La journée d’hier, a été particulièrement violente en Egypte, où de violents affrontements ont éclaté sur la place Al Tahrir, dans le centre du Caire entre les partisans et les adversaires du président Hosni Moubarak, faisant un mort et plus de 600 blessés, selon la télévision d’Etat.
Les protagonistes se sont battus à coups de bâtons et de jets de pierres autour des chars de l’armée qui gardait les accès de la place, considérée comme l’épicentre du mouvement de protestation populaire contre le maintien de Moubarak au pouvoir.
Alors que des soldats de l’armée étaient toujours sur cette zone, des gaz lacrymogènes d’origine inconnue ont été tirés contre les manifestants, dont certains ont fait état de la présence de policiers en civil parmi les milliers de partisans du régime venus manifester près de la place Al Tahrir, mais cette information a été démentie par le ministère de l’Intérieur.
« Il y a eu un décès, celui d’un conscrit des forces armées », a indiqué le porte-parole du ministre de la Santé, Abderrahmane Chahine, ajoutant que que 403 personnes ont été blessées, mais des sources médicales ont fait état d’au moins 500 blessés.
D’après la télévision publique, les manifestants ont commencé dans la soirée à se retirer de la place. Des témoins cités par des médias ont affirmé que plusieurs personnes étaient toujours sur les lieux cernées de tous les côtés par les partisans de Moubarak qui ont fermé tous les accès menant à la place.
L’armée égyptienne, déployée depuis plusieurs jours dans le pays, n’est pas intervenue, alors que d’autres sources ont affirmé qu’elle a fait usage de tirs de semonce pour tenter de mettre fin à ces accrochages.
Les manifestants auraient même salué cette intervention, certains montant sur les chars au côté des militaires, toujours selon ces mêmes sources.
En vue de rétablir la sécurité et la stabilité, l’armée égyptienne, déployée dans le pays depuis le début du mouvement de protestation, avait appelé les manifestants à rentrer chez eux.
En réaction à la situation de troubles en Egypte, le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a qualifié les violences entre les manifestants d’inacceptables et a appelé « toutes les parties à ouvrir un dialogue sans tarder davantage », pour une « transition dans l’ordre et le calme ».
Les Etats-Unis sont « profondément inquiets au sujet des attaques contre les médias et les manifestants pacifiques », selon le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.
L’Otan, qui déplore les pertes en vies humaines, a également appelé toutes les parties égyptiennes à « ouvrir sans attendre » un dialogue en vue de faciliter une transition pacifique vers la démocratie.
Ces évènements en Egypte surviennent alors que le mouvement de protestation contre le régime est de plus en plus déterminé à poursuivre les manifestations pour exiger le départ de Hosni Moubarak.
Les forces de l’opposition égyptiennes ont annoncé le maintien de leur appel à manifester massivement vendredi, malgré l’ordre de l’armée intimant aux manifestants de rentrer chez eux.
« Nous allons manifester vendredi, le “vendredi du départ”, et nous attendons plus d’un million de personnes dans les rues de toute l’Egypte pour exiger la chute du régime », a déclaré une militante de la campagne de soutien à l’opposant Mohamed El-Baradei, l’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
« Nous descendons dans les rues aujourd’hui, nous descendrons demain, mais vendredi sera la journée de la mobilisation la plus massive », a affirmé une autre militante, du mouvement pro-démocratie du 6-Avril.
Les Frères musulmans refusent le maintien du président Moubarak jusqu’en septembre
Les Frères musulmans (de l’opposition égyptienne) refusent le maintien du président Hosni Moubarak jusqu’à la prochaine élection présidentielle en septembre, date de la fin de son mandat, a indiqué hier, un communiqué du mouvement.
Dans son communiqué, le mouvement a affirmé que « le peuple refuse toutes les mesures partielles proposées hier par la tête du régime (Moubarak), et n’accepte pas d’alternative au départ ».
Suite à une mobilisation populaire dans le pays réclamant son départ, le président Moubarak a annoncé mardi soir qu’il restait au pouvoir mais qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle de septembre.
Aussitôt après son discours, des milliers de manifestants réunis dans le centre du Caire ont demandé de nouveau son départ immédiat.
M. Moubarak a également appelé le Parlement à débattre d’un amendement aux articles 76 et 77 de la Constitution pour changer les conditions de la candidature à la présidentielle et limiter les mandats.
Plus tôt dans la journée, trois partis d’opposition, les partis Wafd, Al Tajamoua, et al Naciri ont accepté de participer à un dialogue national avec le gouvernement.
Rétablissement du réseau Internet en Egypte après cinq jours de coupure
Le réseau Internet a été rétabli hier en Egypte, après 5 jours de coupure, qui a eu un impact négatif sur la performance des banques et des grandes compagnies économiques et touristiques.
Les autorités égyptiennes ont coupé les réseaux d’internet et de téléphonie mobile, la veille des manifestations du « vendredi de la colère », lors desquelles de nombreux Egyptiens avaient appelé au changement de régime.
Les correspondances entre les usagers, les compagnies et les banques, et les réservations de vols ont été complètement gelées lors de cette période, causant l’arrêt de plusieurs activités.
Une source responsable dans une compagnie aérienne a indiqué que les affaires de la compagnie ont reculé avec la coupure d’Internet, travaillant avec 20% au plus de ses capacités.
Un avion spécial sera mis demain à la disposition des ressortissants algériens en Egypte
Un avion spécial de 260 places sera mis demain à la disposition des ressortissants algériens en Egypte désireux de rentrer au pays.
L’ambassadeur d’Algérie au Caire, M. Abdelkader Hadjar a précisé dans une déclaration à l’APS hier, que l’ambassade est en contact permanent avec les membres de la communauté désireux de rentrer au pays. Il a indiqué que plus de 200 personnes sont jusque là retenues, ajoutant que des vols supplémentaires seront programmés en cas de nécessité.
Des sources de la représentation de la compagnie Air Algérie ont indiqué que le problème des équipes de volley ball NC Bejaia et GSP Alger a été résolu.
Le vol ordinaire d’Air Algérie à destination d’Alger fera escale à Alexandrie pour embarquer les membres des deux équipes après autorisation de l’autorité de l’aviation civile en Egypte, selon les mêmes sources. Les deux équipes ont été bloquées à Alexandrie car n’ayant pu rejoindre le Caire par voie terrestre.
Ban Ki-moon qualifie d’ »inacceptables » les attaques contre les manifestants
Le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a qualifié hier, d’incceptables les attaques contre « les manifestants pacifiques » en Egypte, et a appelé à une « transition dans l’ordre et le calme » dans le pays. Les « attaques contre des manifestants pacifiques sont inacceptables, et je les condamne fermement », a affirmé M. Ban Ki-moon à l’issue d’un entretien avec le Premier Ministre britannique David Cameron à Londres.
« J’engage toutes les parties à ouvrir un dialogue sans tarder davantage », a-t-il dit, tout en appelant à une « transition dans l’ordre et le calme » dans le pays. De violents heurts ont éclaté dans la journée entre les manifestants à la place Al-Tahrir au centre du Caire, faisant des centaines de blessés. L’armée est intervenue avec des tirs de semonce pour tenter de mettre fin à ces accrochages après avoir appelé plus tôt les manifestants à rentrer chez eux.
Les Etats-Unis « condamnent » la violence contre les manifestants
Les Etats-Unis « déplorent et condamnent » la violence contre les « manifestants pacifiques » en Egypte, a déclaré hier, la Maison-Blanche. « Les Etats-Unis déplorent et condamnent la violence qui a lieu en Egypte, et nous sommes profondément inquiets au sujet des attaques contre les médias et les manifestants pacifiques.
Nous renouvelons notre appel à la retenue », a précisé le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, dans un court communiqué. Plus tôt mercredi, le porte-parole de la diplomatie américaine avait déjà réagi aux violences sur la place Tahrir du Caire en appelant « toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter la violence ». « Nous réitérons notre appel à toutes les parties en Egypte à faire preuve de retenue et à éviter la violence.
Le chemin de l’Egypte vers le changement démocratique doit être pacifique », a écrit Philip Crowley, le porte-parole du département d’Etat. De violents heurts entre partisans et adversaires de Hosni Moubarak ont éclaté hier, au Caire, alors que l’opposition a maintenu un appel à une mobilisation massive vendredi pour exiger le départ immédiat du président. Le président égyptien Hosni Moubarak a affirmé mardi soir qu’il resterait au pouvoir jusqu’à la présidentielle de septembre, à laquelle il a promis de ne pas être candidat.
L’Otan prône « un dialogue ouvert » entre Egyptiens en vue d’une transition pacifique
L’Otan a appelé hier, toutes les parties égyptiennes à « ouvrir sans attendre » un dialogue en vue de faciliter une transition pacifique vers la démocratie. « Nous déplorons les pertes en vies humaines et appelons tous les protagonistes en Egypte à ouvrir sans attendre un dialogue ouvert pour permettre une transition pacifique vers la démocratie, dans le respect des droits de l’homme », a déclaré la porte-parole, Oana Lungescu. « Nous suivons de près la situation, qui change d’heure en heure », a-t-elle ajouté, à l’occasion de ce qui constitue le premier commentaire de l’Alliance atlantique depuis le début de la crise politique en Egypte, qui a déjà fait des centaines de morts. De violents heurts entre partisans et adversaires du président Hosni Moubarak ont fait des dizaines de blessés hier, au Caire. L’opposition a maintenu un appel à une mobilisation massive vendredi pour exiger le départ immédiat du chef de l’Etat.
L’UE demande à Moubarak d’agir « le plus vite possible » vers la transition
La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé hier, le président égyptien Hosni Moubarak à agir « le plus vite possible » pour réaliser la « transition » politique demandée par les manifestants.
« M. Moubarak doit répondre à la volonté de la population et les manifestations en sont une expression », a déclaré Mme Ashton lors d’une conférence de presse au côté du ministre tunisien des Affaires étrangères Ahmed Ouneies. « Il doit montrer de façon précise qu’il va réellement de l’avant », a-t-elle ajouté. « Nous devons voir des progrès. Il n’y a pas le moindre doute sur la manière dont nous entendons les mots transition et la transformation » du pays, cela signifie qu’ils doivent avoir « un caractère d’urgence et nous appelons le président Moubarak à faire les choses le plus vite possible », a encore dit Mme Ashton.
Les évêques du Maghreb préoccupés par les évènements d’Egypte
Les évêques de la Conférence épiscopale annuelle des régions d’Afrique du Nord (CERNA), réunis à huis clos à Alger, ont débattu de la manière de « se situer » par rapport aux évènements qui secouent notamment l’Egypte « qui bouge, qui change », a affirmé hier, Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat.
Une vingtaine de personnalités religieuses, dont 9 évêques d’Algérie, du Maroc, de Tunisie et de Libye, ont débattu de la manière dont les chrétiens devraient « se situer par rapport à l’évolution de la situation » dans chaque pays d’Afrique du Nord, particulièrement l’Egypte, a déclaré à l’APS le président de la CERNA, l’archevêque Landel, en marge de cette conférence épiscopale réunie depuis dimanche dernier à la Maison diocésaine d’Alger.
« Nous avons essayé de faire le tour de nos pays (d’accueil), d’exprimer nos préoccupations face aux situations nouvelles » qui se sont développées en Egypte et en Tunisie.
Il a été question « de voir comment ces pays aspirent à une certaine liberté, une certaine démocratie », a indiqué Mgr Landel, assurant « ne pas savoir comment cette transition va s’opérer, mais qu’elle se fera selon la volonté du peuple ».
Face à « toute cette dynamique que l’on voit naître, cette liberté d’expression des hommes, nous, chrétiens, on ne peut pas être à côté », a-t-il ajouté, faisant valoir la nécessité de se positionner dans ce nouveau contexte avec comme ligne motrice « le droit de réserve dans les affaires politiques » et « le respect des libertés fondamentales, notamment de conscience », vu par lui comme le « chemin vers la paix ».
Dans cette trajectoire de « paix par le dialogue », le président de la CERNA a évoqué de nombreux contacts avec des musulmans, hommes et femmes, avec qui les chrétiens résidant dans les pays d’accueil ne dissertent pas de « théologie ou de métaphysique, mais de choses concrètes liées au développement » telles que « la formation, l’agriculture, la place de la femme dans la société ».
« Nous n’en avons pas parlé durant la réunion mais l’idée est sous-jacente dans nos esprits », a-t-il précisé, quoique l’un des objets de cette réunion a été de « réfléchir sur les moyens de vivre ensemble avec les musulmans pour notamment contribuer au développement » économique et social du pays d’accueil.
Pour lui, la seule difficulté est que la CERNA contribue au dialogue avec seulement des individualités musulmanes, et non pas avec une personnalité morale fédérant le culte car, a-t-il dit, « l’islam n’a pas de clergé ».
La conférence, qui s’est clôturée en fin d’après-midi, a également abordé la question des migrants subsahariens qui transitent par l’Afrique du Nord qu’il faut « accompagner dans ces étapes difficiles de leur vie ». Les évêques ont également discuté de la prise en charge des quelque 40000 étudiants subsahariens dont « une bonne moitié est de confession chrétienne ».
Selon la CERNA, près de 200000 chrétiens vivent en Algérie, Tunisie, Maroc et Libye. La prochaine réunion de la CERNA se tiendra en 2012 à Tunis.
L’Egypte refuse les appels internationaux à une transition immédiate du pouvoir
L’Egypte refuse les appels de la communauté internationale à une transition immédiate du pouvoir, a déclaré mercredi le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Hossam Zaki.
« Ce que disent des parties étrangères sur “une période de transition commençant immédiatement” en Egypte est refusé », a déclaré M. Zaki dans un communiqué, estimant que cela « vise à enflammer la situation intérieure en Egypte ».
La communauté internationale a multiplié, ces derniers jours, les appels au président égyptien Hosni Moubarak à agir le plus vite possible pour réaliser la « transition » politique demandée, et répondre à la volonté des manifestants qui exigent son départ.
Le Président américain Barack Obama notamment a souligné à M. Moubarak qu’une transition politique pacifique et calme devait débuter « maintenant » en Egypte.
La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a pour sa part appelé le président égyptien à agir « le plus vite possible » pour réaliser la « transition » politique demandée par les manifestants.