La production textuelle dans le théâtre algérien ne souffre d’aucune crise

La production textuelle dans le théâtre algérien ne souffre d’aucune crise

La production textuelle dans le théâtre algérien ne souffre d’aucune crise, affirment des dramaturges rencontrés par l’APS à Mostaganem en marge des activités de la 45ème édition du Festival national du théâtre amateur (FNTA).

« Il n’y a pas de crise de textes dans le 4ème Art algérien », soutient M. Djamel Bensabeur, figure reconnue dans le domaine de l’art scénique pour avoir été commissaire du FNTA plusieurs années durant avant de passer le flambeau à la nouvelle équipe chargée de l’organisation de cette édition.

« Le concours du Kaki d’Or qui récompense les meilleurs auteurs permet à lui seul de recueillir en moyenne 70 textes nouveaux », a fait savoir M. Bensabeur dont l’expérience est mise au service de la formation des jeunes artistes des troupes locales.

Cette épreuve (Kaki d’or) qui en est à sa 5ème édition, sera organisée jeudi prochain en marge de la 45ème édition du FNTA qui verra la sélection des lauréats parmi les concurrents en lice pour l’un des prix récompensant la qualité et l’originalité des oeuvres (Kaki d’Or, d’argent, de bronze et Prix du jury).

« S’il y a des insuffisances dans le théâtre, elles résident plutôt dans les métiers connexes où il y a certes un déficit en metteurs en scène et autres professionnels intervenant autour de la scène », a fait observer M. Bensabeur en préconisant à cet égard la consolidation de la formation dans les segments considérés.

Le dramaturge a recommandé dans ce contexte la création de nouvelles structures à l’instar de l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel (ISMAS, Bordj El-Kiffan, Alger), la multiplication des échanges entre les troupes locales et étrangères, et la réédition des séminaires thématiques dédiés aux différentes branches de l’art scénique.

Il a souligné que le FNTA de Mostaganem s’inscrit dans cette démarche visant à offrir « un tremplin d’accès au professionnalisme » pour les troupes amateurs des quatre coins du pays, permettant par la même à la capitale du Dahra de maintenir sa position de capitale du théâtre en Algérie.

A l’échelle nationale, le théâtre amateur a gagné en maturité mais demeure en « perpétuelle formation » dans la mesure où « il y aura toujours de jeunes amoureux de la scène pour tenter leur chance et développer ensuite leur compétence dans ce domaine », a fait valoir M. Bensabeur.

Le président du jury de cette 45ème édition du FNTA, M. Bouziane Benachour, a estimé de son côté que cette manifestation a réussi au fil des ans à se décliner en véritable « gisement de talents », offrant des possibilités supplémentaires pour les « jeunes pousses » du théâtre de jauger leur talent.

M. Benachour s’est également montré optimiste par rapport à la qualité des troupes participantes à cette nouvelle édition qui, dit-il, regorge de talents qu’il faudra néanmoins départager à l’issue de l’évaluation attendue de la part des cinq membres du jury.

En outre, le président du jury a évoqué lui aussi une abondance en termes de production textuelle, mettant toutefois en garde contre le désintérêt vis-à-vis des oeuvres inscrites au patrimoine théâtral national. Il a cité dans ce sens la prestation originale des jeunes troupes amateurs de Mostaganem qui se sont associées pour le « remake » de la célèbre pièce « 132 ans », écrite il y a cinquante ans par feu Ould Abderrahmane Kaki.

Cette oeuvre revisitée par le jeune metteur en scène Mohamed Takirane sous le titre « Tarikh bladi », a été présentée dimanche lors de la cérémonie d’ouverture, suscitant l’admiration du public conquis par la qualité de la prestation des comédiens.

« La bonne prestation de ces artistes, marquée par l’innovation au plan des costumes, de la chorégraphie et de la musique, montre que c’est toujours bénéfique de revenir aux plus belles oeuvres du répertoire pour redonner un nouveau souffle, un nouveau regard sur la beauté du théâtre algérien », a souligné M. Benachour.

Pour sa part, le représentant du ministère de la Culture, M. Mohamed Bouchahlata a mis en relief « le soutien de la tutelle qui s’attelle, à travers le suivi des activités de chaque festival, à l’évaluation des besoins des artistes et des différents intervenants du secteur ».

« Il ne s’agit pas d’une démarche temporaire inscrite dans un programme donné, mais d’un travail faisant partie intégrante des objectifs de la tutelle visant la promotion des activités culturelles et artistiques », a expliqué M. Bouchahlata.

Il a fait savoir en outre que la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale a été mise à profit par le ministère de la Culture pour la diffusion d’un grand nombre de travaux artistiques auprès du large public.

Le 45ème Festival théâtral se poursuit jusqu’au 3 septembre prochain avec la participation de douze troupes théâtrales de différentes wilayas du pays, mises en compétition à la Maison de la culture Ould Aberrahmane Kaki pour briguer le Grand Prix portant le nom du fondateur du festival, Mustapha Benabdelhalim (1920-1990).

Le public a également la possibilité d’assister à d’autres activités, dont des conférences dédiées aux grandes figures du 4ème Art algérien tels Kateb Yacine, Abdelkader Alloula et Kaki, ou encore à des expositions sur l’évolution du théâtre national, et à des « halqate » autour de récitals poétiques déclamés sous la traditionnelle kheima dressée pour la circonstance.

D’autres troupes amateurs participent quant à elles à une tournée « hors compétition » sillonnant les espaces culturels de différentes communes de la wilaya de Mostaganem.