Le groupe des « 19-4 », qui a perdu en cours de route quatre des signataires, a créé l’évènement politique en adressant leur lettre au président Bouteflika pour lui demander une audience. C’est comme si les auteurs de cette lettre, qui se disent pourtant « amis du président », ont l’air de lui dire, voire même de lui ordonner : « où tu nous reçois, où nous on conclue que ce n’est pas toi qui décide, que tu es pris en otage ».
Une telle proposition, qui plus est venant de soi-disant amis, a tout l’air d’un chantage que le président ne saurait tolérer. Un président reçoit qui il veut, quand il veut en fonction de son agenda. C’est de notoriété publique, le président Bouteflika ne cède jamais à la pression. En vieux maquisard de la politique, qui a forgé ses armes auprès des ténors de la Révolution, le président Bouteflika possède un maîtrise phénoménale de l’arme de la ruse.
« Il est machiavélique » avait confié, en aparté, une personnalité politique à des journalistes qu’elle avait entretenue de ses multiples rencontres avec le président Bouteflika.
Dans sa gestion des effets de cette lettre des « 19-4 », le chef de l’Etat vient de faire une nouvelle démonstration magistrale de sa capacité à réagir aux événements en choisissant à la fois la manière et le temps pour y réagir. C’est en fait tout le sens de son apparition lundi à la télévision. Ce jour, le président Bouteflika a en effet présidé une réunion ayant pour thème la prochaine révision de la constitution.
Autour de la table étaient présents le Premier ministre, le directeur de cabinet de la présidence, le ministre de la justice et deux anciens présidents du conseil constitutionnel, Tayeb Bélaiz et Boualem Bessayeh, tous deux conseillers du président Bouteflika. Mais c’est surtout la présence d’Ahmed Gaid Salah, chef d’état-major de l’ANP et vice- ministre de la défense qui a donné lieu à des lectures.
Des lectures selon lesquelles, la présence de Gaid Salah, qui plus est avec sa tenue militaire serait en contradiction avec le projet de « civilisation » de l’Etat que le chef du FLN ne cesse de proclamer dans ses discours. A l’inverse de ces lectures, visiblement peu inspirées, la présence du chef d’état- major est un message politique fort, à savoir que l’institution militaire est en totale cohérence avec les autres institutions du pays.
Fini donc le clivage ou encore le bicéphalisme entre présidence de la République et l’institution militaire, comme à l’époque du général Toufik. L’image de cette réunion est forte en ce qu’elle met en valeur le fonctionnement synergique des institutions du pays, sous la conduite d’un seul homme, le président Bouteflika.
En présidant cette réunion, le chef de l’Etat a ainsi fait la démonstration de ses capacités à diriger le pays. Il appartient désormais au groupe des « 19-4 » et ceux qui fantasment à longueur de communiqués sur « la vacance du pouvoir » d’aller se faire soigner de leur cécité.