La sécurité du Maghreb en jeu à Rabat

La sécurité du Maghreb en jeu à Rabat
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Rétablir la sécurité dans la région sahélo-saharienne par une lutte implacable contre le crime organisé transfrontalier, le terrorisme, le trafic des êtres humains et de drogue, est l’objectif que s’est assigné la 31e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union du Maghreb arabe, réunie à Rabat depuis hier.

La réunion de la 31e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA) s’est ouverte, hier, à Rabat, avec la participation du chef de la diplomatie algérienne, alors que le parti Istiqlal, membre du gouvernement islamiste de Abdelilah Benkirane, avait appelé, vendredi dernier, à la « reconquête » de plusieurs villes du Sud algérien comme Tindouf et Béchar.

Ni le roi Mohammed VI ni le Premier ministre n’ont estimé utile de rappeler à l’ordre Abdelhamid Chabat et de dénoncer les graves propos haineux qu’il a tenus à l’égard de l’Algérie, devenue, aux yeux des dirigeants marocains, le bouc émissaire dans l’affaire du Sahara occidental dont le sort relève des Nations unies en tant que territoire à décoloniser, conformément à la résolution 1514 sur « l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ».

Le secrétaire général du parti Istiqlal, comme son prédécesseur Allal El Fassi, n’ont axé leurs revendications que sur des territoires sahariens avec lesquels le Makhzen marocain n’a entretenu aucun lien historique ou juridique, abandonnant à l’Espagne les présides de Ceuta et Melilla situées à l’intérieur du territoire marocain sur la côte méditerranéenne, face à Gibraltar. Près de 100 000 Marocains vivent dans ces deux villes occupées par l’Espagne qui refuse de les rétrocéder au Maroc, sans que celui-ci ne menace de les reprendre par la force ou n’incite sa population à les reconquérir, préférant mettre en danger la stabilité et l’équilibre du Maghreb dont le Maroc bloque la nécessaire union par ses incessantes revendications territoriales, au demeurant réglées par des accords bilatéraux.

Cette 31e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UMA devait, dans un contexte troublé par les déclarations intempestives du parti Istiqlal, examiner l’état d’avancement du processus d’intégration maghrébine et la possibilité de réactiver les mécanismes et les institutions de l’UMA dans la conjoncture actuelle marquée par l’instabilité de la région, à laquelle participent les discours malveillants et les comportements empreints d’hostilité, empêchant le Maghreb d’aller vers la réalisation de ses objectifs fondamentaux : la libre circulation des personnes, des services, des biens et des capitaux entre les Etats membres de l’UMA.

Vingt-quatre ans après la création de l’Union du Maghreb arabe, ces objectifs ne pourraient être atteints avant que le chantage sur les frontières n’ait réellement cessé, l’affaire du Sahara occidental devant trouver sa solution dans le cadre d’un référendum d’autodétermination auquel le Front Polisario appelle. Néanmoins, ainsi que le souligne le ministre algérien des Affaires étrangères, face aux tentatives de déstabilisation de la région sahélo-saharienne et aux dangers qui la guettent, les pays du Maghreb doivent coordonner leurs efforts pour rétablir la sécurité dans leur espace livré au crime organisé transfrontalier, au terrorisme, au trafic d’êtres humains et de drogue.

Brahim Younessi