Une vue du dernier congrès
Déjà que le malaise est perceptible au plan politique, économique et une situation sécuritaire fragile aux frontières, il ne manquait que les luttes intestines du FLN pour fragiliser davantage le pays.
On ne perd jamais le goût des conciliabules et des tractations de coulisses au vieux parti. De sources bien informées, on a appris qu’une rencontre a regroupé des membres du groupe de Abada, Belkhadem, Belayat et Saâdani qui ont entamé cette semaine des négociations en vue de trouver un consensus à même de recoller les morceaux du FLN et aller au congrès en rangs unis. Les mêmes sources rapportent également que les parties qui se sont réunies à Hydra dans la villa d’un notable du FLN, ont convenu de composer un bureau politique provisoire avant de se rendre au congrès.
A en croire nos sources, l’idée de reporter le Xe congrès a été sérieusement évoquée lors de cette réunion tenue secrète. Aussi, il n’est pas exclu que ce rendez-vous annoncé dans la précipitation par l’actuel secrétaire général, Amar Saâdani, soit retardé de plusieurs mois pour donner le temps nécessaire aux structures locales de se préparer convenablement. Il a été convenu également que seul le congrès décidera du maintien au nom de Amar Saâdani. Aussi, à moins de vingt jours de la tenue du Xe congrès du parti, rien n’est encore joué. Jamais un flou et une incertitude n’ont entouré le congrès du vieux parti comme cette fois-ci. Alors qu’on s’attendait à la tenue du congrès après la révision de la Constitution, Saâdani surprend son monde et annonce la tenue du Congrès les 28, 29 et 30 mai prochains à la Coupole du stade du 5-Juillet à Alger. Un véritable coup de force et il faut dire qu’il a sérieusement ébranlé ses adversaires. Initialement, Amar Saâdani devait attendre l’adoption de la nouvelle Constitution pour convoquer le congrès du FLN. Mais ce projet, annoncé par le président Bouteflika en avril 2011, connaît d’importants retards. Saâdani a-t-il reçu des garanties que la Constitution ne sera pas révisée avant l’automne prochain? C’est en tout cas une course contre la montre que vient de livrer le SG du FLN. Le conclave qui vient de se tenir à Hydra va-t-il tempérer les ardeurs de Saâdani? C’est une forte probabilité quand on sait que les rangs des frondeurs grossissent chaque jour.
Réunis hier au siège de leur permanence à El-Biar, 58 membres du comité central, 26 députés et une dizaine de mouhafedhs sont montés au créneau et refusent de lâcher prise. La fermeté du ton et la sagesse des propos ont marqué le communiqué qui a sanctionné cette réunion. Ils s’en sont d’ailleurs remis au président de la République qu’ils ont sollicité en sa qualité de président d’honneur du parti d’intervenir pour mettre le holà à cette situation qui n’a que trop duré. Ils ont relevé de nombreuses dérives du parti sous la conduite de M.Saâdani qui a «transgressé le règlement intérieur et les statuts», «ôté le droit au comité central de se réunir» et «porté atteinte à la stabilité des institutions, comme le Parlement».
Après avoir fait opposition à la demande de Saâdani, ils annoncent en parallèle d’autres actions pour les prochains jours. Fuite en avant, Saâdani corse sa politique d’exclusion et agit d’une main de fer; il fait le ménage parmi ses opposants au sein du parti. En somme, c’est un véritable bras de fer entre les frondeurs et Saâdani. Les crises s’empilent, s’accumulent et le FLN n’arrive plus à avoir un cap. Un mouvement de redressement, puis un autre pour redresser les redresseurs, une division au sein des redresseurs et ainsi de suite.
Le danger c’est que dans sa chute, il risque d’emporter une partie du régime. Déjà que le malaise est perceptible au plan politique où le gouvernement peine à colmater les brèches, une économie vacillante après la chute des prix du baril de pétrole et la grave situation sécuritaire aux frontières, il ne manquait que les luttes intestines du FLN pour fragiliser davantage le pays.
