La Res Publica, le beylek de Bouteflika et ses 4700 milliardaires

La Res Publica, le beylek de Bouteflika et ses 4700 milliardaires

« Chaque fois que la république ôte sa chemise, c’est pour en mettre une plus merdeuse. » Léon Bloy 1904-1907

Nous y voilà, la chute brutale tant redoutée du prix du pétrole et de ses conséquences sur le portefeuille de l’Algérien moyen se font jour. Les dernières mesures financières énoncées par le ministre des Finances sonnent le glas d’une économie moribonde, rentière et dépendante du seul pétrole, avec une dévaluation du dinar à la clé, une monnaie aux multiples effigies d’animaux, quoique les principaux pêcheurs en eaux troubles du régime depuis trois quinquennats utilisent cette monnaie de singe dans leurs très douteuses transactions.

Près de 4700 milliardaires algériens recensés par la New world Wealth, organisation sud-africaine, une information qui n’a pas suscité l’intérêt de l’IGF (Inspection générale des Finances) ni la curiosité de l’observatoire national de la lutte contre la corruption. Comment de telles fortunes se sont bâties et sur le dos de quelle activité économique ?

En vérité, ces nouveaux riches, barons de surcroît de l’informel et champions de l’évasion fiscale mènent la danse en terrain conquis à coups de dessous de table, de compromissions et de gros-bras. De forfaiture en forfaiture gouvernementale la prolifération de l’escroquerie, de la rapine, de la corruption, du passe-droit, de l’injustice et la montée en puissance de la criminalité sous toutes ses formes, nous renseignent sur le degré de déliquescence de l’Etat. La corruption comme chacun le sait est érigée en règle de la société «c’est normal…», vous diront certains, lassés du climat délétère, d’une telle incurie et d’un tel largage à vau-l’eau, de la quiétude la sûreté et le bien-être de toute une société.

La mal-vie est encore plus saisissante dans les lointaines contrées du pays où la plèbe fait face aux multiples aléas qui lui font la vie dure. Ici, peu ou prou d’écoles, d’hôpitaux, d’usines, de travail et de moyens de distractions pour une jeunesse oisive, des diplômés universitaires aux mille rêves et mille espoirs brisés, abandonnés sur les sentiers des campagnes présidentielles d’avant le 17 avril 2014, et poussée aux embarcations boats-people hasardeuses en harragas pour un utopique eldorado de l’autre rive.

Le désespoir dans toute sa splendeur : le chômage l’amertume, la promiscuité, la pauvreté, bref autant de creusets dans lesquels se sont moulés tant de chagrins, de perte d’espérance, d’abattement et de haine de l’autorité. De mémoire d’Algériens, jamais la ferronnerie et la maçonnerie n’ont été si sollicitées, le barreaudage, le blindage et l’érection de murs de la honte, hideusement bâtis censé protéger l’inviolabilité des biens et des personnes reflètent, sitôt la nuit tombée l’insécurité maîtresse des lieux.

La peur orchestrée et entretenue par des groupuscules occultes pour leur grand bien, histoire de conditionner le commun des Algériens sur l’appréhension du lendemain. «Reste sage, sinon El ghoul va te manger !», nous disait notre mère pour instaurer une certaine discipline et surprise de taille, l’ogre est bien présent dans le gouvernement, le plus empirique que le pays n’ait jamais connu : le populiste et carriériste ministre-nomade (Travaux publics, Transport et tourisme), le Ghoul du régime a déjà à son actif une si longue autoroute qu’il n’a pas encore digéré, en attendant d’autres coupe-faim, présents et à venir.

Le vandalisme bat son plein, rien n’y échappe : de l’abribus jusqu’au banc du jardin public, au vu et au su de tout le monde, la vulgarité du langage, l’irrespect des personnes âgées et retraités, en somme des comportements psychopathes, antisociaux et antinationaux, fruits du secteur éducatif et que l’école de Benbouzid n’a pas su combattre en inculquant le savoir-vivre, la civilité et la mondanité à ses élèves, le terrorisme routier avec ses morts et ses dégâts. Personne ne s’en offusque c’est la chose publique… c’est la Res publica, c’est le beylek de Bouteflika, un pays sans foi, ni loi, une république désormais bananière, une jungle de prédateurs aux dents bien acérées, tels des phacochères accrochés aux basques d’un impotent président en mal de puissance et que de tristes sires récemment éconduits comme des malpropres en ont loué l’intelligence et la capacité physique de diriger le plus grand pays d’Afrique. En vérité un président faire-valoir, l’espace d’un temps, l’espace d’une énième duperie.

Juste Dieu ! A quoi reconnaîtrions-nous un pays digne de ce nom si ce n’est par une terre délimitée, un peuple et un gouvernement en parfaite osmose, un hymne et un drapeau, auxquels on voue un respect qui vous donne la chair de poule, une sensation appelée patriotisme que nos aïeuls ont payé par la sueur et le sang, voire l’ultime sacrifice.

Est-il encore temps de corriger le tir ? D’implémenter et donner force à la loi pour qu’enfin l’ordre et la discipline aient droit de cité et que plus jamais personne ne se sente au-dessus des lois. Utopie !!! Dites-vous ? L’espoir est permis, il fait vivre.

Brahim Ferhat