Ils sont venus, ils sont tous là… La mort a ceci de particulier de réunir des personnes qui ne partagent pas grand-chose; et plus encore, ne se supportent même pas. S’il est humain de partager la peine des gens et compatir à la douleur de leurs familles et proches, Il est par contre inhumain de faire de la comédie dans de telles circonstances.
Comme par exemple, tenter de paraître comme un «ami», un «fidèle» ou un “proche” d’un défunt. A fortiori quand ce dernier occupait une haute fonction officielle. Ce défilement à la queue leu leu des laudateurs de circonstances a été encore une fois vérifié à l’occasion du décès de l’ancien président de la république, Chadli Bendjedid.
L’homme d’Etat qu’il fut n’a pas trouvé grâce aux yeux d’une meute de spécialistes de la récupération des mémoires, durant toute sa retraite malgré les attaques récurrentes dont il a été la cible, à tort ou à raison. Chadli Bendjedid accusait les coups sans broncher, dans sa solitude post-présidentielle.
Quel culot !
Il n’a pas trouvé d’avocats pour plaider sa cause, maquiller son bilan, ou à tout le moins, lui trouver des circonstances atténuantes pour ses ratages. Pendant toute cette période, Chadli était devenu non fréquentable pour cette faune d’opportunistes qui n’ont osé s’encombrer de son compagnonnage au risque, croyaient-ils, de mettre en danger leur carrière.
Pour d’autres, il était tout simplement un pestiféré de la république qu’il fallait éviter pour garder le contact avec les nouveaux maîtres du pays. Puis vint sa mort… On croit rêver en voyant les «douctours» et les ralliés de la dernière heure venir palabrer et pleurnicher sur la mort d’un homme dont ils avaient opportunément mis sous le boisseau la mémoire. Ces incorrigibles bouffons des rois, tiennent les «crachoirs» sur les plateaux des télés privées et publiques et dessinant des portraits racoleurs du défunt.
Alors que les uns et les autres parmi ces laudateurs ont été “jetés” par l’ancien président pour leur incompétence, leur gestion clanique, la dilapidation du patrimoine, leur douteuse moralité, comme celui-là même affublé du sobriquet de “Khâdim al-Haramayn” (serviteur des deux lieux saints) pour avoir servi la famille de Chadli à Annaba et Oran, et tel autre qui ne trouvant plus grâce aux yeux du président Bendjedid a même vu son poste de conseiller carrément supprimé.
Apostasie politique
Ces thuriféraires se pavanent aujourd’hui sur les plateaux de ces télé portant Chadli au panthéon de l’histoire d’Algérie après l’avoir recouvert, deux décennies durant, du voile de l’ignominie. Quel culot ! Certains qui semblent avoir le cœur à droite ont même cru émouvoir les téléspectateurs en versant des larmes de crocodiles. Le président Chadli à dû se retourner dans sa tombe fraîche en entendant ces lamentations post mortem de ces «crocs morts».
Eh oui, le vent à tourné ; il fallait suivre sa direction. Voyant que le président de la république a offert des funérailles nationales à son prédécesseur, les opportunistes de tout poil, ont vite fait de changer de fusil d’épaule. La décennie noire qu’ils n’avaient cessé de dénoncer a, comme par enchantement, pris le manteau blanc…La mémoire de Chadli est donc lavée à l’eau bénite. Exit les convictions d’hier.
L’apostasie politique est devenue une seconde religion pour certains politicards. Le regretté a finalement pris une sacrée revanche sur ses pourfendeurs d’hier. Il aura réussi à montrer, par sa mort, leur immense décrépitude morale. Et cela, l’histoire le retiendra comme elle a retenu le bilan de Chadli Bendjedid ; avec ses tares et ses torts.