Les forces syriennes ont tué au moins 19 personnes lors d’opérations menées jeudi dans le nord et l’est du pays, près de la frontière libanaise et au cœur des régions tribales sunnites, pour réprimer toute manifestation hostile à Bachar al Assad.
La répression s’est accentuée depuis le début du mois de Ramadhan, début août, en dépit des menaces de nouvelles sanctions américaines et d’appels de la Turquie et des pays arabes à cesser les attaques.
L’opération la plus meurtrière a visé jeudi au petit matin la petite ville de Kousair, près de la frontière nord du Liban, où onze civils dont une femme et un bébé ont été tués, selon des militants et défenseurs des droits de l’Homme.
Kousair est située à quelques kilomètres de la grande ville de Homs, à 165 km au nord de Damas, où cinq personnes dont un garçonnet de neuf ans ont été tuées vendredi aux premières heures lors d’un raid sur le quartier résidentiel de Byada à la suite de manifestations.
Dans l’Est, des soldats et des membres des renseignements militaires, soutenus par des chars et des véhicules blindés, ont multiplié les offensives contre Daïr az Zour. Quatre civils ont été tués lors de fouilles conduites maison par maison.
Le président de la Ligue des droits de l’Homme arrêté
Abdel Karim Rihaoui, le président de la Ligue syrienne des droits de l’Homme, a été arrêté jeudi 10 août, dans un café à Damas, ont annoncé des militants des droits de l’Homme, ajoutant qu’ils étaient sans nouvelles de lui depuis son arrestation.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme a annoncé son arrestation à l’AFP, citant un militant qui se trouvait également dans ce café au moment de l’interpellation de M. Rihaoui.
Agé de 43 ans, M. Rihaoui dirige la Ligue syrienne des droits de l’homme depuis 2004. Militant très actif, tout particulièrement depuis le début, à la mi-mars, de la révolte populaire contre le régime du président Bachar Al-Assad, il est une source importante d’informations pour la presse étrangère.
Clinton appelle à agir
Face à la poursuite de la répression, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a souhaité jeudi que d’autres pays, en particulier les Européens et les Chinois, principaux acteurs dans le secteur énergétique syrien, s’associent aux Etats-Unis pour inciter Bachar al Assad à partir. Liée à la famille au pouvoir, l’industrie pétrolière syrienne génère le gros des devises étrangères du pays.
La Maison blanche n’a toutefois toujours pas appelé Assad à la démission. « Il est important que ce ne soit pas seulement la voix de l’Amérique. Et nous voulons nous assurer que d’autres voix se font entendre de par le monde », a expliqué Clinton.
Le président américain Barack Obama s’est entretenu jeudi avec le Premier ministre turc Tayyip Erdogan et les deux dirigeants sont d’accord pour appuyer les demandes des manifestants en faveur d’une démocratisation du pays, a déclaré la Maison blanche.
Visite à Hama
Les médias indépendants sont interdits d’accès en Syrie depuis le début du soulèvement il y a cinq mois.
Les autorités ont conduit jeudi un groupe de journalistes turcs autour de la ville de Hama, cible d’une offensive militaire d’une semaine qui s’est achevée le week-end dernier.
Les rues y étaient désertes, des vitres brisées et la plupart des magasins étaient fermés.
Au lendemain de l’annonce du retrait de l’armée de la ville, à la suite d’une répression dans laquelle ont péri des dizaines de civils selon les militants, les forces syriennes contrôlaient étroitement les rues.
Les Comités de coordination locale, qui rassemblent des opposants, ont déclaré que neuf détenus avaient succombé à des actes de torture au cours des dix derniers jours à Damas, Homs, Deraa et les faubourgs de la capitale.
Malgré la poursuite de la répression, la Russie et la Chine, soutenues par l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, se sont opposées mercredi soir au Conseil de sécurité des Nations unies à l’idée de nouvelles sanctions contre la Syrie.
Par : R. I.