La santé en Algérie: nécessité de rationalisation des dépenses et d’une approche participative

La santé en Algérie: nécessité de rationalisation des dépenses et d’une approche participative

Le secteur de santé en Algérie, qui a réalisé des « avancées impressionnantes », devrait rationaliser ses dépenses et adopter une approche participative impliquant l’ensemble des intervenants, a recommandé mardi à Alger, le Rapporteur spécial onusien pour le « droit à la santé », Dainius Puras.

Le système de santé en Algérie a réalisé des « avancées impressionnantes » depuis l’indépendance mais gagnerait à adopter une démarche de « rationalisation de ses dépenses », a plaidé le représentant onusien, lors d’une conférence de presse de présentation d’un rapport d’évaluation circonstancié du secteur, réalisé au terme d’une visite de deux semaines dans le pays.

Estimant que la conjoncture économique actuelle, marquée par la chute des prix des hydrocarbures, n’a pas impacté négativement le secteur de la santé, le responsable onusien a toutefois recommandé « une rationalisation des dépenses autant que possible ».

Cette attitude, a-t-il poursuivi, est « valable indépendamment de la crise financière, dans le sens où l’Algérie doit notamment renforcer les soins primaires, de sorte à ce que les cas modérés ne soient pas orientés vers le secteur privé ».

Il a, en outre, plaidé pour une approche « participative impliquant les autres départements ministériels ainsi que les citoyens, les représentants de la société civile et autres organisations professionnelles intervenant dans le domaine de la santé ».

« Il faut une politique de santé publique qui soit intersectorielle », a-t-il noté à ce propos, faisant savoir qu’autrement, les efforts du secteur pour l’amélioration de l’accès, pour tous, à la santé ne pourront aboutir.

Exprimant son satisfecit quant aux avancées enregistrées par le secteur dans divers domaines, le rapporteur onusien a observé néanmoins des « défis » devant être relevés en matière de lutte contre la mortalité maternelle et infantile, dont la proportion « demeure importante en dépit des efforts consentis pour la réduire ».

Relevant que « l’accent est excessivement mis » sur les structures hospitalières, il a également observé des lacunes en matière, entre autres, de médecins spécialisés notamment dans les régions rurales et enclavées.

S’agissant de la  santé mentale, M. Puras a conseillé de soulager les établissements psychiatriques en consacrant, dans chaque hôpital généraliste, un service dédié à cette discipline de la santé.

Le rapporteur onusien, qui s’est intéressé de manière particulaire dans son évaluation à certaines catégories de la société, a relevé les difficultés que rencontrent, entre autres, les personnes atteintes du VIH Sida pour accéder aux soins, en raison de « la stigmatisation » dont ils font l’objet ».

Il en est de même, a-t-il relevé, des adolescents et jeunes dont il a encouragé l’éducation sexuelle et reproductive pour les protéger des risques encourus, relevant également la nécessité de renforcer la prévention à leur profit contre le phénomène du suicide.

Le représentant onusien qui a déploré un manque de structures de protection de l’enfance, a salué le récent amendement constitutionnel en matière de protection des femmes contre la violence.

Le rapport de M. Puras n’as pas omis, par ailleurs, d’aborder la situation des migrants et des réfugiés qui, quoique bénéficiant de soins gratuits en Algérie, rencontrent parfois des difficultés à y accéder en raison également de « la stigmatisation dont ils font l’objet de la part du personnel soignant ».

Le représentant onusien a enfin, fait savoir que le rapport d’évaluation établi durant sa présence en Algérie sera présenté ultérieurement au Conseil des Droits de l’homme à Genève.