Le port de pêche de Sidi Lakhdar, distant d’une soixantaine de kilomètres à l’est de Mostaganem, commence à se forger une réputation en matière de pêche de la sardine, si l’on en croit des sources proches du secteur et qui estiment sa production à quelque 3.000 cageots/jour, parmi eux des dizaines seraient rejetés en mer au cours de ces derniers temps, pour maintenir les prix.
Des prix en deçà desquels les armateurs et les patrons pêcheurs ne pourraient plus récupérer leur marge bénéficiaire, quand on sait que le poids moyen d’un cageot peut atteindre facilement les 20 kilos, au moment où la sardine est cotée dans nos pêcheries et chez les revendeurs à la criée, au-delà des 100Da le kilo.
Un prix qui relève maintenant de l’invraisemblable et qui place la sardine hors de portée des bourses modestes, comme l’ont fait auparavant les autres variétés de poisson dit «noble», à l’image du poisson blanc ou des crustacés. «Sachant que le pouvoir d’achat de la majorité des consommateurs est rudement mis à l’épreuve, pourquoi le sardine est-elle donc rejetée en mer?», s’étonne un retraité de l’ORAVIO.
Kamel, patron pêcheur de son état, venu d’une wilaya du centre pays pour exercer son métier, y répond. «L’absence de hall de vente de gros à la criée, d’installations frigorifiques et de conserveries de poissons dans votre région, impacte négativement, dit-il, l’activité de vos ports de pêche et se répercute forcément sur l’irrégularité des prix du cageot de sardine.
Lorsque ce poisson bleu est ramené en abondance pour être déchargé sur les quais, les frais de manutention augmentant, ainsi que les frais de main d’œuvre, il ne faut pas que son prix descende en dessous d’un seuil minimum, en deçà duquel on risque de travailler à perte», a-t-il souligné.
«Fort heureusement, dira Abderrahmane, marin pêcheur fraîchement débarqué d’un sardinier, les gros clients viennent d’Alger, de Tiaret, de Mascara et de Mostaganem, avec leurs camions frigorifiques pour enlever la production ramenée par nos bateaux. Autrement, ce ne sont pas les consommateurs locaux qui nous aideraient à maintenir nos salaires.
Les soi-disant clients locaux ou régionaux ne nous prennent pas plus de cinq cageots, par souci de les écouler rapidement», a-t-il poursuivi.
Et de citer le prix dérisoire que le marché offrait par le passé et dont l’éventualité du retour oblige les patrons des bateaux à rejeter le poisson à la mer, tout en se gardant bien de révéler l’importance des quantités rejetées. «C’est rare, rassure-t-il, mais cela nous est déjà arrivé, pour maintenir les prix…».
«Cette pratique, diront quelques armateurs, nous permet de couvrir les charges, comme les taxes, les pièces détachés, le mazout et les tâches d’entretien divers». Se joignant à la discussion, le propriétaire d’un camion frigo constate: «Même la glace disponible habituellement en ces lieux, est devenue introuvable pour assurer la conservation du poisson.»
A signaler enfin, que certains armateurs sont venus d’Alger, de Tipaza, de Cherchell et de Ténès, pour activer au niveau du port de Sidi-Lakhdar, eu égard à l’existence d’une biomasse considérable le long de cette côte.
Lakhdar Hagani