La nouvelle direction de la compagnie énergétique publique algérienne Sonatrach tente de surmonter les effets négatifs des récents scandales financiers et de la corruption.
Les hauts-dirigeants de l’entreprise ont été arrêtés l’année dernière sur des charges de corruption, notamment l’ancien PDG Mohamed Meziane, ses deux fils et plusieurs de ses associés.
S’exprimant pour la première fois depuis sa prise de fonction en mai, le nouveau PDG Nourredine Cherouati a déclaré que « il n’y a pas d’affaire Sonatrach, mais des affaires de personnes ».
« La Sonatrach continue de fonctionner, et ce fonctionnement ne dépend pas de l’absence ou de la présence de telle ou telle personne », a-t-il ajouté lors de cette intervention du 24 janvier.
Il s’est refusé à fournir une estimation des pertes encourues par suite des affaires de corruption et de détournements de fonds, mais a reconnu qu’il y avait eu « des dysfonctionnements au sein de la Sonatrach au cours du premier trimestre 2010 ».
Cherouati a déclaré que la Sonatrach avait engrangé des recettes de 55,7 milliards de dollars en 2010 pour une production de 222,5 millions de tonnes de pétrole. La compagnie espère renforcer sa production pétrolière, pour la porter à 243 millions de tonnes d’ici début 2014.
L’Algérie dispose de suffisamment de capacités de production de gaz naturel liquéfié pour répondre à la demande, avait expliqué Cherouati dans une lettre adressée à ses partenaires qui avaient fait part de leurs inquiétudes concernant les approvisionnements. L’entreprise a l’intention d’envoyer un signal fort aux compagnies étrangères actives dans le secteur des hydrocarbures.
La nouvelle direction a adopté une série de mesures et d’amendements au système de direction, à la structure des transactions, ainsi qu’à l’emploi, notamment depuis l’émission de critiques adressées à la précédente direction, qui avait employé certaines personnes sans tenir compte des procédures en vigueur.
Le scandale de la Sonatrach a été « grave et inacceptable », a déclaré Youcef Yousfi, ministre de l’Energie, lors d’un entretien, le 3 janvier.
« Je regrette certains des excès et des irrégularités qui ont été commis », a ajouté le ministre, tout en se gardant de commenter les détails de l’affaire.
Yousfi a également annoncé l’augmentation des contrôles internes à la Sonatrach, notamment ceux liés aux dépenses. Il a déclaré : « La supervision au sein de l’entreprise sera renforcée en 2011 », ajoutant que l’Etat est déterminé à lutter sans relâche contre les pratiques illégales.
Le ministre de l’Energie a confirmé que ses services interviendraient dans les embauches, les subventions de projets, ainsi que dans les appels d’offres, les termes et les conditions. Yousfi a également souligné que la majorité des salariés de la Sonatrach sont dignes de confiance et vivent du salaire qu’ils perçoivent chaque mois.
Pour surmonter la crise qui a secoué l’entreprise l’an dernier, le président-directeur général de la Sonatrach a annoncé le lancement d’un programme d’investissement en 2011. Il a expliqué que les investissements de l’entreprise avaient atteint 14 milliards de dollars en 2010, soit une augmentation de 7 pour cent par rapport à 2009.
Cherouati a précisé que ces investissements augmenteront légèrement l’an prochain, pour mettre en oeuvre la nouvelle politique. Il a ajouté que l’entreprise compte sur les réserves nationales de pétrole exploitable en se concentrant sur l’exploration.
De plus, le gazoduc Medgaz entrera en fonctionnement en février, et permettra d’exporter jusqu’à 8 milliards de mètres-cubes de gaz naturel par an directement vers l’Espagne.
La construction de ce gazoduc de 1050 killomètres de long aura coûté 900 millions d’euros. Un second projet est à l’étude, pour permettre des exportations de gaz vers l’Italie, via la Sardaigne.
La Sonatrach a également élaboré une série de projets de raffinage de produits pétrochimiques. Le volume des investissements sur la période 2011 à 2015 est estimé à plus de 42 milliards d’euros, dont la moitié est consacrée à l’exploration et à l’exploitation.
Les experts estiment que les projets actuellement développés par la Sonatrach sont destinés à améliorer l’image d’une entreprise qui a été fortement endommagée, notamment dans la mesure où de nombreuses compagnies pétrolières attendaient la réaction de la nouvelle direction.
« La Sonatrach est face à plusieurs défis, dont le plus important est de corriger l’image négative laissée par son ancien président Mohamed Meziane, et de rassurer les responsables de l’entreprise qui craignaient d’être remplacés durant cette campagne de nettoyage », a expliqué Kamal Hadef, spécialiste des médias et de l’économie.
Il a ajouté : « La législation mise en place par l’ancien ministre, Chakib Khelil, en matière de gestion des appels d’offres et d’utilisation d’un système de compromis, est la principale raison à la multiplicité des transactions illégales. Nombre de ces transactions ont été conclues en-dehors du cadre légal adopté par le gouvernement, qui constitue la loi en matière d’appels d’offres publics, ce qui interfère avec les instructions de l’ancien ministre. »