La saison estivale pointe du nez. Elle sera ouverte incessamment, et la wilaya de Jijel devra abriter les festivités de lancement officiel. Appelés à écourter leurs vacances, mois de Ramadhan oblige, les vacanciers algériens comptent profiter au maximum des quelques jours de repos avant de faire face aux dépenses du Ramadhan. En auront-ils la possibilité ?
Tallon d’Achille dans l’industrie touristique, le tourisme balnéaire en Algérie est très peu développé pour offrir à ses hôtes l’évasion et surtout le confort tant souhaités. Habitués à la destination tunisienne, phénomène enregistré depuis quelques années, les vacanciers algériens ont pour beaucoup fait le choix de rester, cette année, au pays au lieu de s’aventurer dans les plages du pays voisin, en raison d’une situation politique instable sur fond d’une montée de l’islamisme radical. Très prisées pour l’excellente prestation de service qu’elles réservent à leurs visiteurs, les stations balnéaires tunisiennes n’ont jamais usurpé cette renommée. Outre les atours dont Dame Nature a doté les plages tunisiennes, les responsables du tourisme tunisiens ont, eux, également compris l’enjeu et ont investi dans les infrastructures. Les vacanciers algériens sont unanimes à vanter la beauté des plages et la qualité des infrastructures. Les autorités algériennes qui assistaient, indifférentes, aux flux discontinus d’Algériens se rendant en Tunisie pour y passer leurs vacances d’été, ont paradoxalement adopté une position attentiste empreinte de la même indifférence maintenant que le tourisme balnéaire tunisien attire de moins en moins nos compatriotes. Les quatorze régions côtières qui s’apprêtent à accueillir les estivants nationaux ont concocté des programmes trop peu alléchants pour des visiteurs pas trop exigeants. Le problème de manque d’infrastructures touristiques demeure la tâche noire de la présente saison estivale, comme d’ailleurs les précédentes. En somme, trop peu d’évolution sur ce chapitre. Pourtant, les autorités touristiques avaient une occasion en or pour redorer le blason d’un secteur que les ratages des précédentes saisons estivales ont «renforcé» dans son indigence. Constituant un aspect parmi d’autres dans la chaîne, le nettoyage des plages qui incombe en premier lieu aux collectivités locales en partenariat avec les autorités en charge du secteur, pose un sérieux problème pour les estivants. Face à la démission des autorités, des bénévoles volent au secours des nos plages devenues, au fil du temps, d’énormes décharges d’ordures à ciel ouvert. Il n’est pas rare de croiser un estivant, souvent des enfants, blessés par des objets hétéroclites trônant à même la plage. Une louable initiative de la radio nationale a été lancée visant à donner plus d’éclat à nos plages repoussantes de saleté ! Du côté de la tutelle, l’heure est à la sérénité en dépit de l’énorme travail qui reste à faire. Le ministre du Tourisme a réuni, récemment, les responsables du secteur, pour plancher sur la préparation de cette saison estivale pour laquelle seront mis en place «tous les moyens nécessaires en vue de sa réussite». Une promesse qui revient à chaque saison, mais qui n’est jamais respectée au grand dam des vacanciers. Le tourisme balnéaire, malgré les demandes d’investissement exprimées par les promoteurs nationaux et étrangers, n’arrive toujours pas à se placer sur le marché du tourisme. Pendant ce temps, d’autres destinations étrangères courtisent nos compatriotes.
Quatre plages rouvertes à la baignade dans la capitale
Principale vitrine touristique du pays pour les vacanciers, la capitale ne déroge pas à la règle désormais établie. Aux 4 millions d’estivants potentiels qu’elle s’apprête à accueillir pour la saison estivale 2012, Alger a peu de choses à faire valoir. Quatre plages devraient être rouvertes durant la saison estivale de 2012 dans la wilaya d’Alger pour porter à 68 le nombre de plages autorisées à la baignade, a annoncé la direction du tourisme et de l’artisanat. Il s’agit des plages de Kef El-Araar à Aïn Taya, de la commune d’El-Mersa, de Ouinat Hasni 2 dans la commune de Hammamet et de Conito à Raïs Hamidou. Qu’a-t-on prévu ? Plus de 3 000 saisonniers seront recrutés durant cette saison estivale, ces derniers devront veiller à la propreté des plages et la décoration des communes côtières qui attendent ce rendez-vous avec impatience. Il sera procédé à la réhabilitation des accès des plages et des centres de protection civile, outre l’aménagement de lieux de repos et de parkings. Par ailleurs, en vue d’accueillir le plus grand nombre possible d’estivants dans les meilleures conditions, tous les hôtels concernés par l’hébergement des estivants seront réaménagés afin de garantir un service de qualité. Dans ce cadre, une commission a été créée au niveau de la direction du tourisme et de l’artisanat de la wilaya d’Alger en vue d’évaluer les préparatifs des hôtels et leur respect des normes d’hygiène, d’hébergement et de restauration. La saison estivale, qui sera prise de court par le mois de Ramadhan, sera marquée par des activités culturelles et de loisirs qui seront organisées lors des soirées du mois sacré. S’étendant sur une longueur de 80 km, le littoral de la wilaya d’Alger compte actuellement 64 plages autorisées à la baignade.
La Protection civile est fin prête pour démarrer la saison estivale
Selon le commandant chargé de l’information et la communication à la direction générale de la Protection civile (DGPC), Farouk Achour, pas moins de 10 000 agents sont déployés à travers les plages surveillées des côtes du pays. La direction générale a, par ailleurs, acquis de nouveaux équipements individuels et des zodiacs pour le renouvellement de la flotte afin d’être plus efficace dans les différentes interventions de sauvetage. «En 2001 dernier, nous avons enregistré 50 101 interventions pour sauver 28 794 personnes de la noyade. Malheureusement, nous avons recensé la noyade de 114 personnes dont 66 cas sur les plages interdites à la baignade », précise le responsable. La Protection civile a mis, particulièrement, l’accent sur le phénomène de la baignade dans les réserves d’eau qui se généralise à travers le territoire national et qui a provoqué durant la saison estivale écoulée la mort de 136 personnes. Dans le cadre de la préparation de la saison estivale, la DGPC a réuni, dernièrement à Sétif, les directeurs de la Protection civile du pays qui ont été instruits d’actualiser les plans d’intervention concernant les volets préventif, organisationnel et opérationnel. Pour l’application des programmes de sensibilisation, les directeurs en conclave ont proposé d’axer le travail pour les habitants des agglomérations aux alentours des forêts. En 2011, les différentes unités de la Protection civile sont intervenues 9 259 fois pour l’extinction de 2 487 incendies dans les forêts et broussailles. Les dégâts sont estimés à 13 564 ha de forêts et 3 385 ha de récoltes agricoles. A noter que la direction générale de la Protection civile a, dans le cadre du renforcement de son groupement aérien, conclu dernièrement un marché pour l’acquisition de six hélicoptères «multi usages» pour parer aux feux de forêt qui sont légion durant la saison d’été. Deux ont été
réceptionnés et quatre autres seront livrés en 2013. La formation de vingt pilotes, dont cinq femmes, est en cours. Très active pour tout ce qui a trait à la saison estivale, la Protection civile a lancé depuis dimanche dernier une caravane de sensibilisation contre les catastrophes naturelles (séisme, inondations…) qui sillonnera 33 wilayas. Objectif : sensibiliser les citoyens, en particulier les enfants, sur les consignes de prévention et la conduite à tenir en cas de séisme, le sac de survie et la promotion du geste qui sauve. Très fréquentes durant cette période, les noyades et les moyens de les prévenir seront également au cœur des thèmes développés à l’intention des citoyens.
Y. D