Annoncé en 2011, maintes fois discuté puis reporté, le projet de réforme de la Constitution algérienne va-t-il cette fois se concrétiser ? Le sujet est en tout cas revenu sur le devant de la scène politique après l’annonce qu’une réunion restreinte, présidée par le chef de l’Etat, s’était tenue mi-décembre au sujet d’un avant-projet de réforme.
La promesse d’une révision constitutionnelle avait été faite par le président Abdelaziz Bouteflika en avril 2011. Alors que plusieurs pays voisins étaient en proie à des révoltes politiques et sociales, le président avait annoncé lors d’un discours à la nation l’ouverture de plusieurs chantiers, dont la révision « de l’ensemble de l’arsenal législatif », la révision de la loi électorale, de celle relative aux partis politiques ainsi qu’à l’activité des associations. Mais le chantier n’est jamais allé jusqu’au bout.
En mai 2014, après la réélection de M. Bouteflika, l’esquisse d’un projet avait été publiée par la présidence. Il prévoyait de rétablir le nombre maximal de mandats présidentiels de cinq ans à deux (en 2008, M. Bouteflika avait fait modifier la loi fondamentale pour pouvoir se représenter pour un troisième mandat).
« Pérennité du régime »
Le texte prévoyait également d’alléger les fonctions présidentielles en donnant plus de pouvoirs au premier ministre, mais sans créer un poste de vice-président. Il interdisait le nomadisme politique et affirmait les libertés de rassemblement, manifestation et de culte. Il sera resté lettre morte.
Cette fois, le contenu de l’avant-projet n’est pas connu. Parmi les sujets pourraient figurer la limitation du nombre de mandats présidentiels et la création d’un poste de vice-président. Selon plusieurs médias, l’entourage présidentiel évoque avec le nouveau texte l’instauration d’un « Etat civil ». Des annonces qui ne convainquent pas dans l’opposition, qui y voit une manœuvre dilatoire.
Début novembre, Ali Benflis, ancien premier ministre passé dans l’opposition avec son parti, Talai Al-Houriat, dénonçait un projet qui vise à « assurer une pérennité du régime en place ». Ce projet, avait-il dit, est « une manœuvre purement politicienne visant à divertir l’attention des véritables défis qui ont pour nom une impasse politique totale et une crise de régime ». Le 19 décembre, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique), Amar Saadani, a annoncé que la réforme aurait lieu en janvier 2016, sans donner plus de précision.