Belayat se résigne
Le bureau politique du FLN s’est résigné à la volonté du groupe de Ahmed Boumehdi qui a convoqué le comité central et obtenu l’autorisation de l’administration.
Coup de théâtre au siège du FLN. Alors que les observateurs s’attendaient à une dénonciation catégorique de la convocation «surprise» d’une session du comité central par le groupe de Ahmed Boumehdi, les membres du bureau politique sortent de leur réunion avec une autre surprise: ils appellent les membres du comité central à participer à la session extraordinaire de cette instance les 29 et 30 août 2013 à l’hôtel Riadh d’Alger.
Dans un bref communiqué de deux phrases, le bureau politique souligne qu’il a chargé son coordinateur, Abderrahmane Belayat, «de prendre les mesures nécessaires pour la réussite de la session», en vue d’élire un nouveau secrétaire général. Presque au même moment, les 40 mouhafedhs réunis eux aussi au siège du parti sont sortis avec l’appui à la décision de tenir la session du comité central les 29 et 30 août. Coïncidence?

Ainsi, le groupe de Boumehdi qui a pesé de tout son poids pour convoquer le comité central a eu le dernier mot.
Le FLN, dont le poste de secrétaire général est vacant depuis la destitution de Abdelaziz Belkhadem, le 31 janvier 2013, aura dès ce jeudi une nouvelle tête. Avant-hier, des membres du comité central et du bureau politique dont le coordinateur ont dénoncé le parti pris de l’administration qui a autorisé la tenue de la session du CC.
L’annonce a été faite par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, accusé juste après d’immixtion dans les affaires internes du parti.
Selon un membre du comité central, le ministre de l’Intérieur a reçu, hier matin, le coordinateur du bureau politique, Abderrahmane Belayat. M. Ould Kablia aurait dit à M.Belayat qu’il était le seul habilité à convoquer le comité central. Notre source croyait, de ce fait, que le ministre a reculé et que le bureau politique allait démentir la tenue de la session du comité central.
«M.Ould Kablia a été trompé par le groupe de Boumehdi qui veut introniser Amar Saâdani comme nouveau secrétaire général et il a changé de position après avoir été sensibilisé par M.Belayat», nous affirmait la même source. Il semblerait que le ministre a convaincu M.Belayat de convoquer lui-même la session et sauver la forme. Joint par téléphone, M.Belayat réfute toute contradiction dans ses positions et déclarations.
«Le bureau politique m’a chargé avec un autre membre du comité central de prendre contact avec l’administration dans laquelle nous sommes majoritaires. Après le dialogue avec l’administration, nous avons décidé de convoquer le comité central dans l’intérêt du parti», a-t-il indiqué, sans confirmer ni infirmer avoir rencontré M.Ould Kablia. M.Belayat a ajouté que «ceux qui ont initié la démarche de convocation du comité central ont reconnu qu’ils n’ont pas le droit de le faire». «Le comité central est convoqué par celui qui en est habilité», a-t-il précisé.
Que s’est-il donc passé pour que les conditions de la réunion du comité central soient subitement réunies? Selon des sources sûres, c’est le président d’honneur du parti, Abdelaziz Bouteflika, qui aurait instruit les dirigeants du FLN de trouver une issue à la crise et de désigner un nouveau secrétaire général le plus vite possible. Ce qui est, en revanche, sûr, c’est que la décision du bureau politique a eu l’effet de surprise sur nombre de membres du comité central.
Salah Goudjil, sénateur et ancien dirigeant du mouvement de redressement, joint au téléphone au moment où le bureau politique se réunissait encore n’a pas voulu prendre de position. «La situation est compliquée car le problème est lié à des ambitions personnelles et non à des programmes», s’est-il contenté de dire avant de préciser: «On étudie comment sortir de la crise d’une façon ou d’une autre.»
Le prochain secrétaire général du FLN aura la dure tâche de recoller les morceaux d’un parti déchiré dans toutes ses instances.
Qui sera donc le nouveau maître de l’ex-parti unique? Réussira-t-il dans sa mission ou sera-t-il utilisé pour d’autres fins liées directement à la prochaine élection présidentielle? Il est à se demander aussi si la décision de désignation des représentants du parti au sein des instances de l’APN, à l’origine de l’aggravation de la crise du parti, sera maintenue ou remise en cause par le prochain SG.
Les prochains jours nous le diront. «Ce qui est sûr, c’est que la session de jeudi prochain verra la confrontation entre les partisans de l’argent et les vrais militants», dira un membre du comité central.
Un autre membre estime que le nouveau SG est déjà prêt. «La session du comité central n’est qu’une formalité pour le placer à la tête du parti», soutient-il