Le marché informel ne s’est jamais aussi bien porté que durant cette saison estivale. Du square Port Saïd jusqu’à la Basse-Casbah en passant par Bab Azzoun, la place des Martyrs, c’est un marché à ciel ouvert.
Tout y est, des CD, des montres, des lunettes, du prêt-à-porter, des ustensiles de cuisine. L’endroit est incontournable pour faire ses courses à des prix abordables.
Toutefois, la qualité n’est pas forcément au rendez-vous, ni la garantie d’ailleurs. Acheter une montre qui peut atteindre les 15.000 DA ne garantit pas son fonctionnement. Le vendeur ne s’en cache pas : l’objet est fabriqué en Indonésie. Un marchant croisé au Port Saïd garantit l’authenticité d’une montre Swiss Legend… fabriquée en Chine qu’il cède à 6.000 DA mais sans garantie.
Plus loin, tout au long du boulevard Bab Azzoun, les marchands bordent les arcades, se mêlant tant à la foule qu’aux vendeurs des magasins qui leur font face.
Un nombre considérable d’étals se suivent ainsi le long de cette perspective jusqu’à l’entrée de la Basse-Casbah, au grand dam des commerçants ayant pignon sur rue. « Je paye les impôts, l’électricité, j’ai un cahier des charges auquel je dois me plier, c’est à la fois un droit et un devoir. Mais les petits revendeurs ambulants nous font perdre toute notre clientèle.
Ils proposent les mêmes produits à des prix bas, car ils n’ont pas de charges à payer », témoigne un vendeur dans le marché couvert de la rue de Chartres, dans la Basse-Casbah.
Autre lieu, Belouizdad. Les vendeurs informels exerçant à proximité du marché couvert dit Tnach ne délogent jamais, malgré les efforts de l’APC. Après maintes tentatives d’éradication, les tables finissent par ressurgir. La dernière en date a été lancée en juillet dernier par la présidente de l’APC de Sidi M’hamed, Naïma Dhina, mais elle n’a pas duré. Le plan de chasse visait essentiellement à désengorger l’agglomération et à rendre la route aux automobilistes.
Un programme visant à placer ces vendeurs dans un marché en bonne est due forme à Belouizdad a été élaboré en 2013. Mais cela a tourné court.
Les vendeurs, de peur de perdre leur fidèle clientèle, préfèrent occuper les abords des routes et ruelles. « L’Etat a dépensé des milliards dans la construction de marchés couverts qui demeurent vides », a fait savoir Mustapha Achour, responsable des marchés de gros à l’UGCAA.
« Les marchés sont squattés par des sans-abris ou des délinquants. Les communes doivent s’impliquer réellement pour régulariser leur situation », ajoute-t-il. « Il faut mettre un terme à cette concurrence déloyale en régularisant ces vendeurs », a-t-il insisté.
Faute de pouvoir maintenir une pression constante sur ces marchés informels, ceux-ci reviennent après chaque opération d’éradication. « Il n’y a pas d’écho à la réinsertion de cette activité dans la sphère du commerce légal.
La nomination du nouveau ministre du Commerce fera peut-être bouger les choses », souhaite le responsable de l’UGCAA.
Walid Souahi