La sardine a franchi son plus haut prix jamais atteint. Elle est proposée à 600 DA le kg et beaucoup plus dans les grands centres urbains. La caisse contenant environ 20 kg est vendue sur les quais à 12 000 DA, alors que dans un passé récent elle dépassait rarement les 2 000 DA. La rareté de cette espèce animale marine s’accroît de plus en plus.
Un phénomène marin qui perdure sans qu’aucune solution ne soit trouvée ou expliquée. Lequel a contraint les pêcheurs et plus particulièrement les jeunes à tourner le dos, voire abandonner ce métier ancestral pour d’autres tels que l’agriculture, le bâtiment. La rareté du produit persiste et serait la principale cause de cette flambée du prix du poisson, indique-t-on.
Pour preuve, les quelques embarcations revenues de leurs sorties de pêche sont revenues bredouilles pour accoster au niveau des quais d’attache que celui de la vente. Cette virée au port de Zemmouri spécialisé dans la pêche de la sardine, nous a permis de découvrir le calme et la monotonie au niveau du site. La tristesse se dessine sur les visages de ces quelques marins que nous avons abordés. Lesquels n’ont aucun métier autre que celui de la mer et ne vivent que du produit de la pêche. Ces derniers lancent un signal de détresse pour préserver ce métier bien qu’ils sont conscients que la mer ne nourrit plus.
«Les pêcheurs sont au bord de la pauvreté», affirment-ils. «Nous ne pouvons plus vivre du produit de la pêche. Chacun de nous est endetté auprès de l’épicier pour nourrir nos enfants», ajoutent-ils. «A chaque sortie en mer nous encourons des frais que nous ne pouvons pas couvrir même pas ceux du carburant».
Si certains patrons pêcheurs évoquent le manque d’équipements, citant la rareté des ballons des filets sur le marché, d’autres, des anciens, soulèvent le nombre d’embarcations de pêche équipées de puissants moteurs qui font fuir les colonies de poissons vers d’autres destinations et aussi le manque de professionnalisme de leurs propriétaires. Certains indiquent que ce phénomène est survenu après le séisme du 21 mai 2003.
C’est ainsi que les pêcheurs sollicitent les hauts responsables et scientifiques pour trouver une solution à ce phénomène qui est apparu, selon eux, après le séisme du 21 mai 2003. Outre ces derniers, les cris des mareyeurs qui sillonnaient les ruelles des quartiers se sont tus pour changer carrément d’activité.
Même les restaurants spécialisés trouvent de la peine pour s’approvisionner en poisson et satisfaire leur clientèle, bien que cette dernière soit moins nombreuse depuis un certain temps. «Dans un passé récent le restaurant affichait complet, notamment les weekends pour savourer nos spécialités et plus particulièrement la sardine grillée à la braise. Les tables sont réservées bien à l’avance», avança Omar un restaurateur connu dans la région pour ses spécialités. «Aujourd’hui les clients ne se bousculent plus», ajouta tristement Omar, après un silence.
A.K.