La sécurité et la lutte contre le terrorisme en Afrique Quand Alger fait école

La sécurité et la lutte contre le terrorisme en Afrique Quand Alger fait école

Les travaux de la réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) ont débuté, hier à Alger, sous le thème: «Réconciliation nationale, facteur crucial de la sécurité, la stabilité et le développement durable en Afrique.»

Dans une allocution d’ouverture, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a indiqué que la réunion d’aujourd’hui (ndlr hier) illustrait «la détermination du Conseil de paix et de sécurité de l’UA à enrichir la démarche africaine de paix et de sécurité, dans ses interrelations avec la promotion des valeurs partagées de démocratie, de bonne gouvernance et de droits de l’homme.»



Affirmant que des «progrès certains» ont été enregistrés dans la prise en charge par l’Afrique des questions relatives à la paix et la sécurité, le chef de la diplomatie algérienne a, toutefois, souligné que «d’importants défis demeurent à relever, dont la consolidation de la paix postconflits, la prévention de la récurrence des crises et la résolution des conflits persistants.»

«En abordant ces défis, il convient de tirer parti des expériences de pays africains qui ont abouti à des solutions durables. Elles se caractérisent en effet par l’intégration de la dimension Réconciliation nationale parmi les éléments essentiels des processus de règlement», at- il souligné.

LE RÔLE DE LA CHARTE NATIONALE DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

Par ailleurs, le chef de la diplomatie algérienne a relevé le rôle important qu’à jouée la Réconciliation nationale dans la lutte contre le terrorisme.

Selon lui, elle a permis à l’Algérie de mettre en échec le terrorisme qu’il a qualifié «de phénomène étranger aux valeurs de la nation et dirigé contre l’État et le peuple algériens.» Il a également rappelé que «l’Algérie a su mettre en échec cette entreprise de subversion qui avait des ramifications transnationales par une lutte légitime.»

Dans le même ordre d’idées, il a rappelé l’adoption par référendum, en septembre 1999, de la loi sur la Concorde civile qui a constitué, a-t-il dit «une étape décisive du retour à la paix avec la repentance de plusieurs milliers de terroristes, la dissolution de groupes terroristes et à l’implosion et l’affaiblissement des autres.»

Après avoir retrouvé la sécurité et la stabilité grâce aux acquis de la Concorde civile, a poursuivi Medelci, «l’Algérie s’est attelée à rassembler tous ses enfants, à réhabiliter les valeurs algériennes millénaires de tolérance, de pardon et de solidarité, pour construire l’avenir et se prémunir définitivement du fléau du terrorisme et de toute tentative de dérive extrémiste.»

Il a relevé que «la Réconciliation nationale a été érigée en exigence impérieuse dans l’oeuvre de renouveau national engagée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika », rappelant que « ce processus a été, d’abord, consacré en choix souverain de l’écrasante majorité du peuple algérien qui a fait sienne la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, à travers le référendum du 29 septembre 2005.»

Medelci a noté que «le peuple algérien a manifesté son esprit de pardon par la mise en oeuvre de mesures de cessation des poursuites judiciaires, des grâces ou des remises de peines, selon les cas, au profit des repentis, et illustré ses valeurs de solidarité à travers un dispositif complet de prise en charge des séquelles du terrorisme. »

Il a expliqué que c’était grâce à cette démarche que «l’Algérie a consolidé la paix, la sécurité et la stabilité, approfondi le processus démocratique, et engagé d’ambitieux programmes de développement socio-économiques», précisant que «la cohésion, l’unité et la solidarité retrouvées du peuple algérien témoignent éloquemment du bien-fondé de la démarche de Réconciliation nationale menée à bien par le président Bouteflika.»

LA RÉCONCILIATION NATIONALE POUR RÉGLER LES CONFLITS EN AFRIQUE

Emboitant le pas à son homologue algérien, le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine (UA), Ramtane Lamamra, a indiqué que «la Réconciliation nationale est un passage obligé vers la restauration et la consolidation de l’unité nationale dans les pays africains.» Selon lui, «l’UA concevait la Réconciliation nationale comme étant un mécanisme inséparable de la justice et de la lutte contre l’impunité. »

Il a ajouté que l’UA «a clairement» marqué son engagement à établir les équilibres nécessaires afin d’assurer une évolution «harmonieuse» pour sortir des crises et conflits, notant que la Réconciliation nationale en Afrique, «en dépit des difficultés qu’elle peut susciter ou rencontrer, est partie intégrante» de l’approche de l’Union visant la consolidation de la paix dans les pays qui vivent des conflits.

Selon lui, les pays «véritablement réconciliés » sont «immunisés» contre tout risque de rechute dans la violence, estimant que la réconciliation est un «exercice collectif politiquement difficile», car il est dur de faire accepter à la victime qu’elle doit pardonner, et d’amener les auteurs de violences à reconnaître leurs actes.

Lamamra a ajouté que la Réconciliation nationale participait aussi à la prévention des conflits, et impliquait une «action concrète» pour répondre aux besoins les plus pressants des populations affectées par la violence. Il a affirmé que l’UA est outillée en termes d’instruments pour relever les défis dans ce domaine, mais, at- il dit, ces instruments nécessitaient «la mobilisation de la volonté politique requise pour leur donner effet, notamment pour la reconstruction et le développement post-conflit.»

Le président de l’Union africaine (UA), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a, quant à lui, souligné l’importance de la Réconciliation nationale pour régler les conflits affectant certains pays de l’Afrique.

«La Réconciliation nationale est un concept important dans notre démarche commune pour lutter contre les conflits qui déchirent notre continent», a indiqué Ghebreyesus. Il a appelé les pays qui connaîssent des conflits, à tirer des leçons des expériences des autres pays africains réconciliés, qui ont réussi à instaurer la paix, la sécurité et la stabilité, comme, entre autres, l’Algérie, le Rwanda et l’Afrique du Sud.

Le président de l’UA a noté qu’il n’existait pas un seul modèle de réconciliation nationale qui pourrait s’appliquer à tous les pays en conflits, d’où la nécessité, a-t-il dit, d’apprécier et de comprendre les expériences des autres, pour avoir une idée des moyens d’établir un équilibre au sein des sociétés et maintenir la cohésion sociale.

Il a mis l’accent sur l’importance d’une «réflexion sérieuse» sur les moyens à même de promouvoir la paix et la sécurité et d’établir un équilibre entre la justice et la réconciliation nationale dans les pays où des violations des droits de l’homme sont constatées.

C’est dans cette optique que, Ghebreyesus a affirmé «la détermination de l’UA de ne ménager aucun effort pour combler les lacunes enregistrées en termes de démocratie, justice et respect des droits de l’homme, qui portent atteinte aux démarches déjà entamées et, par conséquent, freiner toute intervention étrangère en Afrique» car, a-t-il insisté, «la réconciliation ne doit pas être dictée de l’étranger.»

Younes Guiz