L’information est tombée tel un couperet. Le ministère de la Culture a décidé de fermer la salle Mohamed Zinet pour un mois pour des motifs de diffusion de films piratés par cette salle. Le ministère de la Culture invoque plusieurs infractions dont celle de la diffusion d’un film qui aurait été jugé inapproprié pour le mois de Ramadhan. Cela fait suite à la parution d’un article sur un journal arabophone qui traite la comédienne Pamela Anderson qui joue dans le film comique Borat d’«actrice pornographique».
Un film qui, note-t-on, a été diffusé il y a deux semaines dans le cadre du ciné-club de Cinuvers. Aussi, la suspension de ce ciné-club pour des motifs qui relèvent de la morale aurait ainsi joué en défaveur de la salle Mohamed Zinet.
Le ministère de la Culture aurait ainsi trouvé la faille pour faire arrêter durant un mois le travail d’ une équipe de jeunes cinéphiles chevronnés dont le seul tort a été de vouloir distraire des centaines d’autres jeunes comme eux durant ce mois, sacralisé par certains jusqu’à la mythification crasse. S’il existe un vide juridique en tout cas concernant le travail des ciné-clubs croit-on savoir, la salle Mohamed Zinet pourtant considérée comme privée, tombe sous le couperet de la loi qui imposerait à ce qu’une commission de visionnage regarde d’abord les films avant leur diffusion sur grand écran. La question posée est: de quels films s’agit-il? Et pourquoi cette décision de fermer la salle, même temporairement, arrive le même jour de la sortie de cet article? Ce jugement de valeur sur un film a-t-il joué le rôle d’écran de fumée pour stopper une salle de cinéma devant faire son travail?
N’est-ce pas là une manoeuvre malhonnête qui sert d’excuse et de prétexte pour piéger une fois pour toutes une salle de cinéma dont le seul tort là aussi est de diffuser des films et d’abriter depuis des années des ciné-clubs dont de grands réalisateurs algériens en sont issus. On citera les noms de Karim Moussaoui, Sofia Djama, Hassan Ferhani pour ne citer que ceux-là dont les noms brillent aujourd’hui dans les grands festivals de cinéma au monde et pourtant, formés au biberon du ciné-club de Chrysalide qui, lui-même, n’avait jamais eu à se soucier de se prémunir d’un visa d’exploitation pour diffuser les grands chefs-d’oeuvre du cinéma universel et même algérien… Alors quelle mouche a-t-elle piquée aujourd’hui Azzedine Mihoubi? Vise-t-il par cet acte le réalisateur Yanis Koussim dont le producteur algérien actuel de son film Alger by night n’est autre que Sofiane Khodja, le directeur même de la salle Mohamed Zinet?
On a le droit de se poser la question… On ose espérer que non! Info capitale à retenir: Borat est en vente libre en Algérie, avec le timbre de l’Onda. Alors de qui se moque-t-on? Cinuvers aura-t-il joué finalement un simple rôle d’appât pour attraper l’hameçon? Tous les scénarios sont possibles…