La solution aux mains de Barack Obama

La solution aux mains de Barack Obama
la-solution-aux-mains-de-barack-obama.jpg

Plus que d’avoir contribué à apaiser les esprits, le discours à la nation prononcé samedi soir par Hosni Moubarak aura au contraire un peu plus exacerbé le peuple. Il y a plus de gens qui manifestent dans les rues du Caire, de Suez et d’Alexandrie.

La colère des Egyptiens

Une foule, Frères musulmans en tête, plus compacte, plus élargie à toutes les tendances politiques et idéologiques et issue de toutes les origines sociales. Il y a plus de colère dans des slogans qui sont de plus en plus hostiles à la personne du président et à son régime ainsi qu’à son fils Djamal qu’il a préparé de longue date pour lui succéder au pouvoir.

Pour les millions d´Egyptiens qui crient leur rage de se débarrasser de la dictature en place depuis 30 ans et au plus tôt, avant que le pire n´arrive, les mesures annoncées samedi soir ne sont pas la solution que tout le monde réclame. La nomination d´un vice-président, poste vacant depuis 1981, en la personne du général Omar Souleimane,

l’ex-chef des services secrets, homme de confiance de la CIA et du Mossad israélien, et celle d´un officier supérieur du même grade à la tête du gouvernement sans pouvoirs réels et sans mission précise ne rassure ni les Egyptiens ni les Etats-Unis. En Egypte, ces mesures, un non-événement, n’auront donc servi qu’à radicaliser un peu plus encore les revendications des manifestants.

A la volonté déclarée du président de ne pas quitter le pouvoir qu’il détient sans partage depuis trois décennies, les populations ont opposé une détermination encore plus grande à occuper la rue jusqu’à la chute de la dictature. Le bras de fer ne fait que commencer.

Le double message

Moubarak a sorti des moyens militaires et policiers considérables dans l’espoir d’impressionner la rue dont il n’a pas satisfait les revendications.

La certitude est établie, à présent, que le «raïs» n´a pas compris ou pas voulu comprendre le vrai sens du message des Egyptiens, et que le remplacement d’un gouvernement par un autre ou les meilleurs promesses de changements, à terme, n’intéressent pas. Comme en Tunisie, et plus récemment aussi au Yémen, la rue exige le départ de Moubarak et la fin de son système politique.

Pas des réformes politiques, même les plus démocratiques à l’initiative d’un dictateur aux ordres des Etats-Unis qui donne l’impression de n’avoir pas non plus très bien saisi le message que lui ont adressé les Etats-Unis. Sinon que tour à tour, le porte-parole de la Maison-Blanche, la secrétaire d´Etat Hillay Clinton et le président Barack Obama lui-même n’auront parlé au président égyptien à demi-mot.

Les Egyptiens exigent le départ de Moubarak. Or, celui le peut-il vraiment sans avoir reçu cette instruction de la puissance dont il est le garant des intérêts et de l’équilibre qu’elle veut garder dans la région et qui lui octroie pour entretenir son armée une somme de 1,3 milliard de dollars. Car ce sont, en fait, les Etats-Unis qui ont la clé du problème.

Les calculs de Barack Obama

Jusque-là, le président Barack Obama n’a pas encore signifié clairement au président égyptien de se retirer et s’est limité à lui donner deux instructions qui ont été décodées «au mot» par le dictateur égyptien. Washington lui a demandé des réformes politiques, sans en préciser la nature ni dire par qui, et la retenue de ses forces armées face aux manifestants.

L´esprit de ces consignes observées par son allié, le président Barack Obama peut maintenant se donner le temps d´évaluer l’ampleur du mouvement de la révolte et sa durée. Si la contestation se prolonge au-delà d´un délai raisonnable que seule la Maison-Blanche est en mesure d´apprécier, il va sans dire que le prochain message du président des Etats-Unis ne comportera pas d’ambiguïté.

Moubarak devra alors choisir une terre d´exil. Washington hésite, pour l´instant, à prendre cette décision ultime pour d’abord étudier la forme que devrait prendre la transition (comment et avec qui ?) et seulement après avoir eu la certitude que les islamistes n’ont pas le contrôle majoritaire de la «révolution». Washington est disposé, en conséquence, à sacrifier Moubarak pour garder l’Egypte, mais pas au prix de voir les Frères musulmans arriver au pouvoir.

H. A.