« Leur présence à ces postes (de responsabilité) a fondamentalement pour objectif de détruire la personnalité nationale… Il ne leur suffit pas d’avoir détruit le présent, il leur faut aussi détruire l’avenir ».
C’est par cette phrase et en réponse à une interpellation d’un internaute que la romancière Ahlam Mostghanemi, auteure du roman à succès « Dhakirat Al Jassad » (la mémoire de la chaire) a réagi à la polémique au sujet de l’utilisation de la darja (dialecte) à l’école.
La romancière s’est contentée de cette courte phrase de dénonciation en notant qu’il y aurait encore des choses à dire… »mais ne fait pas mal au cœur en cette nuit, mon cher » a-t-elle ajouté en direction de l’internaute qui lui demandait son avis sur le sujet.
Auteure notamment du « sulfureux » best-seller « la mémoire de la chair », Ahlam Mostghanemi est très loin des islamistes. Elle ne peut pas, non plus, être cataloguée dans le rang des « conservateurs ». Ses romans traitent de thèmes rendus encore plus « sacrilèges » aux yeux des islamistes et des conservateurs du fait qu’ils sont écrits en langue arabe.
ahlam mostghanemi
La réponse concise mais tranchée d’Ahlem Mostghanemi correspond à une tendance dominante chez les intellectuels arabophones – y compris ceux qui sont de gauche et défendent Tamazight – lesquels suspectent derrière cette affaire d’usage de la langue maternelle à l’école des desseins de s’attaquer au statut de la langue arabe en Algérie.
Hmida Ayachi: les « néo-réactionnaires » veulent punir la nouvelle génération
A l’image de H’mida Ayachi, journaliste, écrivain et dramaturge, qui dénonce dans cette affaire une action des « néo-réactionnaires représentants de l’oligarchie bureaucratique » destinée à créer un débat « manipulé sur la question linguistique.
Hier, écrit-il, dans un article intitulé, « néo-réactionnaires, ôtez-vos mains de ma darja », ils ont œuvré à diviser la société en deux, les « arabophones » et les « francophones » avec pour seul objectif de créer une « classe parasitaire » qui a une approche idéologique de langue.
« Au lieu de faire, au moment de l’indépendance, de cette diversité linguistique un capital national… », ils ont choisi de fabriquer des ennemis dans une « guerre qui a miné « l’effort national » et ruiné la cohésion de la conscience nationale ».
Les « néo-réactionnaires » qui avaient le pouvoir dans les années 60 et 70 ont œuvré à déconsidérer les arabophones, à les présenter dans une « image caricaturale » comme des synonymes de « sous-développement et de décadence ».
Pour Hmida Ayachi, la politique d’arabisation mise en œuvre par cette « oligarchie » de « manière opportuniste, tactique et improvisée… » a en définitive entrainé un changement inattendu par elle : les arabophones sont devenus une majorité dans la société.
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Le statut dominant des membres de cette « oligarchie » étant remis en cause, « ils font mine de découvrir de la « darja » qu’ils ne reconnaissent pas et qu’ils n’utilisent pas chez eux ou dans leur vie quotidienne… »
Cette oligarchie, affirme Hmida Ayachi, « veut punir les jeunes générations » qui a dépassé la « situation culturelle passéiste » dans elle se trouve en innovant dans « l’usage de la langue arabe » dans la littérature, dans la presse mais également dans les domaines scientifiques.
Au passage, Hmida Ayachi, rappelle à Louisa Hanoune qui « traite ceux qui critiquent Bengherbrit de conservateurs et d’islamistes » qu’elle est allée très loin, hier, dans l’alliance avec l’islamisme politique radical au « point de les encourager à la désobéissance civile en juin 1991