Un film sur le parcours historique de l’Emir Abdelkader
Alors qu’on attend toujours la nomination d’un responsable des festivités du 50e anniversaire de l’Indépendance, le projet du film sur l’Émir Abdelkader a été déterré cette semaine à l’occasion d’une réunion importante au sommet de l’État.
Prévu en 2008 pour le bicentenaire de la naissance de l’Émir Abdelkader (1808-1883), le projet colossal a été à plusieurs reprises reporté en raison des difficultés à trouver un réalisateur de renom qui pourrait immortaliser l’un des personnages importants de l’Histoire de l’Algérie.
Après le refus de Ridley Scott qui n’a pas répondu aux sollicitations des Algériens, et de Mustapha Akkad, qui a été tué dans un attentat, les appels à candidature pour la réalisation d’un film gigantesque sur l’épopée de l’Emir Abdelkader sont relancés. Condition: avoir une renommée et une expérience internationales.
A l’époque, la famille de l’Emir Abdelkader, à travers sa petite-fille Badiaâ, avait approché le cinéaste syrien installé aux États-Unis, précisant que l’Émir avait une partie de son histoire en Syrie et qu’il était le seul artiste de renom qui pourrait réaliser ce film.
Mais Mustapha Akkad, qui était déjà sur un grand projet «La vie de Saladin» était fatigué et avait, à l’époque, proposé de produire le film et de faire appel à un réalisateur américain pour le réaliser, ce que les autorités algériennes ont poliment refusé. Mustapha Akkad, qui avait réalisé avec brio le seul film international sur l’Islam «Al Rissala», avait réussi à porter la voix de Omar El Mokhtar, le résistant libyen contre l’Italie, sur la scène internationale, gardait espoir. Il faut le rappeler, Mustapha Akkad avait réalisé «Omar El Mokhtar» suite au soutien du défunt Guide libyen, Mouamar El Gueddafi, après son expulsion du Maroc où il avait entamé le tournage de la fresque «Al Rissala».
Les Algériens avaient également refusé de le laisser tourner dans le Sahara algérien parce que le cinéaste syrien n’avait pas accepté la proposition de coproduction.
Le projet concernant l’Émir devait rétablir les choses, mais le décès de Mustapha Akkad au cours d’un attentat à Amman retarda encore plus la réalisation du film sur l’Émir.
Côté algérien, le réalisateur Benamar Bakhti, fort du succès de «Bouamama» faisait le forcing pour tourner le film. Mais le gouvernement algérien refusa de confier ce projet à Bakhti considérant que si le projet devait être confié à un Algérien ça serait pour Mohamed Lakhdar Hamina, le plus connu et le plus expérimenté des cinéastes algériens.
La ministre de la Culture a promis au Président Bouteflika que le projet sera à la hauteur du personnage historique et international. Intervenant lors d’une séance de l’APN en 2008, la ministre de la Culture avait même déclaré que «le coût du film pouvait atteindre les 500 milliards de centimes, car le projet est très important pour l’État algérien». Le chiffre donne le tournis et attire même certains producteurs français importants qui ont des contacts en Algérie. Les Français prétextaient la coproduction, en faisant miroiter des facilités de tournage au château de Pô, où séjourna une bonne partie de la famille de l’Emir.
Mais pour le gouvernement, le film vise à «mettre en valeur l’ensemble des qualités de l’Émir Abdelkader se rapportant aux domaines intellectuel et culturel, militaire et politique, mettant en exergue le poète, l’homme de lettres, le chef militaire, l’homme d’État et le diplomate ayant laissé des empreintes indélébiles». «On ne peut pas se hasarder dans de tels projets à valeur sans s’assurer, au préalable, de son total succès», a par ailleurs indiqué la ministre tout en affirmant que la préparation du projet est «l’étape la plus difficile avant sa mise sur pied».
La production avec des Français ou des Américains risquerait de s’éloigner de la réalité historique algérienne. Avec un scénario prêt, celui de Boualem Bessaïeh, auteur déjà du réussi «Cheikh Bouamama», il reste à trouver le réalisateur adéquat pour mener à bien ce grand film. Et le seul candidat encore en lice c’est Rachid Bouchareb, qui avait démontré qu’il avait avec «Hors-la-loi» les qualités artistiques et nationales pour faire un film international.
L’État algérien refuse de donner des millions de dollars à des Américains qui ne respecteraient pas le parcours historique de l’Emir et en faire un film commercial à gros budget. Bouchareb avait annoncé la couleur en déclarant à Cannes en 2010 qu’il était prêt à réaliser le film sur l’Émir Abdelkader, mais ce réalisateur ne sera pas libre avant 2014…