L’intervention en Libye appuyée par les Nations unies a été au centre des discussions entre les responsables des services diplomatiques algériens et russes à Alger, le mardi 22 mars
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov, en visite dans le pays, a exprimé les inquiétudes de son pays au sujet de l’intervention militaire, lors de sa rencontre avec son homologue algérien, Mourad Medelci, qui a appelé à « la cessation immédiate des hostilités ». Lavrov a également rencontré le Président algérien Abdelaziz Bouteflika.
Medelci a affirmé que l’action militaire des Nations unies était disproportionnée par rapport à la menace que représentent les forces du leader libyen Mouammar Kadhafi. Le ministre a également accusé la coalition d’avoir « aggravé la crise ». Les Libyens ont besoin de « résoudre pacifiquement et durablement la crise, dans le respect et la préservation de leur unité, en préservant leur intégrité territoriale et en préservant leur pleine souveraineté », a-t-il déclaré.
Lavrov a pour sa part affirmé que la résolution des Nations unies visait à défendre les populations civiles et a ajouté que ceux qui mettent en oeuvre cette résolution doivent suivre « les décisions strictes » parce que le reste pourrait « créer les conditions de nouvelles menaces ».
« Si la situation s’aggrave, alors nous aurons affaire à de nouveaux cas de terrorisme international et à d’autres évènements que nous voudrions éviter », a déclaré le chef de la diplomatie russe, soulignant son inquiétude de voir les évènements en Libye exploités par les terroristes.
Les craintes de Lavrov se fondent sur un message diffusé par le leader d’al-Qaida au Maghreb islamique, Abdelmalek Droukdel, qui, en début de semaine, a appelé au « djihad » en Libye. Dans un enregistrement diffusé sur des sites islamistes, Droukdel a déclaré que « les derniers développements rendent indispensable l’intervention du groupe salafiste pour mener une guerre de longue haleine contre les Américains et les pays membres de l’OTAN. »
Pour sa part, Medelci a indiqué que l’Algérie travaillera conjointement avec l’Union africaine lors de la réunion du 25 mars à Addis Abeba pour tenter de trouver une solution à cette crise. Medelci a également indiqué que l’Algérie suivait « avec un intérêt certain » les efforts du Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, qui réunira le Conseil de sécurité jeudi prochain, à la demande de la Libye, pour procéder à « une évaluation objective » de la situation sur le terrain dans le pays.
Le ministre algérien des Affaires étrangères a également confirmé que le Premier ministre Ahmed Ouyahia s’était entretenu avec le vice-Président américain Joe Biden par téléphone au sujet de la situation en Libye. Le ministre a indiqué que cette conversation faisait suite à la réponse officielle de l’Algérie à la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, déclarant avoir « pris acte » de cette décision.
« L’Algérie est membre de la communauté internationale et de l’ONU et elle est donc responsable également de la mise en œuvre de cette décision », a déclaré le ministre.
Medelci a indiqué que cette conversation avait eu lieu après la réunion de la Ligue arabe le 12 mars et après la décision du Conseil de sécurité. Dans ce contexte, il a rappelé que l’Algérie était impliquée « de manière intense » dans les débats lors du sommet de la Ligue arabe, ajoutant que « l’Algérie n’a pas émis de réserves formelles, mais juste exprimé son point de vue »
Concernant la situation en Tunisie et en Egypte, Medelci a déclaré que l’Algérie et la Russie étaient satisfaites de voir les deux pays « s’inscrire résolument dans une phase de transition démocratique ».
« Nous avons renouvelé notre disponibilité à soutenir ces deux pays dans cette phase critique de leur histoire », a-t-il indiqué.