. En fait, si les petits éleveurs, au niveau des villages et des douars ne sont pas concernés par les subventions accordées par l’Etat, les grands maquignons, eux, en profitent amplement mais continuent à se plaindre de l’insuffisance de ces aides.
D’ailleurs, ils n’hésitent pas chaque année à montrer du doigt l’insuffisance des aides octroyées pour justifier la hausse des prix. Ainsi, aux coûts inabordables du fourrage et l’inévitable spéculation, vient s’ajouter la crainte de voir des milliers de têtes exportées frauduleusement en Tunisie et en Libye. Ce qui mettre le feu au marché en participant à la dérégulation de la règle de l’offre et de la demande. Du côté des citoyens, même si on n’affiche pas beaucoup d’enthousiasme pour l’achat, il n’empêche que l’appréhension reste grande. «Cette année je ne vais pas contracté un crédit pour faire le sacrifice. J’ai mis de côté
18 000 DA pour le mouton, si la somme s’avère insuffisante, j’achèterais de la viande pour marquer l’événement. Allah Ghaleb», nous dira un père de famille, agent de sécurité dans une société privée. Un autre citoyen dira qu’il ne peut s’en passer, d’autant qu’il est père d’une famille nombreuse, mais il a relevé, à juste titre, que «les prix sont déjà élevés et le mouton n’est plus destiné aux petites et moyennes bourse». En attendant les prochains jours, force est de rappeler que le commerce des moutons tente plus d’un.
Pour preuve, des vendeurs commencent à sillonner certains villes et quartiers du pays. Faute de texte de loi dissuasif, on croit savoir que les autorités publiques comptent imposer des autorisations pour le transport des troupeaux. Une mesure qui vise à limiter le trafic, mais surtout à éviter la grande anarchie qui caractérise chaque année l’Aïd El Adha.
Par Aomar Fekrache