La question de la sécurité dans la région du Maghreb sera au menu de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’UMA qui s’ouvre lundi à Alger, a indiqué dimanche Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines dans une déclaration à l’agence APS.
«L’Algérie avait pris l’initiative d’appeler à la tenue de cette réunion, qui est la première du genre au niveau maghrébin, pour traiter des questions de sécurité », a-t-il souligné en rappelant au passage que cette réunion qui se tient conformément à la décision du Conseil des ministres des Affaires étrangères, tenu à Rabat le 18 février dernier, a été décidée à l’initiative du gouvernement algérien.
Il faut dire que jusque-là chaque pays a vu midi devant sa porte, s’agissant de la situation sécuritaire qui sera lundi au cœur des discussions. Pire : chacun des pays a son approche du phénomène terroriste.
Il est même arrivé par le passé que des accusations soient échangées entre les pays du Maghreb à ce sujet. On se souvient notamment de l’attentat de Marrakech au Maroc en 1992, imputé par les autorités marocaine à L’Algérie. A la suite de quoi d’ailleurs les autorités marocaines avaient décidé d’instaurer un visa d’entrer pour les Algériens, avant de revenir des années plus tard sur cette décision.
Autre paradoxe qui n’est pas des moindres, contrairement à la reconnaissance par des pays extra-maghrébins et non des moindres, l’Algérie n’était pas reconnue dans sa propre région comme un pays qui a une expertise dans ce domaine sensible et stratégique de la lutte contre le terrorisme, voire de leader dans cette lutte.
Etant pleinement engagée depuis plus de vingt ans, ses services de sécurité disposent de l’expérience et de moyens logistiques adaptés. Sur le plan du renseignement, Alger a réussi à mettre en place des mécanismes de partenariat dans le cadre de l’Union africaine et avec les principaux pays occidentaux, dont les États-Unis qui se sont toujours félicités de trouver en Algérie toute l’expertise sur ces questions.
Mais au niveau de sa région naturelle, pas le moindre écho sur le sujet alors que c’est le seul pays à avoir des frontières communes avec l’ensemble de ses pairs de l’UMA.
La Mauritanie, par exemple, a elle aussi subi des attaques terroristes ces dernières années et le pays allait chercher appui en France comme en 2010 pour mener des opérations militaires coup de poing contre AQMI sur le territoire… malien. Des actions qui allaient à l’encontre de principes définis quelques mois plus tôt par les pays membres du Comité sahélien d’état major opérationnel conjoint.
Idem au Maroc qui lui aussi, à son corps défendant, n’a pas été épargné par le djihadisme dont il avait essayé vainement d’attribuer la paternité à notre pays.
La situation en Libye avec le transfert de l’arsenal de Kadhafi vers le Mali, n’a fait que compliquer l’équation sécuritaire dans la région. Une situation assez préoccupante pour que les responsables politiques de l’UMA décident enfin d’activer cette organisation qui a jusque-là existé à titre purement formel à cause en particulier du problème du Sahara occidental sur lequel l’Algérie et le Maroc continuent d’avoir des approches diamétralement opposées.
Les changements politiques intervenus au Maroc et en Tunisie, avec l’arrivée des majorités islamistes au pouvoir, la disparition du régime de Kadhafi conclue par la tenue des premières élections libres et pluralistes en Libye samedi, sont autant de facteurs de nature à faire bouger les lignes au niveau de l’UMA.