Alors que la sélection togolaise a quitté l’Angola, la police locale aurait arrêté deux personnes dans le cadre de l’enquête sur le mitraillage du bus.
De telles attaques sont-elles envisageables en Afrique du Sud, pays organisateur de la Coupe du Monde 2010 ?
Quarante-huit heures après avoir subi une attaque à la mitraillette dans la province de Cabinda, alors qu’ils étaient à bord du bus qui les menait en Angola, les joueurs du Togo ont quitté dimanche le pays organisateur de la CAN 2010.
Un avion, affrété par le gouvernement de Lomé, a ramené tous les membres de la délégation, y compris les corps des deux personnes tuées lors de l’attaque, le chargé de communication, Stanislas Ocloo, et l’entraîneur-adjoint, Abalo Amelete.
Pour le Premier ministre, Gilbert Fossoun Houngbo, interviewé sur l’antenne d’Europe 1, ce rapatriement était devenu inévitable, en raison du manque de réaction de la fédération africaine de football (CAF), qui aurait eu tendance à minimiser l’incident pour ne pas porter préjudice à la compétition: « Vendredi, notre première réaction n’était pas pour un retrait de l’équipe.
Nous voulions évaluer ensemble la situation, avec les autorités angolaises et la fédération africaine de football, même si nous sommes sous le coup de la douleur et de l’émotion. Mais nous n’avons pas reçu un coup de fil de la CAF. Nous avons pris cette décision à contrecoeur, mais c’était de notre responsabilité d’assurer la sécurité de nos citoyens ».
Une participation toujours envisagée ?
Bien décidé à boycotter la compétition, les joueurs togolais avaient pourtant changé d’avis après s’être réunis dans la nuit de samedi à dimanche afin de rendre hommage au disparu. Mais ils ont finalement dû se rallier à l’avis de leur gouvernement, même si le Ministre des sports, Christophe Tchao, a encore laissé planer le doute sur une éventuelle participation: « Nous avons décrété une période de deuil de trois jours. Les joueurs partent avec nous et avec les corps de leurs frères tombés et nous avons demandé à la Caf de trouver un arrangement pour qu’on puisse rattraper la compétition ».
L’attentat a été revendiqué par un groupe séparatiste dissident du Front de libération de l’enclave du Cabinda (Flec), une province angolaise riche en pétrole enclavée entre le Congo et la République démocratique du Congo. Le procureur de la province de Cabinda, Antonio Nito, a annoncé lundi matin à la radio nationale angolaise que deux personnes avaient été arrêtées dans le cadre de l’enquête.
Domenech pas inquiet pour l’Afrique du Sud
Outre la question de la sécurité pour cette CAN 2010, les matches prévus à Cabinda sont maintenus, reste à savoir si de tels événements peuvent survenir cet été lors du Mondial sud-africain. Pour les organisateurs de l’épreuve, ceci n’est pas envisageable, car il n’existe pas de poche de résistance en Afrique du Sud. Mais l’organisateur de l’un des plus grands événements planétaires est aussi un pays à haut risque, où la criminalité urbaine est l’une des plus fortes au monde.
Pas de quoi inquiéter le sélectionneur des Bleus Raymond Domenech, qui a livré son point de vue sur la situation au micro d’Europe 1: « Il y a une grosse différence entre ce que l’on raconte et ce qu’il se passe.
On peut se promener tranquillement, ça n’est pas la jungle, comme on l’a décrit. C’est un beau pays, magnifique. Les Africains vont faire ce qu’il faut pour qu’il y ait des mesures de sécurité. Entre la violence et la bêtise, tout le monde est pris en otage. Ça n’est pas le football, c’est l’humanité qui est victime ».
Pour le Premier ministre togolais, « il ne faut pas se servir de cet événement, aussi dramatique soit-il, comme d’un alibi pour mettre en cause le travail gigantesque abattu par les Sud-Africains dans le cadre de l’organisation de la Coupe du Monde ». Quarante-six millions d’euros ont été dépensés par les autorités africaines pour assurer la sécurité des différentes équipes, mais aussi des 400 000 spectateurs étrangers qui ont prévu de faire le déplacement.