« Manière de voir », la publication bimestrielle du mensuel Le Monde diplomatique a consacré dans son numéro de février-mars, un dossier spécial à l’Algérie, retraçant le parcours historique, politique, économique et social du pays depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale à nos jours.
Sous le titre : « Algérie 1954- 2012, histoire et espérances », la publication, sous la forme d’un magazine en quadrichromie, divisée en plusieurs chapitres, réunit une série d’articles de personnalités politiques nationales, telles que l’historien Mohamed Harbi, l’ancien Premier ministre Sid Ahmed Ghozali, l’ancien ambassadeur d’Algérie en France Mohamed Bedjaoui, ou le sociologue Lahouari Addi, qui ont apporté leur contribution respectives sur les massacres du 8 mai 1945, la reconquête du pétrole, le nouvel ordre économique international, et les événements d’octobre 1988.
D’autres contributions sont également publiées dans ce numéro spécial, portant sur le cinéma, l’industrialisation et les potentialités existantes dans la relance de la coopération entre l’Algérie et le Maroc. « Manière de voir », revient par ailleurs en détail dans ce numéro de 100 pages sur l’épopée de l’indépendance et sur la mémoire de la guerre d’Algérie, qui suscite tant de polémiques entre la France et l’Algérie.
Dans l’éditorial, Alain Gresh, coordonnateur de cette publication écrit notamment : « A la fin d’une lutte qui aura duré plus de sept ans, de 1954 à 1962, l’Algérie dévastée, meurtrie, (…), accède à l’indépendance, fière de sa victoire et animée d’une flamme révolutionnaire. Elle veut bâtir un ordre socialiste nouveau, liquider le sous-développement, mettre en œuvre une réforme agraire, construire un enseignement de masse. Dans les années 1960 et 1970, Alger devient la capitale du tiers-monde et abrite les mouvements de libération qui luttent, souvent les armes à la main, de l’Afrique australe à la Palestine ».
Il ajoute également que « la récupération par l’Algérie de ses ressources pétrolières constitue un premier pas dans le combat pour un ordre international nouveau, dont le fer de lance est le mouvement des non-alignés qui cherche, après l’indépendance politique, à arracher l’indépendance économique. C’est le temps des mobilisations ».
Sur la guerre d’Algérie l’éditorial poursuit: « Pendant longtemps, les +événements d’Algérie+, ont été enfouis dans la mémoire française, les autorités voulant tourner la page et oublier une histoire sinistre qui remontait aux origines d’une colonisation dont le bilan est loin d’être +positif+. La terrible répression de Sétif, en mai 1945, au moment même où l’Europe célébrait la victoire contre le nazisme, soulignait la faillite d’un système qui avait fait de l’Autre un moins qu’humain ».
« Bien que connu de l’opinion au moins depuis le milieu des années 1950, l’usage de la torture par l’armée française restera longtemps un sujet tabou, et les manuels scolaires seront étrangement silencieux sur la question », lit-on encore dans cette publication.
« Manière de voir » clôt enfin son numéro, par la publication en dernière page du texte de la « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », dit « Manifeste des 121 », publié le 6 décembre 1960, suivi de la première liste de ses signataires, qui dénonçaient également la torture pratiquée contre les Algériens.