Si pour l’instant le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri, affirme « qu’il est encore tôt pour parler de sécheresse », il ne cache pas, toutefois, son inquiétude et celle des agriculteurs.
Le ministre de l’Agriculture a déclaré, hier, appréhender des moments encore difficiles et une production faible au cas où le ciel ne sera pas clément durant ces deux mois. Et la campagne agricole risque d’être compromise. « Tout ce que nous souhaitons pour notre agriculture, c’est d’enregistrer des précipitations durant les mois de novembre et décembre.
Nous sommes en train de subir un déficit chronique en pluviosité. Les agriculteurs labourent dans des conditions pénibles », a-t-il précisé avant d’ajouter que fort heureusement la production, notamment de certaines filières, comme la pomme de terre, a connu, lors de cette campagne, une croissance remarquable « et nous sommes même arrivés à des taux records ».
Intervennat lors de 19e session d’évaluation des programmes du renouveau agricole et rural, en présence du ministre des Ressources en eau et des ministres délégués chargé du Budget et de la Réforme du service public, M. Nouri a souligné qu’il est temps que les agriculteurs, ayant enregistré une forte production, s’orientent vers l’exportation. Il a, dans la foulée, fait observer qu’il est impératif de mettre en place un programme de réalisation d’unités de congélation et de stockage.
Croissance de 9,4% de la production agricole
Selon le bilan trimestriel arrêté au 3e trimestre 2013, présenté par M. Hocine Abdelghafour, directeur des statistiques au ministère de l’Agriculture, le taux de croissance de la production agricole, pour la saison 2012/ 2013, est de l’ordre de 9,4% contre 6,3% durant la saison précédente. Pour ce qui est de la valeur globale de la production agricole, elle est de 2521,5 milliards de dinars, soit une augmentation de 13,4%.
Décortiquant ce bilan, le même responsable a fait savoir qu’une production record a été enregistrée dans la filière pomme de terre, réalisant 48,5 millions de quintaux contre 42,8 millions de quintaux en 2012. Les wilayas d’El Oued et Aïn Defla sont classées premières avec des productions respectives de 11,7 millions et 7,3 millions de quintaux. Cette tendance haussière est également observée dans les filières lait dont la production a atteint 3,4 milliards de litres contre 3,1 milliards de litres en 2011/2012.
La production de dattes, oléicole, tomate industrielle, de produits maraîchers et des agrumes a également connu un accroissement substantiel. Seul bémol : la filière céréalière dont le volume a baissé cette année à 49,1 millions de quintaux contre 51,3 millions de quintaux réalisés lors de la campagne précédente. Pour ce qui est des viandes rouges et blanches, la production a atteint, respectivement, 4,7 et 4,2 millions de quintaux.
Enquête pour déterminer les causes de l’abandon des exploitations agricoles
Même s’il n’a pas caché sa satisfaction quant à ces « bons » résultats, le ministre a rappelé que les wilayas qui n’ont pas réalisé les résultats escomptés seront contraintes de justifier le recul en production, citant, entre autres, Adrar. Dans le même contexte, il a déploré que certaines exploitations agricoles sont en abandon soulignant qu’une enquête sera ouverte pour en déterminer les causes. M. Nouri est convaincu du fait que « le développement de l’investissement dans le domaine agricole ne peut se réaliser sans la lutte contre la bureaucratie et la facilitation des procédures administratives ». Il a ainsi informé que l’opération de régularisation du dossier du foncier agricole (passer à la concession) sera clôturée à la fin du mois de décembre prochain.
une carte nationale pour définir les besoins en minoterie et laiterie
Les minoteries et les laiteries sont en surnombre de 20 à 25%. Une raison pour laquelle le ministre a souligné qu’il faudrait mettre en place une carte nationale pour définir les besoins au niveau national et surtout assurer une répartition équitable. Pour lui, ce surnombre ne fait qu’alourdir la facture des importations de la matière première. Par ailleurs, le ministre des Ressources en eau a rappelé les efforts consentis par son département dans le cadre du développement agricole visant principalement « la mise en place d’un système moderne d’utilisation de l’eau. »
Wassila Ould Hamouda