Si pour Mme Labidi, «la souffrance» était de courte durée, d’autres ministres ont eu à faire face à des situations autrement plus complexes.
Le gouvernement de Abdelmalek Sellal rendra son tablier dans un peu plus d’un mois. Sur les cinq années de gestion des affaires publiques, l’Exécutif est passé du chaud au froid, sans transition. D’une situation d’hyper embellie financière à un déficit commercial de plusieurs milliards de dollars en l’espace de quelques mois, la législature n’aura pas été de tout repos. Il reste que le «choc thermique» n’aura pas été le seul indicateur du dynamisme de l’équipe gouvernemental ou dirions-nous des équipes puisque l’Exécutif a été remanié quatre fois entre 2012 et 2017. Sur ces cinq longues années, les ministres de Sellal ont eu des fortunes diverses.
Certains ont connu un passage très mouvementé à la tête de leur département, à l’image de l’éphémère Nadia Labidi, «étriquée» par une Louisa Hanoune, plus en forme que jamais dans son offensive contre l’ex-ministre de la Culture.
Si pour Mme Labidi l’exercice était de courte durée, d’autres ministres ont eu à faire face à des situations autrement plus complexes et certainement plus sérieuses, car elles engageaient la santé et le pouvoir d’achat de millions de citoyens. Sur la liste des ministres sur la sellette, il y a l’incontournable ministre de la Santé.
Même si le département a vu passer deux responsables au moins, il reste que l’opinion gardera en mémoire, un certain Abdelmalek Boudiaf qui, en parrainant un «drôle de chercheur» a déclenché l’une des plus importantes polémiques de la décennie. Sans précédent dans les annales de l’industrie du médicament en Algérie, un médecin a réussi à passer par les mailles des contrôles et placer sur le marché un «médicament miracle» contre le diabète (RHB). Abdelmalek Boudiaf n’étant pas étranger à cette affaire a subi les foudres de l’opinion nationale.
Mais à peine oubliée l’affaire du RHB, que le monde médical se retrouve frappé par la pénurie d’un certain nombre de médicaments qu’on ne trouve plus dans les officines. Boudiaf aura eu une vie de ministre pas facile du tout.
Dans la série de ministres qui ont fait parler d’eux, mais dans un autre registre, celui de la Communication a brillé par une attitude ferme sur une question qu’il dit de principe.
Le viol de la loi relève de cette logique et Hamid Grine a pris le parti de la réglementation contre une opération d’achat d’une télévision privée par un opérateur économique qui a pignon sur rue. Le ministre savait la puissance de feu des médias qui s’étaient ligués contre lui. Il savait qu’il ne sortirait pas indemne d’une telle confrontation. Ces médias ont une longue liste de victimes dans leurs placards.
Le ministre de la Communication est donc monté au créneau et défendu le point de vue du gouvernement face à une sorte de tribunal médiatique qui avait rendu son verdict avant même la tenue du procès. Celui-ci a donné raison au ministre et la vente a été annulée. Mais il faut dire que Hamid Grine a la victoire humble puisque aucune mesure coercitive n’a été prise à l’encontre des «procureurs médiatiques». Le dossier clos, le ministre s’en est allé ouvrir d’autres chantiers, suscitant plus ou moins «d’animosité» de la part de ses contradicteurs mais tout cela s’est fait, faut-il le souligner, dans les limites de la liberté d’expression que Grine respecte jusque-là, scrupuleusement.
Il a entamé sa mission à la tête de l’enseignement supérieur avec une «gaffe» dans son secteur. On se rappelle l’épisode de l’interdiction faite à une étudiante de passer son examen au motif qu’elle était habillée d’une jupe courte. Le tollé provoqué par cette affaire a fait que les Algériens ont eu pour premier propos sur Tahar Hadjar, des excuses présentées à l’étudiante en question.
Le ministre qui aurait sans doute apprécié une mandature calme à la tête de l’enseignement supérieur est revenu régulièrement au-devant de la scène, en raison de l’état, disons-le, délabré, de beaucoup d’universités du pays. Hadjar n’a pas eu la responsabilité facile, puisque sitôt une brèche colmatée qu’une autre éclate. La dernière en date, la trop longue grève des étudiants en pharmacie, gérée de manière chaotique, laisse un goût plutôt amer du passage de Tahar Hadjar à la tête d’un secteur névralgique. Un acte surprenant pourrait résumer la période Hadjar à l’enseignement supérieur: la suspension des activités du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes). Un précédent qui laisse sans voix.
Si les ministères cités précédemment concernaient des catégories de la société, celui du Commerce qui a connu plusieurs locataires, a fait les choux gras de la presse durant les cinq années de la législature. Jusqu’à aujourd’hui, on évoque les licences d’importations et la flambée des prix des produits de large consommation. Si le département est dirigé par un intérimaire en la personne de Abdelmadjid Tebboune, il a de tout temps tenu le haut du pavé dans les préoccupations des citoyens. Que ce soit du temps de Amara Benyounès ou du défunt Bakhti Belaïb, le secteur a toujours été une lourde responsabilité, notamment depuis la chute des prix du pétrole.
La décision de réduire les importations impacte prioritairement le département du commerce. A quelques semaines de la fin de mission pour le gouvernement Sellal, Tebboune est celui qui a la position la plus avancée sur le front. Dans le prochain gouvernement qui devrait voir le jour à la veille du Ramadhan, le ministre du Commerce sera «l’homme à abattre» pour l’opinion nationale. Qui campera donc le rôle du kamikaze du premier gouvernement de la prochaine législature?