Après ces malades qui nous gouvernent, des malades sans aucun mode de gouverne.
L’Algérie occupe en ce moment les devants de certaines scènes médiatiques très tendance et qui auraient pu nous laisser rêveurs n’était-ce « etbehdila » dans laquelle elles nous précipitent. Aucune action d’éclat en promotion, mais une éclaboussure en cause qui fait que nous descendants des uns millions et demi de martyrs sommes devenus la risée de tout le monde et le centre d’intérêt des émissions satiriques.
Après le Flop Ten de Laurent Ruquier, le Petit Journal de Yann Barthez, une pointure de la critique télévisuelle française, autorité en matière de prédation des petitesses nichées dans la gestuelle s’intéresse Ô j’exulte à nous !
L’animateur de télévision sacré le plus sexy du monde on s’en balance et élu Personnage préféré des Français, on s’en contre balance, dont l’œil de lynx engrange près de 96 millions d’euros/An, ne pouvait qu’aboutir au vivier prolifique qu’offre notre paysage cathodique élégiaque.
En cause Canal Algérie, la chaîne de télévision d’expression française, mais pour quelle raison est-ce que je précise ? Elles sont toutes taillées dans la même abjection morale et quel que soit les différences linguistiques, un maître-mot les fédère : l’imposture maladroite. Souvent distillée par de sales gueules, exceptionnellement, un beau gosse s’en charge, mais ça change quoi à la laideur du procédé ?
Le sujet, 45 minutes surnaturelles que seuls des matheux rôdés en spéculations oiseuses et cumuls hasardeux peuvent réussir. 45 longues minutes accordées par le Président Bouteflika au chef du gouvernement français M. Jean Marc Ayrault en présence du notre, le désopilant M. Sellal. 45 foisonnantes minutes, pendant lesquelles le chef de notre état s’est illustré en matière de maîtrise des dossiers en cours à tel point que son hôte a eu le souffle coupé.
J’hallucine ! Que la France veuille fourber le peuple algérien en abusant de sa crédulité ne me surprend même pas, c’est pulsionnel chez elle. Mais d’Algériens à Algériens, ça devient extrêmement malsain, contre nature, sodomitique, ça relève du répugnant gag scatologique !
Décidément, nos gouvernants sont des crétins, en 50 ans de règne, ils n’ont rien retenu de nous. Je comprends que le cours du pétrole les monopolise à ce point et ils le lui rendent d’ailleurs très bien mais pas au détriment du cours de notre scepticisme. Nous ne croyons plus en rien, encore moins en vos montages ratés que même un nouveau-né peut déceler. Pitié arrêtez de vouloir nous flouer juste pour renflouer vos escarcelles ! Prenez ce que vous voulez, y compris ce qui ne reste même pas, mais laissez-nous l’intégrité de notre santé mentale !
Et si maîtrise il y a, c’est celle d’une séquence brève, captée par un caméraman persévérant sur la personne d’un Président tentant vainement de surmonter un état stuporeux, rééditée par des techniciens de l’opprobre autant de fois que nécessaire de façon à ce qu’un chef monteur sans probité aucune arrive à produire un échange fécond de 45 minutes ayant soi-disant époustouflé le premier ministre français. Dans ses rêves ? Bon si l’on se réfère à l’indolence du patron de ce dernier on comprendrait que le petit geste manuel du notre soit pris pour un élan surpuissant, mais quand-même ! Participer à une telle mascarade ! Zemmour aurait-il finalement raison en concluant avec cynisme : « L’Algérie, c’est toujours un peu la France » ? Devrons-nous nous mettre en concert avec les Français à la chironomie pour une gestuelle Ô comble astucieusement télécommandée ?!
Stop ! Arrêtez de vous obstiner à nous mystifier par des truquages grossiers qui ne font plus illusion. C’est outrageux ! Basta ! Pourquoi tant d’efforts pour une plèbe qui a de toutes façon basté ?! Question d’inhérence ?
Finalement, l’Algérie n’a fait aucun pas depuis ce 27 décembre 1978, jour funèbre où des millions d’Algériens à l’affût des dernières nouvelles de leur président malade veillaient face à leurs écrans TV, rongés par l’inquiétude. Pendant ce temps, d’autres citoyens s’affûtaient pour la circonstance et n’ont rien trouvé de mieux pour leur signifier que Boukherrouba était entre les mains du divin qu’un documentaire macabre mettant en scène de vieux éléphants se dirigeant vers leur cimetière.
Quand le fabuliste et non moins fabuleux Fellag en a fait un sketch hilarant, il était loin de deviner qu’en ces temps-là, la télévision algérienne partisane du souverainisme absolu, tout en observant les lois du mutisme qui culminaient, faisait au moins preuve d’un peu de déférence vis-à-vis du public, l’impliquant dans les décryptages scabreux qu’elle mettait au point.
Il semble qu’en 35 ans, l’estime due à la plèbe s’est complètement oblitérée. Antoine de Rivarol aurait dit : « Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir ». Qu’en est-il lorsque l’irrévérence des gouvernants ne connait aucune limite ?
Une situation malheureusement plus ambivalente qu’il y a trois décennies ! L’éléphant, vu l’image qu’on arrive à intercepter de lui malgré les subterfuges ne peut que vouloir se retirer parmi les restes de ses congénères, mais que voit-on ? Des hyènes et des chacals, sempiternels alouvis, plombés par une convoitise indéfectible investissant le cimetière des éléphants pour rafler tout l’ivoire. Auparavant, ils ont pris le soin de drainer les infortunés autour d’un ectoplasme aboulique qui peut clapser d’un moment à l’autre. Activez, pauvres mortels, Dieu chronos n’accorde aucun délai. Quand à Dieu tout court il est réputé pour « Youmhil wela youhmil ».
Houria Magha