La Sonatrach, géant de l’or noir devenu tiroir-caisse du régime algérien

La Sonatrach, géant de l’or noir devenu tiroir-caisse du régime algérien

Avec 41,6 milliards d’euros de recettes d’hydrocarbures, le groupe public algérien est le principal fournisseur de devises du pays.

La Sonatrach, le groupe public algérien, est la plus grande et la plus lucrative compagnie pétrolière du continent africain. « Elle est la locomotive d’une économie qui peine à se diversifier », note le chercheur Luis Martinez. Véritable tiroir-caisse du régime, la Sonatrach est au coeur de toutes les luttes d’influence au sein du pouvoir.

La direction de ce groupe, qui emploie 125 000 personnes, a été décapitée en 2010 à cause d’une obscure affaire de corruption qui a également entraîné la démission du ministre de l’Energie. « Cela est assez typique du jeu algérien, relève le journaliste Akram Belkaïd : les deux branches du pouvoir, les civils et les militaires, sont en concurrence permanente et s’affrontent par satellites interposés. »

Sans la Sonatrach, fondée en 1963, un an après l’indépendance du pays, l’économie algérienne serait exsangue. Le groupe est le principal fournisseur de devises de l’Algérie, grâce à la production de pétrole (1,2 million de barils par jour) et aussi de gaz, dont le pays est le troisième fournisseur de l’Europe. Les recettes des hydrocarbures ont atteint 41,6 milliards d’euros à la fin de 2010, en hausse de 25 % par rapport à 2009.

SIGNE DE L’IMPORTANCE et de la richesse de la Sonatrach, le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, a annoncé en janvier que le groupe allait investir 43 milliards d’euros entre 2011 et 2015 pour renforcer sa capacité de production. Une somme gigantesque, l’équivalent du tiers du PIB du pays en 2010 !

Alors que la nationalisation du groupe, en 1971, avait été vécue comme « une deuxième indépendance », relève Luis Martinez, la Sonatrach a aujourd’hui « perdu de sa superbe auprès de la population. Comme le FLN, puis l’armée, au cours de la décennie 80, la Sonatrach est devenue l’incarnation d’un Etat qui révulse. »