Le prix de la sardine qui variait il y a quelques semaines entre 50 et 120 dinars le kg, selon la qualité du poisson, son calibre et l’abondance de la pêche, s’est envolé pour atteindre 300 dinars, a-t-on constaté mercredi à El Kala (El Tarf).
Au port de pêche de cette ville côtière, le casier de 20 kg de ce poisson bleu se vendait, dans la matinée, entre 5.000 et 5.200 dinars au prix de gros.
Aux quidams qui s’étonnent de cette « flambée » d’un produit de la mer dans une cité méditerranéenne, un patron de pêche rétorque que cette situation est due à « la rareté du poisson durant cette période marquée par le mauvais temps ».
Des conditions climatiques, soutient M. Zine Ziani, qui « obligent ce genre de poisson à fuir la zone de pêche vers d’autres lieux plus cléments ».
Selon lui, lorsque l’offre est en-deçà de la demande, les prix s’en ressentent irrémédiablement, surtout, explique-t-il encore, que « toute la région s’approvisionne en poissons à partir du port d’El Kala ».
Saupoudrant ses quelques casiers de sardine de glace pilée, ce pêcheur, comme pour montrer qu’il a raison, montre les maigres quantités de sardines pêchées garnissant çà et là de vielles caissettes plates en bois, au pied des chalutiers pélagiques, spécialisés dans la pêche au poisson bleu.
Une ménagère de la place, Mme Khadidja S. qui pensait faire des économies en s’approvisionnant « à la source », est loin de partager le point de vue de M. Ziani.
Pour elle, il y a forcément de la spéculation dans l’air et cela « se vérifie à chaque fois que les sardiniers ne rentrent pas au port pleins à craquer ».
Sinon, dit-elle, « comment expliquer que le saurel (un poisson bleu proche du maquereau, ndlr) qui constituait, il y a peu le poisson des ménages à faibles revenus, connaisse lui aussi une hausse vertigineuse pour être cédé à 200 dinars le kg au lieu de 120 dinars il y a quelques jours seulement ? ».
Ne trouvant pas de réponse qui puisse satisfaire la dame, le patron de pêche affirme que le prix de tous les poissons bleus connaîtra « certainement » une « forte chute » dès le retour du beau temps, ce qui permettra, selon lui, aux sardiniers cloués au port depuis plusieurs semaines de sortir enfin en mer et de participer au relèvement de la production de sardines de manière significative.
Mme Khadidja S. ne l’écoute déjà plus : elle semble réfléchir à un plat de remplacement aux sardines en escabèche qu’elle avait un peu trop hâtivement promis à sa petite famille.