L’Office algérien interprofessionnel des céréales et les transformateurs se rejettent la responsabilité.
La semoule risque de déserter les étals dans les prochains jours. Et cela peut avoir des répercussions importantes sur le quotidien algérienne. D’autant que le couscous est le plat national et que le pain est l’aliment dont la table algérienne ne peut se passer. Le spectre de la pénurie est présent dans les esprits et l’inquiétude augmente de jour en jour.
Plusieurs grossistes n’ont pas reçu leurs quotas de semoule ces derniers jours. «Cela fait plus de 15 jours que je n’ai pas reçu mon quota de semoule», a déclaré un grossiste de la ville de Tizi Ouzou qui a requis l’anonymat. «Les demandes de semoule augmentent chaque jour que Dieu fait. Et je n’ai pas de quoi les satisfaire», s’est plaint un autre commerçant. La situation devient inquiétante si elle perdure.
A qui la faute? L’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) et les transformateurs se rejettent la responsabilité. «Nous avons été obligés de baisser la livraison de la semoule en raison du manque en stockage du blé dur au niveau des coopératives dépendant de l’Oaic», a expliqué M.Boudia, responsable de la comptabilité à la Semoulerie Soummam de Béjaïa, joint hier par téléphone. Il dit regretter la décision du gouvernement d’imposer une taxe sur le blé d’importation.
«Cette mesure nous oblige à nous contenter du stock de l’Oaic qui ne correspond pas à nos besoins», a-t-il déploré. Cette décision, M.Noureddine Kehal, directeur général de l’Oaic, ne l’entend pas de cette oreille. «Il n’y a pas de rupture de stock au niveau des 48 coopératives que compte le pays», a-t-il tranché, joint également, par nos soins. Il a assuré que l’Algérie dispose de quantités suffisantes en céréales pour approvisionner le marché national. «Nous comptons actuellement entre 60 et 65 millions de quintaux», a-t-il assuré. M.Kehal a souligné que la quantité de blé dur disponible suffit pour alimenter le marché à long terme. Pour le blé tendre, il a précisé que l’Oaic en a assuré le stockage intra muros. D’autres sources bien informées ont indiqué que ce produit sera disponible en quantité suffisante durant le mois prochain à l’échelle nationale. Il n’ y a donc pas lieu de s’inquiéter? Une chose est sûre: l’Algérie reste fortement dépendante des importations en blé tendre. En ce sens, le DG de l’Oaic a affirmé, récemment, que les importations «ne doivent être qu’un appoint pour la production nationale».
Il s’agit, selon lui, de réduire la dépendance alimentaire de l’Algérie vis-à-vis de l’extérieur. M.Kehal a affirmé que les superficies exploitées (500.000 hectares) sont insuffisantes et l’objectif est d’en arriver à 700.000 ha.
Le premier responsable de l’Oaic a rappelé que l’Office approvisionne les coopératives réparties à l’échelle nationale «Ces coopératives alimentent de manière régulière les transformateurs en produits bruts (blé dur, blé tendre et orge)», a-t-il expliqué. Il a précisé que l’Etat soutenait le prix de ces produits. «Le blé dur est acheté chez le livreur à 4500 DA le quintal, il est cédé à 2500 DA. Le blé tendre coûte 3500 DA/q. Il est cédé à 2200 DA», a soutenu M.Kehal.
Les quotas sont cédés aux transformateurs à raison de 30% de leurs capacités de trituration. «Si problème il y a, il est au niveau des transformateurs dans la chaîne de distribution», a tranché M.Kehal. Le feuilleton des pénuries est loin de connaître son épilogue. La pénurie de lait, un autre produit tout aussi sensible que le pain, est encore présente dans les esprits. Les citoyens ne se sont pas encore remis voilà que celle du sac de semoule pointe à l’horizon. Il y a encore des files de citoyens qui se forment dès trois heures du matin guettant devant l’épicier l’arrivée de ce liquide tant convoité. La rupture des médicaments sur le marché a, quant à elle, fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines. Et le risque d’une autre rupture de produits pharmaceutiques est réel pour l’année prochaine. Les citoyens se rappellent encore des heures qu’ils passaient devant les guichets de la poste pour percevoir leurs paies et pensions à la veille du dernier l’Aïd.
Le manque de liquidité est devenu un leitmotiv qui revient à la veille de chaque événement religieux ou national. Ces pénuries récurrentes traduisent-elles une panne d’idées et d’initiatives efficaces au niveau du gouvernement?
Mohamed Sadek LOUCIF