Changement de dernière minute, le gouvernement a décidé de faire marche arrière dans son projet de réforme de la retraite. Le texte qui sera voté aujourd’hui au niveau de la Chambre basse du Parlement subira un amendement qui permettra aux travailleurs de faire valoir leur droit à bénéficier de la retraite avant l’âge légal de 60 ans qui entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2017. Seule condition, avoir validé 32 ans de service.
C’est donc le dispositif portant retraite sans condition d’âge, accordée à la demande du bénéficiaire totalisant un minimum de 32 années de travail et d’assurance, qui ne sera pas touché par la réforme.
Un amendement dans ce sens a été proposé et défendu par les députés de l’opposition, lundi, lors d’une réunion de la Commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle à l’Assemblée populaire nationale (APN), en présence du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. Selon des sources de la commission, le représentant du gouvernement après avoir demandé une pause, pour certainement demander l’avis du Premier ministère, « a promis de donner suite à cette doléance », au plus tard aujourd’hui. Ainsi, à défaut d’introduire l’amendement dans le rapport complémentaire qu’élaborait hier la commission, Mohamed El Ghazi pourra user de son droit de proposition en séance plénière ce matin pour soumettre l’amendement au vote.
Selon un député du FLN, « la proposition de maintenir le droit à la retraite après 32 ans de service a même été faite et défendue par les membres de la commission, issus de la majorité parlementaire ».
« Bien que le ministre ait défendu au début le projet du gouvernement, nous estimons que l’espoir est permis, car il y avait un consensus au sein de la commission de la nécessité d’introduire cet amendement », ajoute notre source. Jusqu’à hier dans l’après-midi, il était encore impossible de confirmer si oui ou non le gouvernement avait fini par prendre la décision. Pourtant, tout porte à croire que l’annonce sera faite aujourd’hui à l’occasion du vote du projet à l’APN. Ainsi, après plus d’un mois de bras de fer, les pouvoirs publics finissent par lâcher du lest face à la pression de l’intersyndicale composée de 12 syndicats autonomes structurés dans des secteurs comme la santé, l’éducation, la formation professionnelle et l’administration publique. Son mouvement de grève cyclique déclenché depuis le 17 octobre dernier a atteint un autre stade de radicalité, dimanche dernier à l’occasion d’un rassemblement à Alger. La mobilisation des travailleurs ce jour-là avait poussé les autorités à quadriller toute la capitale. Chose qui aurait sûrement donné matière à réfléchir au gouvernement, dans une conjoncture sécuritaire difficile et une situation économique fragile qui risque de monter la tension et faire exploser le front social. Un communiqué de l’APN a annoncé avoir soumis à l’examen de la commission les 21 amendements remplissant les conditions juridiques proposés au projet de loi relative à la retraite.
Amendements dans lesquels figurait celui relatif au maintien du régime de la retraite sans condition d’âge. C’est donc dans les dernières heures qui précèdent le vote des députés que s’est jouée la bataille entre le gouvernement et les syndicats. Le premier, prenant compte de la conjoncture, décide d’aller vers des concessions pour éviter le pourrissement, surtout que l’entrée en vigueur des mesures contenues dans la loi de finances 2017 le 1er janvier risque d’aggraver les choses.