La source des révélations des « Panama Papers » dresse un réquisitoire sévère contre l’inertie des politiques, de la justice et des médias contre les paradis fiscaux, pronostiquant une « révolution numérique » dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung vendredi.
Rebaptisé « John Doe » pour préserver son anonymat, l’informateur, qui s’exprime pour la première fois depuis l’éclatement de l’affaire en avril, promet sa « coopération » pour les « milliers de poursuites » qui pourraient découler du scandale, à condition que les « lanceurs d’alerte » se voient garantir « l’immunité contre les représailles gouvernementales ».
« La prochaine révolution sera numérique. Ou peut-être a-t-elle déjà commencé », assure son long « manifeste » rédigé dans un anglais soutenu, estimant que « l’accès à l’information », très inégal mais bouleversé par Internet, est la clef d’un système capitaliste dévoyé « qui se rapproche davantage d’un esclavage économique ».
Or « pendant 50 ans, les branches exécutive, législative et judiciaire du pouvoir à travers le monde ont totalement échoué à soigner les métastases des paradis fiscaux », ciblant « les citoyens aux revenus bas et moyens » plutôt que les plus riches, poursuit-il.

Celui qui a choisi de confier ses révélations au Süddeutsche Zeitung et au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) s’en prend aussi aux médias, déplorant le « manque de financements » du journalisme d’enquête et le désintérêt de grands médias à son encontre.
Depuis début avril, les révélations des « Panama Papers » ont provoqué l’ouverture de nombreuses enquêtes dans le monde et conduit le Premier ministre islandais et un ministre espagnol à la démission.
Ces documents ont plus généralement dévoilé l’utilisation à grande échelle de sociétés offshore permettant de placer des actifs dans des territoires opaques et à très faible fiscalité.