Les Algériens multiplient les manifestations. Le gouvernement est confronté à une hausse inquiétante de l’inflation.
Le front social est à nouveau en ébullition en Algérie. Les manifestations se multiplient depuis quelques jours à travers le pays. Mercredi, des habitants de l’agglomération d’El Frine, dans le département d’El Tarf (extrême Est) ont érigé un mur de briques sur la route nationale N°44, pour protester contre la dégradation de leurs conditions de vie. Ils réclament la fermeture des décharges sauvages de déchets ménagers, le goudronnage des routes, l’éclairage public, de l’eau potable et un réseau d’assainissement des eaux usées.
Attaques contre les hôpitaux
Mardi, les services des urgences de l’hôpital de Boumerdes près d’Alger ont été saccagés par des proches d’un malade, armés de sabres et de gourdins. Les manifestants exigeaient des médecins d’opérer leur parent, victime d’un accident de la route. Les attaques contre les hôpitaux de la part de parents de malades insatisfaits des prestations des médecins sont devenues fréquentes depuis le début de l’été. Tout comme les émeutes, après les coupures d’électricité. Des habitants de plusieurs villes, notamment du Sud-est et de Kabylie, ont manifesté violemment contre les délestages du courant électrique opérés par le groupe public Sonelgaz, depuis le début de l’été, particulièrement chaud cette année. Les manifestants ont saccagé des agences du monopole public de l’électricité et du gaz et incendie des édifices publics.
Hausse de l’inflation
La détérioration du climat social en Algérie risque de s’aggraver dans les prochains jours en raison de la hausse des prix des produits de large consommation, notamment les viandes rouges et blanches et les légumes, due à la faiblesse de la production locale et à la hausse des prix des matières premières agricoles. Le gouvernement doit agir pour freiner l’inflation qui se maintient à un niveau élevé. Les prix à la consommation ont augmenté de plus de 8% au mois de juillet dernier par rapport à la même période de 2011, accentuant ainsi le rythme d’inflation en glissement annuel qui a atteint 7,5% contre 7,3% en juin dernier, selon l’Office national des statistiques (ONS). Tous les produits alimentaires frais ont connu des hausses, notamment la viande ovine (30,3%), les fruits frais (28,7%), les légumes (5,66%), la viande de poulet (16,3%), les poissons frais (15,5%) et la viande bovine avec plus de (8%), selon l’ONS.
Peu de marge de manoeuvre pour le gouvernement
Face à cette hausse spectaculaire des prix, le gouvernement algérien n’a pas une importante marge de manœuvre, en raison de la faiblesse de la production locale. Il peut utiliser la manne pétrolière (200 milliards de réserve de change) pour subventionner les prix, en supprimant les taxes à l’importation. En 2011, il l’avait fait pour le sucre et l’huile, après une hausse des prix suivie d’émeutes meurtrières. Et il vient de le décider pour le maïs et le soja, deux composants de l’aliment de bétail, dont les prix flambent sur le marché mondial. Le gouvernement envisage aussi de reprendre la main sur le commerce extérieur, en confiant à des offices publics, l’importation de produits de large consommation.