Est-ce le début de la fin pour le colonel El Gueddafi, dont les jours semblent comptés?
Une opération d’évacuation de milliers d’étrangers bloqués à Tripoli, serait organisée dans les prochains jours, a annoncé à Genève, l’Organisation internationale pour les migrations.
Tout donne à penser que la chute de la capitale libyenne n’est plus qu’une question de temps. La bataille pour y déloger le colonel libyen qui a fait de Tripoli une véritable citadelle s’annonce sanglante et pourrait donner lieu à des combats au corps à corps pour faire tomber ce dernier rempart qui donnait l’impression de ne pas vouloir céder.
La raffinerie de Zawiyah qui est contrôlée par les insurgés libyens va probablement accélérer la chute de Tripoli. La raison est simple: «La prise par les rebelles libyens de la raffinerie de Zawiyah, à 40 km à l’ouest de Tripoli, va provoquer une grave crise dans la capitale, dont elle était une source essentielle d’approvisionnement» a expliqué le 19 août, un responsable du site dans une dépêche rapportée par l’AFP. «Pour Tripoli, l’approvisionnement en énergie vient d’ici (Zawiyah Ndlr), il n’y a pas d’autre source…» a indiqué, à l’Agence France presse, Mohamed el-Hallouj, unique responsable à être encore présent sur les lieux.

Il faut faire remarquer que c’est la raffinerie de cette ville qui est la seule source d’approvisionnement de la capitale libyenne aussi bien en fuel en essence ou en gaz de ville. C’est pour dire à quel point, la ville de Zawiyah est stratégique. Elle représente un des principaux verrous qui doit sauter pour la conquête de Tripoli. L’enjeu est aussi de taille pour Mouamar El Gueddafi qui perd une de ses pièces maîtresses dans la résistance acharnée qu’il oppose aux forces de l’Otan. Sa chute est-elle inévitable? Quelques indices poussent à croire que les dernières heures du dirigeant de la Jamahiriya, qui ne capitulera pas sans avoir opposé une farouche résistance, sont comptées. La capitale libyenne est désormais à moins de 50 kilomètres des forces rebelles et les principales villes qui y mènent tombent une par une.
«Depuis mercredi, les insurgés ont ouvert trois nouveaux fronts, l’un à Ajaylat, dans l’Ouest, l’autre dans l’Est à Al-Hicha, à mi-distance entre Misrata et Syrte, ville natale du Guide libyen, et un troisième à Morzuk dans le Sud-Ouest saharien» a rapporté L’Expression dans son édition du 20 août.
Une opération d’évacuation de milliers d’étrangers bloqués à Tripoli, devrait débuter dans les prochains jours, a annoncé à Genève l’Organisation internationale pour les migrations. Le siège de la capitale libyenne ne devrait pas tarder à être mis en oeuvre. Certaines organisations humanitaires internationales s’apprêtent déjà à intervenir. «L’OIM se prépare à évacuer un nombre croissant de migrants se trouvant dans la capitale libyenne, qui sont bloqués à cause des combats sur le front de l’ouest, se retrouvent dans une position de plus en plus vulnérable et veulent désormais partir», a souligné dans un communiqué Jemini Pandya la porte-parole de l’organisation.
L’opération doit être exécutée en un temps relativement court vu l’intensité des combats qui se profilent. «Nous avons une fenêtre très limitée dans le temps pour mener cette opération, en raison des combats», a-t-elle fait remarquer.
Les ralliements en cascade, à la rébellion, d’anciens dignitaires du régime comme celui tout récent de Abdessalem Jalloud – ex-numéro 2 et ancien compagnon de route d’El Gueddafi, avant leur rupture brutale vers la fin des années 1970 – qui a exercé les fonctions de Premier ministre de 1972 à 1977 indiquent que le conflit libyen est entré dans sa phase la plus critique. Il est à craindre qu’il ne tourne à l’apocalypse.
Jalloud parti de Tunisie vers l’Italie
L’ancien numéro deux du régime libyen, Abdessalem Jalloud, qui a fui Tripoli vendredi, est arrivé en Tunisie dans la nuit de vendredi à samedi et est reparti à l’aube vers l’Italie, a-t-on appris de sources concordantes.
«M. Jalloud est parti avec sa famille à bord d’un avion maltais depuis l’aéroport de Djerba en direction de l’Italie», a déclaré un haut responsable gouvernemental à l’AFP, sans pouvoir préciser combien de personnes avaient embarqué. L’ex-compagnon de route du colonel El Gueddafi est parti à 03h40 locales (02h40 GMT), selon la police des frontières à l’aéroport de l’île tunisienne. Abdessalem Jalloud était arrivé dans la nuit en Tunisie, à Remada (sud), a précisé une autre source gouvernementale.
«Il s’est rendu à l’armée tunisienne avant d’être pris en charge par des Qataris», selon cette source, selon laquelle l’Italie pourrait être un pays de transit avant une autre destination. Le Qatar est le pays arabe le plus engagé dans la coalition internationale anti-El Gueddafi.