La situation reste peu claire à Homs,La diplomatie piétine sur le dossier syrien

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La Ligue arabe devenue partie dans le conflit n’a plus le recul nécessaire pour assurer la sérénité des débats

La confusion reste totale sur ce qui se passe réellement en Syrie, notamment à Homs, au moment où la «communauté internationale» fait étalage de sa cacophonie.



Le régime syrien aurait lançé lundi son assaut le plus violent sur la ville rebelle de Homs depuis des jours, selon des informations non confirmées par des sources indépendantes, «encouragé» selon l’ONU par l’échec des pays occidentaux et arabes à mettre fin à l’effusion de sang. La «capitale de la révolution» syrienne subit depuis l’aube les bombardements les plus violents depuis cinq jours, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne), avec «en moyenne deux roquettes chaque minute» selon cette source. L’incapacité du Conseil de sécurité de l’ONU à se mettre d’accord sur une action collective a «encouragé le gouvernement syrien à lancer un assaut sans retenue dans le but d’écraser la dissidence», a estimé lundi le Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay. Dans la troisième ville de Syrie où plus de 300 personnes ont péri depuis le 4 février dans une «attaque sans discernement contre des zones civiles» selon l’ONU, le temps presse et la crise humanitaire est de plus en plus intolérable. «La situation est tragique», affirmait lundi à l’AFP Hadi Abdallah, membre du «Conseil de la révolution de Homs», indiquant que les gens sont «entassés dans les abris» et que «les morts sont enterrés depuis une semaine dans les jardins car même les cimetières et les tombes sont visés». Face à l’aggravation de la crise, les condamnations se succèdent sans qu’une véritable issue ne pointe à l’horizon.

Les Nations unies ont affirmé de leur côté que les forces syriennes avaient «vraisemblablement» commis des crimes contre l’humanité en réprimant depuis onze mois la contestation populaire hostile au régime, au prix de plus de 6000 morts, selon des militants. Profondément divisée sur la crise syrienne, la communauté internationale l’est encore plus sur la proposition d’une force de paix en Syrie avancée dimanche par la Ligue arabe: Paris a mis en garde contre toute action «à caractère militaire», Moscou a exigé un cessez-le-feu et Washington a souligné qu’en l’absence de paix une telle initiative était compliquée.

La Russie, alliée de Damas, et la Chine bloquent toute résolution condamnant la Syrie, utilisant jusqu’à présent leur droit de veto à deux reprises au Conseil de sécurité. Parallèlement à la dégradation de la situation à Homs, les affrontements se poursuivaient entre soldats et déserteurs, faisant 11 morts lundi, une journée durant laquelle 18 civils ont également été tués, dont deux adolescents.

«La révolution continuera jusqu’au dernier nourrisson», pouvait-on lire sur une pancarte lors d’une manifestation lundi dans la province de Deraa (sud). «Bachar, on a encore des comptes à régler, ton dernier jour est arrivé», scandaient des dizaines de personnes à Idleb (nord-ouest).

La Ligue arabe avait annoncé, en plus de l’idée d’une force conjointe avec l’ONU, son soutien politique et matériel à l’opposition. Burhan Ghalioun, chef du Conseil national syrien (CNS, opposition) a vu dans ces décisions «les premiers pas» vers la chute du régime, mais Damas a répondu qu’elles n’empêcheraient pas le gouvernement «d’assumer ses responsabilités» dans «le rétablissement de la sécurité». Les monarchies du Golfe et les Occidentaux doivent lancer cette semaine une nouvelle tentative pour faire condamner Damas, cette fois à l’Assemblée générale de l’ONU – organe consultatif où le veto n’existe pas – Moscou et Pékin devraient une fois encore s’opposer à ce projet, préparé par l’Arabie saoudite et le Qatar, très similaire au texte bloqué par leur double veto le 4 février.

Autre étape au calendrier: la «Conférence des amis de la Syrie» que Tunis s’est proposé d’organiser le 24 février et qui a reçu lundi un soutien appuyé de Mme Clinton et de son homologue turc Ahmet Davutoglu en visite à Washington.