Le 17 octobre 1961, à Paris, la police de l’Etat Français entreprenait un massacre d’envergure à l’encontre des Algériens, accompagnés parfois de femmes et d’enfants, qui entendaient protester contre le couvre- feu qui leur était spécialement imposé. Des dizaines parmi eux furent précipités dans la Seine où ils se noyèrent et d’autres bastonnés jusqu’au sang ou bien arrêtés.
Convié à s’exprimer, mardi, à la chaine 3 de la Radio Algérienne, le responsable de la Fédération du FLN en France rappelle qu’il s’agissait pour les protestataires de dénoncer un « couvre-feu raciste », en ce sens, déclare-t-il, qu’« il s’imposait uniquement aux Algériens ». Il cite à cet effet une note de la préfecture de police interdisant « aux français Musulmans », de circuler en groupe de plus de trois personnes « et de ne pas sortir de chez eux, entre 19h30 et 5h30.
Il indique que cette impitoyable répression a été déclenchée au moment même où des représentants du FLN et du gouvernement Français négociaient une cessation du conflit en Algérie.
Il signale, d’autre part, que ces exactions ne se sont pas arrêtées là. Durant les jours qui suivirent, rappelle-t-il, des massacres et des arrestations continuèrent à cibler les Algériens, dont certains « furent ligotés et jetés dans des canaux ou bien pendus au Bois de Vincennes ».
M. Ali Haroun indique que la situation de violence ainsi créée a alors amenée les militants de la fédération à réagir en s’en prenant particulièrement aux « policiers tortionnaires », sans préciser les méthodes utilisées pour cela.
Notant, par ailleurs, que les politiques Français ont persisté, durant de longues années, à occulter cette tragédie, il souligne qu’en une seule soirée, celle-ci a, « vraisemblablement », donné lieu à la mort de 200 à 400 Algériens, ainsi qu’à 12.500 arrestations, « dont un millier de femmes et 111 enfants » parmi eux.
Commentant la reconnaissance, 51 ans après, « avec lucidité », par le président Hollande de cette sombre page de l’histoire de France, l’intervenant considère que les rapports « entre les nations et les peuples doivent être apaisés », estimant qu’il ne s’agit pas pour autant de « tout oublier », mais qu’en face soit reconnu « officiellement et réellement » ce qui s’est passé.
« On ne peut, considère-t-il, bâtir des rapports sur un mensonge ou sur une occultation », notamment en persistant à cultiver, à ce jour, les discours vantant « les bienfaits de la colonisation ».