La protestation au sud du pays prend des proportions alarmantes, Les non-dits d’une polémique

La protestation au sud du pays prend des proportions alarmantes, Les non-dits d’une polémique

La protestation menée par des jeunes chômeurs dans certaines wilayas du sud du pays, est en train de prendre des proportions politiques, pour le moins, inquiétantes. La réaction du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui a vite fait d’évacuer toute consistance politique aux problèmes soulevés par nombre de citoyens de cette vaste région du pays, nourrit la suspicion en cette conjoncture pas du tout favorable à ce genre de polémique.

La situation est davantage exacerbée, lorsqu’on sait que le collectif des chômeurs de ces wilayas du Sud rajoute à leur plateforme de revendications, le départ du gouvernement Sellal, l’accusant d’avoir proféré des propos désobligeants à leur égard. Ledit collectif qui envisage une marche grandiose jeudi prochain, à Ouargla, se dit pourtant loin d’être manipulé, à se fier aux propos de son porte-parole, Tahar Belabès, s’exprimant sur un site électronique. Il maintient néanmoins de brandir cette revendication de départ du gouvernement lors de la marche de jeudi prochain, largement médiatisée pour être peu suivie. Une démarche qui risque d’envenimer une situation banale bien qu’importante ne s’articulant qu’autour de revendications sociales, somme toute, légitimes.

En revanche, beaucoup de zones d’ombre subsistent à travers cette équation, car elle survient de surcroît au lendemain de gros efforts consentis par les pouvoirs publics, afin de booster le développement économique dans les wilayas du Sud et améliorer de là même, le cadre de vie de leurs habitants. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la tension est montée d’un cran après la célébration de l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures à Tiguentourine (Illizi), lieu emblématique après la fameuse attaque terroriste dont il a été le théâtre en janvier dernier. Aussi le gouvernement avait-il dépêché des ministres et des responsables dans plusieurs wilayas du Sud justement dans le but d’insuffler une nouvelle dynamique de développement dans cette région. Un vaste mouvement dans le corps des walis, a essentiellement, touché ces mêmes wilayas toujours dans le cadre de cette volonté politique de remédier aux revendications économiques et sociales des habitants des wilayas du Sud.

Autrement dit, revendiquer le départ d’un gouvernement pour exiger une meilleure politique de l’emploi au profit des gens du Sud serait exagéré, à moins qu’il ne s’agisse d’un dessein inavoué. En tous les cas, la  » politisation  » d’une protestation juvénile en cette conjoncture cruciale marquée par une guerre dangereuse aux frontières sud de l’Algérie, pourrait impacter dangereusement la cohésion nationale.

Il appartient à présent, de songer aux moyens et voies de contenir la colère des jeunes chômeurs dans des wilayas aussi importantes que Ouargla, Ghardaïa ou Laghouat. Et afin d’éviter tous dérapages de la situation, il est nécessaire d’encadrer au mieux la marche de jeudi prochain, qui promet d’être une démonstration de force.

Aussi faudra-t-il lever tous les amalgames entourant cette situation et tendant à l’exagérer à l’extrême, et ce, au profit d’une meilleure politique sociale à l’avantage des gens du Sud, au même titre d’ailleurs que tous les Algériens.

Par M. Ait Chabane