«Les fellahs peuvent retourner et cultiver tranquillement leurs vignobles. La région de Bordj-Menaiel est désormais nettoyée à 99%.» C’est le premier commentaire fait par un officier supérieur, très imprégné de la lutte anti-terroriste dans la région de Boumerdès, au lendemain de l’opération menée par l’armée dans la périphérie sud de la ville de Bordj-Menaiel.
L’officier nous a, par ailleurs, confirmé l’élimination de deux «émirs», d’Aqmi. Il s’agit de l’«émir» de la région de Bordj- Menaiel, un certain Mimeche Seif Eddine, dit Okacha. Ce sinistre personnage est impliqué dans plusieurs tueries contre les éléments des services de sécurité et les citoyens. Ainsi, il est le principal organisateur de l’attentat à la bombe, survenu le 19 février 2012, sur la RN12 (Tizi-Ouzou/Thénia) qui a coûté la vie à 4 personnes (3 hommes et une femme) qui voyageait à bord d’un bus privé venant de Tizi-Ouzou et se dirigeant vers Blida. Okacha est également l’instigateur de l’attentat ayant entraîné la mort de deux militaires. Le second «émir» éliminé dans la nuit de samedi avec 7 autres terroristes est Chibani Mohamed, âgé d’une quarantaine d’années. Il faisait fonction de chef de la seriate de Zemmouri, au nord de Bordj- Menaiel. La seriate de Zemmouri était affiliée, rappelons-le, à la sinistre katibat El Arkame. «Comme il était le seul survivant du groupe de Zemmouri, il s’est refugié auprès des terroristes de Bordj-Menaiel», rappelle l’officier.
«Maintenant, nous pouvons revenir à Bordj-Menaiel si le problème de la forte augmentation de la délinquance est pris en charge», nous lance un entrepreneur qui a quitté Bordj-Menaiel pour échapper à plusieurs tentatives d’enlèvement de la part des islamistes armés. Il y a lieu de rappeler que 4 terroristes sur les 8 éliminés par l’armée à la périphérie de Bordj-Menaiel sont originaires des quartiers populaires de cette ville. Les corps des trois autres sont toujours en cours d’identification. Malheureusement, si beaucoup de personnes se réjouissent au niveau de Bordj-Menaiel de l’anéantissement de ce groupe, cet enthousiasme est quelque peu tempéré auprès d’autres personnes de Timezrit, limitrophe de Bordj-Menaiel, notamment des hommes d’affaires et des chefs d’entreprise.
Certains entrepreneurs établis dans la ville de Boumerdès pour fuir le racket des islamistes armés restent sur leurs gardes. Ils avaient fui le rançonnement auquel les «émirs» les soumettent. Selon eux, de sinistres terroristes continuent à écumer la région et entretiennent des réseaux qui collectent et recyclent sous leur égide, de l’argent. On nous cite pour exemple le cas d’un «émir» répondant au nom de S. Sadouk qui sévit toujours sur les hauteurs de Timezrit et qui avait des liens avec les réseaux qui écumaient la ville de Bordj- Menaiel.
L’élimination du groupe terroriste de Bordj-Menaiel permettra-t-elle aux services de sécurité, la police notamment, de se consacrer entièrement à la lutte contre la criminalité et la délinquance, en nette progression dans cette ville ? «Effectivement, la criminalité est en progression à Bordj-Menaiel. Mais la lutte contre ce phénomène a commencé avec la lutte contre l’informel et l’occupation illégale des espaces publics», assure l’officier. Il est, en effet, de notoriété publique qu’une partie de l’argent tiré des réseaux de l’informel, au niveau de plusieurs agglomérations de la wilaya de Boumerdès, finançait les attentats criminels. Et à l’officier de poursuivre : «Il faut rappeler que 3 commissariats sont en construction dans la ville de Bordj-Menaiel. Ils seront très bientôt en fonctionnels.» On a entendu plusieurs personnes dire que le terrorisme islamiste a commencé à Bordj- Menaiel et il sera défait à Bordj-Menaiel. Cette assertion vaut ce qu’elle vaut, mais elle a le mérite de poser l’équation du terrorisme dans la wilaya de Boumerdès. Boumerdès est un point d’observation de l’évolution et du combat contre l’islamisme armé en Algérie.
Abachi L.