La situation financière de l’Algérie est « très vulnérable face aux chocs externes » après avoir subi une érosion de 40.4% de ses ressources, a averti ce mardi Mohamed Laksaci, Gouverneur de la Banque d’Algérie, lors de la présentation des évolutions économiques et monétaires du pays en 2014 et 2015 lors d’une séance plénière à l’Assemblée Populaire Nationale (APN).
Impactés par la baisse des prix mondiaux du baril de pétrole, les ressources financières du Trésor algérien ont enregistré une contraction de 1.972.8 milliards de Da entre septembre 2014 et septembre 2015. Une réduction de 40% survenue en 12 mois seulement en dépit de plusieurs années d’épargne budgétaire, a-t-il souligné.
M. Leksaci a fait savoir que les exportations d’hydrocarbures ont reculé à 25,79 milliards de dollars (mds USD) au cours des neuf premiers mois de 2015 contre 46,86 mds USD en 2014. Cette chute de 45% a « confirmé l’ampleur du choc externe qui pèse sur l’économie nationale, très vulnérable à la ressource hydrocarbures », commente le gouverneur.
Les recettes de la fiscalité pétrolière ont de leur côté reculé à 1834,14 mds DA à fin septembre 2015 contre 2603,40 mds de DA au cours de la même période de 2014.
Le solde de la balance commerciale est ainsi passé d’un excédent de 2,93 mds USD au cours des neuf premiers mois de 2014 à un déficit de 12,82 mds USD cours de la même période de 2015. Le solde global de la balance des paiements affiche enfin un déficit de 20,82 mds USD au cours des neuf premiers mois de 2015 contre un déficit de seulement 3,02 mds USD durant la même période de l’année passée.
Cette situation a induit une dépréciation de 19,57 % du cours moyen du dinar contre le dollar américain et de 2,16% par apport à l’euro.
Cependant, la contraction des ressources financières n’a pas empêché la progression des crédits à l’économie qui ont cru de 13,35 % durant les trois premiers trimestres de 2015. Les crédits accordés au secteur public ont atteint 3.865,3 mds DA (+14,28%) à fin septembre 2015, ceux accordés au secteur privé 3.058 mds de DA (+12,5 %) alors que les crédits accordés aux ménages ont atteint 449,2 mds DA (+11,19%).
Mais le rythme d’expansion des crédits à l’économie ne semble pas pour autant « être soutenable sans recours de certaines banques au refinancement auprès de la Banque d’Algérie », a souligné M. Laksaci.
Pour ce qui est de l’inflation, elle a atteint 5,3 % en septembre 2015, un taux qui « ne peut s’expliquer par l’inadéquation de l’offre à la demande, ni par l’expansion de la masse monétaire, qui s’est accrue à un taux historiquement bas, ni par l’évolution des prix mondiaux des produits de base importés », relève le gouverneur.
Il convient alors, soutient-il, d’en « rechercher les causes profondes (de l’inflation) dans les dysfonctionnements du marché et notamment celui des produits agricoles frais, caractérisé par une traçabilité limitée des transactions et une faible régulation ».