La situation échappe à tout contrôle, La grève des lycéens dérape

La situation échappe à tout contrôle, La grève des lycéens dérape

Le conflit opposant les syndicats et le ministère de l’Education n’a finalement pris fin que pour laisser place à un autre «feu». Désormais, le conflit sort dans la rue et provoque des émeutes dans quelques régions.

Alors qu’on l’avait cru enfin finie, la grève dans le secteur de l’Education change finalement d’initiateur et repart du «bon pied» à l’appel des lycéens qui remontent au créneau pour protester contre la pression de l’emploi du temps qui leur a été imposé après un mois de grève et pour réclamer la limitation du seuil des cours avant le mois d’avril.Sale temps pour l’école, les élèves et leurs parents.

Au-delà d’un mouvement de grève, les actions des lycéens virent au drame dans quelques régions et causent des perturbations et paralysies qui dépassent les établissements scolaires. C’est le constat enregistré notamment dans la wilaya de Béjaïa. Jeudi de violentes échauffourées ont éclaté entre des jeunes lycéens et les forces antiémeutes. Les lycéens étaient des centaines à manifester devant la direction de l’Education de la wilaya. Pour la journée de jeudi, la situation a dégénéré dangereusement.

Certains manifestants se sont mis à lancer des pierres contre le siège de la direction de la wilaya tandis que les forces de l’ordre sont intervenues par le jet des gaz lacrymogènes. Au centre de la wilaya, la tension était électrique au point de paralyser la circulation automobile au centreville et faire baisser les rideaux des commerces. Bien que repliés dans les rues avoisinantes par les forces de l’ordre, les mécontents de l’école ont refait une tentative de se rassembler de nouveau devant la direction de l’éducation de leur wilaya. Selon une source bien informée, cette confrontation a fait des dizaines de blessés également parmi les forces antiémeutes.

LG Algérie

A Alger, Constantine, Bordj Bou Arreridj, Boumerdès comme dans plusieurs wilayas, la grève des lycéens se poursuit et réclame la limitation du seuil pour les examens avant le mois d’avril. Dans la capitale, les élèves ont bouclé ce jeudi leur première semaine de grève, ce qui, en tout, fera 5 semaines de grève pour les écoles. Ils ont protesté devant l’annexe du ministère de l’Education nationale (Kouba – Alger). Interrogés, les protestataires, 250 lycéens, ont exigé la définition du seuil des cours, soulignant que leur grève «se poursuivra jusqu’à satisfaction de cette revendication». «Il faut que le seuil des cours soit fixé afin que nous puissions commencer les révisions pour les épreuves du baccalauréat», insistent-ils.

Ce mouvement se veut, selon ses initiateurs, une réponse aux enseignants et à la tutelle qui ignorent le stress subi par les longues semaines de grève des enseignants. «Ce n’est pas à nous de payer le prix du retard et de la surcharge des cours», fulminent-ils. Baba Ahmed est appelé une fois de plus à mettre de l’ordre dans un secteur qui se noie dans la paralysie.

Pour rappel, le ministère de l’Education a décidé de mettre au point un programme pour le rattrapage des cours en tenant compte de la progression des programmes. Les dates des vacances de printemps et des examens de fin de cycle (primaire, moyen et secondaire) demeurent inchangées et les sujets des épreuves du baccalauréat porteront sur les cours dispensés, selon le ministère.

Y. A.

Poursuite des émeutes de lycéens à Béjaïa: Une centaine de blessés et arrestation de plusieurs émeutiers

Des lycéens ont tenté d’arroser avec des pierres, jeudi après-midi, les sièges de la direction de l’Education et de la wilaya situés sur le boulevard de la Liberté, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre qui ont usé de gaz lacrymogènes. Les émeutiers se sont retranchés dans les quartiers voisins, notamment Nacéria, Dawadji et Sidi-Ahmed pour rebondir sporadiquement et attaquer les forces anti-émeutes à coups de pierres. Ils narguaient épisodiquement les policiers qui répliquaient pour les repousser plus loin dans les quartiers voisins, surtout les éloigner du bâtiment abritant le siège de la wilaya.

Des courses poursuites y étaient engagées par moments entre les deux parties qui jouent au chat et à la souris. Les lycéens auxquels se sont mêlés des jeunes et badauds venus de plusieurs quartiers de la ville dressaient des barricades au moyen d’objets hétéroclites: pierres, troncs d’arbres, carcasses d’acier, etc, pour empêcher la progression des camions des forces de l’ordre. La circulation automobile était paralysée, le centre-ville, qui d’habitude grouillait de monde, était entièrement déserté.

Les magasins ont précipitamment baissé rideau provoquant un décor de ville «inhabitée». Les devantures de certains magasins ont été endommagées et plusieurs voitures stationnées aux abords des routes n’ont pas été épargnées. Vingt-deux policiers blessés suite aux affrontements ont été évacués vers les hôpitaux de la ville alors que 20 autres ont été soignés sur place. La veille, soit la journée du mercredi, 51 policiers ont été évacués aux centres de soins de la ville alors que 30 autres ont été soignés sur place. Aussi, une trentaine de lycéens et jeunes ont été blessés lors des échauffourées. La plupart ont été secourus par leurs camardes. Des arrestations ont eu lieu aussi parmi les émeutiers.

Certains ont été matraqués. On parle d’une cinquantaine, voire plus de lycéens et jeunes de la ville de Béjaïa et d’autres localités arrêtés lors des escarmouches. La majorité des jeunes arrêtés, notamment les mineurs ont vite été relâchés et d’autres quelques heures plus tard. Certains seraient placés en garde à vue. A noter que des appels ont été lancés par les associations de parents d’élèves, le directeur de l’éducation et le wali en direction des élèves et émeutiers ainsi que leurs parents afin de faire cesser les hostilités qui commencent à prendre une autre dimension, et invitant surtout ces derniers à retourner dans les classes.

H. Cherfa