La promenade des Sablettes

La promenade des Sablettes

Pour des besoins évidents de détente et de bien-être de leurs habitants, et de l’impact économique considérable qui en résulte, les villes côtières à travers le monde, très souvent, aménagent leurs façades maritimes en longues promenades ouvertes sur la mer. La ville d’Alger s’était aussi engagée dans cette option en lançant ces dernières années les travaux de la promenade des Sablettes dans le cadre de ce qui s’appelle : « plan d’Alger horizon 2029 ».

Une chose est sure: c’est que les citoyens, qui s’y rendent en grand nombre, apprécient beaucoup que ce long rivage s’étalant de l’embouchure de Oued el Harrach jusqu’au quartier du Hamma soit enfin aménagé et leur soit ouvert.

L’affluence remarquable, surtout les week-ends, que connait cet espace récréatif atteste du bien-fondé de ce projet. Seulement déplore-t-on beaucoup d’imperfections dans l’exécution des espaces extérieurs qui parfois semblent approximatifs et dont les travaux durent désespérément longtemps.

On y voit toujours par-ci et par-là des tas d’agrégats entreposés, des engins de chantier de différentes tailles ronflant et se déplaçant un peu partout en soulevant des nuages de poussières et attentant au repos des promeneurs. Une pelouse de chiendent étalée approximativement envahie par de folles herbes remplissant les « atalus » farouchement agencés.

Les palmiers qu’on a transplantés adultes et en grande quantité ne respirent pas la santé. Une grande partie dressent des profils rachitiques et sont dans un piteux état. Leurs palmes jaunâtres semblent résister mal à l’air marin.

A hauteur d’Hussein-dey les opérations d’enrochements pour gagner du terrain sur la mer s’éternisent. Des marinas apparemment qu’on n’arrive pas à finir et à extirper au défilement du temps tellement tout semble figé.

Les premières petites bâtisses injectées dans cette promenade sont bien réfléchies et apportent indéniablement une touche de légèreté appréciable. Des volumes simples alliant parfois des matériaux légers et des couleurs étudiées. Certains kiosques sont couverts de toiles tendues sur des structures métalliques légères. Cela paraissait bien parti pour que la promenade soit enfin une réussite architecturale.

Seulement voilà qu’un nouveau wali débarque à Alger pour couper court à cet esprit et retomber dans le despotisme immature du mauvais gout. Des raccourcis infantiles qui versent dans un folklore grossier. Dans une sémantique napoléonienne littéralement funambulesque on a droit à un hideux arc de triomphe en guise d’entrée au parc surmonté d’une colombe ou d’un rapace aux ailes déployées.

Plus loin une sorte de théâtre en plein air avec des arcs surbaissés aux proportions incertaines, puis à coté, un bâtiment monstrueux déploie ses façades entendues faites d’arcs « mauresques » brandis en épouvantail d’une identité d’âme bâtarde.

A croire qu’en Algérie toute volonté d’un bond qualitatif soit retenue par des lourdeurs charriant le tout venant d’un lit fangeux inépuisable.