La venue éventuelle d’une délégation de «diplomates» et de «militaires» du Conseil de transition libyen (CNT) en Algérie pourrait provoquer un mouvement de colère qui ne serait pas prévu par les pouvoirs publics. C’est ce qui ressort de témoignages faisant état de «préparations intenses dans des quartiers d’Alger de ripostes contre cette visite».
Des appels sont lancés sur des réseaux sociaux pour «réagir le jour de l’arrivée de la délégation à Alger». Les choses semblent sérieuses et ressemblent à la grande mobilisation populaire connue avec les insultes proférées à partir d’Egypte contre l’Algérie lors de la compétition ayant permis la qualification de l’équipe nationale de football au Mondial 2010.
«Nous ne voulons pas de criminels dans notre pays», diront des jeunes d’un quartier populaire d’Alger qui nous confient avoir préparé «la prise d’assaut de l’aéroport international d’Alger si jamais les criminels de Mustapha Abdeldjalil mettent leurs pieds en Algérie».
«Ils ont torturé des compatriotes en Libye, nous ont insultés et proféré des accusations contre notre pays ; nous ne pourrons pas nous taire et nous refusons qu’ils mettent les pieds dans notre pays», diront des jeunes d’un autre quartier. La torture, suivie de l’assassinat sauvage du colonel Mouammar Kadhafi, et les attaques répétées par le CNT et ses militaires n’ont pas laissé indifférente une grande frange de la société algérienne.
«Je suis prêt à me déplacer à l’aéroport international d’Alger pour signifier au CNT libyen et ses sbires que nous ne voulons pas d’eux dans notre pays», dira un homme, la quarantaine.
Dans les cafés, les rues, la conversation sur les crimes contre l’humanité perpétrés par les «insurgés» libyens contre des civils reviennent souvent. Sur des réseaux sociaux, des appels deviennent de plus en plus nombreux contre la venue de la délégation libyenne en Algérie et demandent l’annulation du déplacement.
«Ils ont injustement accusé l’Algérie, servant volontairement les desseins de leurs maîtres dont le seul but est d’entraîner l’Algérie dans un conflit armé ressemblant à celui qui a dévasté la Libye», diront de nombreux jeunes rencontrés à Alger.
«Vous avez vu comment ils ont assassiné Kadhafi ? Ils n’ont pas ressenti une quelconque pitié pour leur ex-leader, comment voulez-vous qu’ils épargnent l’Algérie ?», s’interroge un habitant d’Alger.
Ils sont très nombreux à souhaiter exprimer leur colère contre «ceux qui, en Libye, se prennent pour des révolutionnaires» et assassinent, sans procès, des civils désarmés, et mutilent leurs corps, en contradiction avec les préceptes islamiques. «C’est le comble de l’hypocrisie quand ils crient Allah Akbar, tout comme le faisait le GIA en Algérie quand il égorgeait, femmes, enfants et personnes âgées», diront d’autres.
«Une atteinte flagrante»
La chaîne de télévision satellitaire Arraï, diffusant à partir de la Syrie et défendant la position des pro-Kadhafi, est suivie par un public algérien de plus en plus nombreux, selon les témoignages de citoyens.
Par contre, la chaîne de télévision satellitaire qatarie Al Jazeera connaît une baisse d’audience du fait de «l’atteinte flagrante aux principes de déontologie journalistique dans la couverture des événements, notamment en Libye, en faveur d’une partie contre une autre».
«Pourquoi Al Jazeera n’a pas montré les images des civils massacrés par des bombardements de l’Otan et achevés, quand ils ne sont pas décédés, par des éléments du CNT ?»
s’interroge-t-on. Les «militaires» du CNT libyen ont commis, selon eux, des crimes contre l’humanité, au su et au vu de ceux qui, parmi les alliés de l’Otan, avaient annoncé avoir décidé d’intervenir en Libye pour «protéger les civils». Des ressortissants algériens, établis ou détenus en Libye, sont ciblés par les éléments de Mustapha Abdeldjalil et l’Algérie est attaquée par différents responsables «militaires et politiques» du CNT.
M. A.