La région du Sahel face aux défis sécuritaires et de développement

La région du Sahel face aux défis sécuritaires et de développement

NOUAKCHOTT – La région du Sahel africain est confrontée à des défis sécuritaires et de développement qui menacent sa stabilité, d’où la nécessité de renforcer la coopération pour aider les pays de la région à y faire face.

Ces défis sont devenus plus énormes en 2015 avec notamment la montée de la menace terroriste qui guettent plusieurs pays de la région la plus pauvre du continent africain, comme l’avait souligné le Conseil de sécurité dans son dernier rapport sur « la paix et la sécurité en Afrique ».

Le Conseil de sécurité avait mis en garde contre la montée de la menace terroriste dans la région du Sahel, ce qui a poussé certains Etats de la région de consacrer d’énormes fonds pour faire face à ces menaces.

Au Mali, en dépit de l’amélioration de la situation sécuritaire notamment après la signature de l’accord de paix et de réconciliation, il reste néanmoins beaucoup à faire en faveur de la stabilité dans ce pays.

Au Nigeria, les exploits réalisés par l’armée face au groupe Boko Haram ont poussé à intensifier ainsi leurs opérations notamment au Cameroun, au Tchad et au Niger.

En Mauritanie, les développements survenus sur la scène régionale sur le plan sécuritaire notamment en Libye, ont poussé les autorités du pays à prendre des mesures pour parer à toute éventualité.

Pour faire face à la menace terroriste et aux défis du développement économique, une coalition militaire avait été créée début 2015 entre le Cameroun, Tchad, Niger et Nigeria.

 Préoccupation internationale quant à la militarisation de la région

Longtemps marginalisée sur les plans stratégique, économique et  politique, la région du Sahel suscite désormais un intérêt particulier de la part des grandes puissances.

Dans ce sens, l’administration américaine a prévu un programme d’aide de 5 milliards de dollars au profit de la Somalie et du Mali. Ces aides consistent en des programmes de formations militaires pour faire face à la menace terroriste.

Par ailleurs, les Etats Unis ont financé un programme de coopération sécuritaire d’un coût de 500 millions de dollars pour la lutte contre le « terrorisme transsaharien ».

De son côté, l’Union Européenne (UE) a consacré 50 millions d’euros à la Force mixte multinationale contre le groupe Boko Haram et le renforcement de la mission européenne au Niger.

Les analystes relèvent, par ailleurs, le renforcement de la présence militaire étrangère dans le continent (bases militaires, centres de renseignement et entraînement des forces nationales) en sus des réunions de responsables militaires américains avec des sociétés spécialisées dans la réalisation d’infrastructures militaires.

Outre l’option de l’approche militaire, les experts estiment que pour faire face aux problèmes sécuritaires il est impératif de relever les défis de développement dans la région du Sahel, coordonner les efforts des pays de la région et accorder une attention particulière aux aspects socioéconomiques pour combattre la pauvreté, le sous développement et la marginalisation exploités par les groupes terroristes pour le recrutement des jeunes.

En effet, les spécialistes de la région insistent sur le fait que les recrutements opérés par « Boko Haram » et les autres organisations terroristes se font en particulier parmi les jeunes des pays du Sahel.

Selon des statistiques récentes de la banque mondiale, 60% des jeunes du pays du Sahel souffrent du chômage et de la marginalisation. Les 9 pays situés dans la zone semi aride s’étendant du Sénégal au Tchad ont besoin de deux milliards de dollars pour faire face à la crise tridimensionnelle (pauvreté, climat rude et insécurité), avait estimé l’ONU le mois dernier.

C’est dans cette optique que l’Union africaine (UA) avait réaffirmé, en novembre dernier, lors du séminaire d’Alger sur « les initiatives de développement de l’UA au Sahel et les perspectives de mise en oeuvre de l’accord de paix et de réconciliation au Mali », son engagement à oeuvrer pour la réalisation du développement en se basant sur trois piliers essentiels à savoir : « bonne gouvernance, sécurité et développement ».